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vendredi 7 août 2015

The Baby of Mâcon de Peter Geenaway (1993) - ★★★★★★★★★★



Aborder l’œuvre du cinéaste Peter Greenaway est osé, périlleux et délicat. Quatre années se sont écoulées depuis son admirable Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant lorsque sort The Baby of Mâcon. Dire que ce film est grandiose, éblouissant et bouleversant est un euphémisme. D'un point de vue esthétique, on a rarement vu une œuvre aussi magnifiquement mise en scène. Décors, costumes, musique et interprétation atteignent un tel degré de perfection que l'on a presque du mal à croire que cela puisse être possible.
Plus qu'un film, The Baby of Mâcon est une pièce jouée dans un décor aux contours définis par les limites imposées de la scène sur laquelle est interprété ce drame authentiquement "gore".

Un enfant naît d'une femme monstrueuse et malade. Alors que dehors les récoltes ne donnent plus rien, que les animaux sont devenus stériles, que les vergers ne produisent rien de bon, que l'eau si précieuse à la vie s'amenuise, et qu'hommes et femmes sont devenus stériles, l'arrivée de cette petite créature sonne comme un renouveau. L'espoir d'un retour à une vie normale dans cette cité de Mâcon touchée par la maladie. Une jeune femme va pourtant bouleverser l'ordre établi par quelques-uns en s'appropriant la maternité de l'enfant. Mère autoproclamée et demeurée pourtant vierge, la jeune femme va rencontrer de multiples problèmes. En l’occurrence, elle va devoir échapper aux méfiances d'un jeune homme, un scientifique qui remet en cause l'idée qu'une vierge est capable de mettre au monde un enfant.

Sans en dévoiler plus, The Baby of Mâcon risque d'en décontenancer certains. Le traitement qu'inflige Peter Greenaway n'a rien de neuf pour ceux qui connaissent bien son œuvre mais pour les autres, le calvaire va peut-être commencer dès les premières minutes. Déjà, en traitant son film à la manière d'une pièce de théâtre cependant remarquablement maîtrisée, il s'écarte des habituels points de vue du cinéma traditionnel. En filmant de faux plans-séquences dont le montage est pourtant très aisément identifiable, il met en place un récit extraordinairement bien réfléchi et préparé. Des centaines de figurants plongés au cœur d'une intrigues aux multiples ramifications, The Baby of Mâcon est une succession de tableaux vivants qui n'ont pas à rougir face à des œuvres aussi picturalement belles que La dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. Le rouge domine, comme pour marquer cette violence latente qui va exploser vers la fin d'une œuvre parfois presque insoutenable.


Peter Greenaway écorche l'image de l’Église en lui soumettant des propos et des intérêts autrement plus sordides et crapuleux que les motivations de cette jeune "Putain de Babylone" qui veut faire de l'enfant son fond de commerce. On évoque ici la lutte entre religion et sciences, chacun tirant la couverture à soit, Peter Greenaway donnant une image plus sombre à la première, la seconde revêtant le visage pur de l'excellent comédien Ralph Fiennes.

Le cinéaste filme avec un talent rare ses principaux comédiens, mais aussi et surtout ses dizaines, ses centaines de figurants dont on ne peut s'empêcher parfois de regarder le visage déformé par l'envie, la soif de posséder. Bouleversant est le film du cinéaste britannique. Une fois le principe accepté, on ne peut plus détacher son regard de cette très éprouvante pellicule, magnifiquement mise en scène, et qui marque les esprits durablement. The Baby of Mâcon est effectivement gore. Mais pas dans le sens dans lequel on a l'habitude de l'entendre. D'une violence parfois inouïe, des séquences entières (et même avouons-le, le film dans sa totalité), maculent l’œuvre d'un sentiment proche du dégoût. Le film fascine, donne une image intéressante et peu glorieuse de ceux qui représentent l’Église et l’État. Peter Greenaway en profite pour forcer la caricature de ces hauts dignitaires poudrés, se reluquant durant des heures dans leur miroir et presque totalement détachés des événements terrifiants qui découlent de ce désir qu'à chacun de posséder une relique vestimentaire (et même au delà) de l'enfant.

C'est définitivement une certitude : aborder l’œuvre de Peter Greenaway est osé, périlleux et délicat. On voudrait tant en dire et en même temps, ne pas trop livrer d'information pour que ceux qui un jour auraient le privilège de la découvrir ne soient pas spoliés. Trouver les mots justes, exprimer par l'écrit ce tourbillon d'émotions ressenties, les unes balayant les autres à une allure fulgurante. Croyez-le si vous le voulez, The Baby of Mâcon est l'une des quelques œuvres AU-THEN-TI-QUE-MENT et TO-TA-LE-MENT indispensables qu'il faut absolument avoir vu. The Baby of Mâcon, alors, ne demeure plus seulement un film mais devient vite une véritable passion...


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