Cruel and Unusual
semble être le premier long métrage du cinéaste Merlin
Dervisevic qui avant s'est essayé aux séries télévisées et aux
courts-métrages. Même si le réalisateur n'en est donc pas à son
coup d'essai, il transpire de cette œuvre fort originale une forte
impression d'inachevé. Et c'est bien dommage puisque partant d'un
postulat de base assez simple, l’œuvre se démarque des autres en
plongeant son personnage principal dans un univers un brin
schizophrène.
Alors qu'il tentait de
sauver la vie de sa femme en pratiquant sur elle bouche à bouche et
massage cardiaque, un homme se retrouve accusé de meurtre. Il a beau
nier les faits, autour de lui personne n'est dupe. L'histoire de ce
personnage aurait pu l'emmener vers le classique film de prison, mais
la geôle dans laquelle il se retrouve emmuré est vraiment
particulière. Si les murs qui le retiennent prisonniers paraissent
plausible à nos yeux, certains éléments nous font douter de ce à
quoi nous assistons. Est-ce un rêve ? Ou bien notre héros
est-il la victime d'une organisation punissant les responsables de
meurtres bien particuliers ? Car oui, la vingtaine de
prisonniers qui comme lui sont enfermés sans espoir de recouvrer la
liberté ont tous coupables d'avoir tué un ou plusieurs membres de
leur famille. A part une jeune femme prénommée Doris et qui va très
vite se rapprocher de notre héros après des débuts difficiles,
tous ont tué père, mère ou bien enfants, frère ou sœur.
Nous ne dévoilons rien
de bien particulier en signifiant que le héros est mort lorsqu'il
met les pieds dans cet univers carcéral dont chaque porte donne soit
dans la pièce où la personne qui l'ouvre se situe déjà, soit sur
le lieu de son crime. Effectivement, on apprend assez vit qu'il a
perdu la vie lorsque son épouse elle-même a rendu l'âme. On aurait
aimé le découvrir plus tard, cela aurait ajouté au mystère
entourant le récit. Mais sans doute le cinéaste a-t-il suffisamment
de matière à faire avancer son œuvre pour pouvoir se permettre de
délivrer cet élément fondamental dès le début du film.
Et en effet, Merlin
Dervisevic a de quoi alimenter son œuvre durant l'heure trente
qu'elle dure. Malheureusement, et c'est sans doute là le point noir
de Cruel and Unusual,
le film a tendance à tourner en rond. C'est d'autant plus dommage
que les vingt dernières minutes montrent le potentiel qu'aurait eut
le film s'il le scénario avait été un peu plus étoffé. Merlin
Dervisevic fait le choix d'un acteur (David Richmond Peck) anodin et
sans saveur. Un type qui ressemble finalement à monsieur tout le
monde mais qui à l'écran manque de "présence".
Bernadette Saquibal est jolie, certes, mais elle a surtout l'air de
s'ennuyer. Rendue esclave par l'amour exclusif, autoritaire et
étouffant de son époux, le comportement un peu mou de son
personnage explique peut-être un peu cela.
On
aurait sans doute aimer de Cruel and Unusual
qu'il nous offre un peu plus de folie. L'univers, pourtant sujet à
tous les fantasmes se referme finalement sur le seul désir qu'à
notre héros de s'en échapper. SAUF, justement, durant les vingt
dernières minutes qui dénotent de l'heure qui vient de précéder.
Une énergie nouvelle est déployée. Le rythme est enfin soutenu.
Quand au scénario, il devient enfin intelligent et développe une
conclusion que l'on espérait pas aussi brillante.
Cruel and Unusual
n'est dont clairement pas un chef-d’œuvre. Entre les mains d'un
cinéaste aguerri, le scénario aurait engendré une œuvre sans
doute beaucoup plus aboutie. Si seulement David Lynch était passé
par là...
Ca me tente bien...
RépondreSupprimerJe m'en doutais... L'idée est bonne mais le traitement qui en est fait risque de te décevoir je pense...
SupprimerOui, c'est bien ce que laisse penser ton article... mais j'"aime" assez les films auxquels il manque ce petit truc qui pourrait les rendre intéressant... déjà d'un point de vue théorique pour voir vers quoi ils se dirigeaient sans l'atteindre.
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