John Erick Dowdle est
l'homme qui se cache derrière The Poughkeepsie Tapes.
Le long-métrage à la très sulfureuse réputation. Tellement
dérangeant selon certains qu'il fut interdit dans de nombreuses
salles de cinéma à travers le monde l'année de sa sortie. Il n'en
fallait pas plus pour qu'il devienne immédiatement culte et fasse
fantasmer les amateurs de bandes horrifiques crapoteuses. Et
pourtant, si l'on veut très objectivement évoquer le troisième
long-métrage du cinéaste américain qui après avoir notamment
versé dans la comédie en 2005 avec The Dry
Spell
semble s'être (pratiquement) définitivement tourné vers le cinéma
d'épouvante, The Poughkeepsie Tapes
est une sombre merde. Sans une once d'imagination, gratuit, et au
final, loin d'être aussi visuellement repoussant qu'on pouvait
l'espérer. À vrai dire, mieux vaut avancer dans le temps pour
s'arrêter en 2014, année où sort sur nos écrans et sur ceux du
monde entier, As Above, So Below.
Le cinquième méfait de John Erick Dowdle. Un found footage, oui,
encore un. Mais pas n'importe lequel puisque de mon avis personnel et
donc subjectif, il s'agit de l'un des meilleurs du genre. Si une
partie des critiques s'émeut relativement peu à l'évocation de ce
long-métrage mélangeant épouvante et fantastique au cœur d'un
récit où déambulent une Lara Croft en herbe et une petite équipe
d'explorateurs venus l'épauler dans sa quête pour mettre la main
sur la pierre philosophale, tant pis pour eux. Ce ''caillou'', dont
les facultés sont étonnantes et s'avère notamment capable d'offrir
l'immortalité, la jeune Scarlet Marlow veut surtout mettre la main
dessus en hommage à son père, mort avant d'avoir pu la découvrir.
Après
une incartade en Iran qui pose les bases du scénario et du contexte
étouffant qui enrobera le reste du long-métrage, John Erick Dowdle
plonge ses protagonistes dans les profondeurs des catacombes de
Paris. Un site souterrain légendaire abritant les vestiges de plus
de six millions d'individus. Un ossuaire où certains pratiquent
semble-t-il d'étranges rites, où se donnent parfois des spectacles
dignes du grand-guignol, etc, etc... c'est au départ dans un
contexte artistico-underground que débutent les péripéties de
cette poignée d'aventuriers qui vont vivre par la suite une
expérience extrêmement éprouvante. Ce sentiment étant alors
partagé par les spectateurs qui pourront découvrir certes,une œuvre
dont le scénario est relativement mince, mais offrant malgré tout
une expérience sensitive et émotionnellement convaincante. Comme
les hypocondriaques éviteront sans doute scrupuleusement de jeter un
œil au Contracted
d'Eric England et les femmes enceintes resteront prudentes face au
Grace
de Paul Solet ou au Rosemary's Baby
de Roman Polanski, les premiers ''touchés'' par As
Above, So Below seront
sans doute les claustrophobes. Car avec ses galeries particulièrement
étroites, l'évocation d'éventuelles inondations, la poussière,
les mini séismes qui font s'effriter les parois, les retours en
arrière impossibles et l'apparente modification de certaines
parcelles du terrain exploré par nos aventuriers du dimanche, John
Erick Dowdle s'accapare les catacombes de Paris pour nous offrir une
œuvre vraiment anxiogène.
Et
il ne s'agit pas là, d'un vain mot. Mise en scène serrée, ne
souffrant d'aucun temps mort. Ambiance lugubre attisée par un
sound-design absolument démentiel et un score signé par l'allemand
Max Richter. Perdita Weeks, Ben Feldman, Edwin Hodge ou même le
français François Civil (surtout connu chez nous pour sa présence
dans différentes comédies telles, Fonzy
d'Isabelle Doval en 2013 ou Five
d'Igor Gotesman en 2016) nous convainquent par leur interprétation
et nous filent véritablement la trouille. Le sentiment de
claustrophobie arrive à son apogée dès lors que les héros se
retrouvent enfermés sans espoir de retour, s'enfonçant toujours
plus profondément dans les sous-sols. John Erick Dowdle use des
jump scare mais sans outrance (à part peut-être lors du dernier
acte). Il convoque d'inquiétants marginaux, puis d'étranges
créatures, ainsi qu'une certaine mythologie entourant l’Égypte
ancienne et certaines langues mortes comme l'araméen. Et ce qui
aurait pu avoir comme conséquence une lecture indigeste et une
vision composite assez peu crédible s'avère en fait tout à fait
vraisemblable, même si, oui, quelques menus détails en feront
sourire certains. As Above, So Below est
en tout cas l'un des meilleurs found footage qui ait vu le jour
jusqu'à maintenant. Une expérience étouffante et parfois
réellement effrayante qui excuse très largement un scénario
parfois au ras des pâquerettes...
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