1992, Andrew Birkin,
cinéaste britannique et frère de la chanteuse jane Birkin offre un
rôle à sa nièce, Charlotte Gainsbourg dans son magnifique mais
néanmoins glaçant Cement Garden. 1976, le cinéaste
uruguayen Narciso Ibáñez Serrador réalise son avant, avant-dernier
long-métrage ¿Quién puede matar a un niño? Connu
chez nous sous le titre Les Révoltés de l'an 2000.
1982, c'est au tour du cinéaste américain Ed Hunt de réaliser le
film Les Tueurs de l'éclipse. Drame, anticipation,
épouvante. Si ces trois genres n'ont pas ou peu de rapport entre
eux, il abordent cependant chacun à leur façon la thématique de
l'enfance. Mais certainement pas celle de contes de fées. Entre
l'ambiance un brin morbide du premier qui voit de jeunes adolescents
cacher la mort de leurs parents pour ne pas être séparés, l'île
n'abritant que des enfants tueurs d'adultes du second, et les trois
gamins du dernier qui pour fêter leur dixième anniversaire décident
de commettre des meurtres, le rapport semble étroit tout en
demeurant évident.
Angleterre, Espagne,
États-Unis. La france n'aura pourtant pas attendu bien longtemps
avant d'aborder le sujet, un peu à la manière de Narciso Ibáñez
Serrador, avec le long-métrage du français Serge Leroy (l'excellent
auteur de La Traque et du Quatrième Pouvoir),
Attention, les Enfants Regardent. Un message d'alerte à
l'attention des parents ? Certainement. Sauf qu'apparemment, ces
derniers n'ont pas retenu la leçon. Il suffit de regarder l'état de
notre jeunesse, abreuvée de violence et de sexe sans aucun
restriction morale. Le meurtre, prochaine étape ?
Et pourquoi pas ?
Les personnages de Serge Leroy dont le cinéaste s'inspire
proviennent du roman écrit à quatre mains par les écrivains
américains Peter L. Dixon et Laird Koenig. Marlène (Sophie Renoir
(que l'on a pu notamment découvrir dans l'excellente série
pause-Café), Dimitri, Boule et Lætitia sont apparemment de
jeunes enfants équilibrés quoique un peu turbulents et capricieux.
Laissés à l'abandon par leurs parents dans la grande demeure de
deux d'entre eux, c'est la bonne, Avocados, qui est chargée de
prendre soin d'eux. Les quatre lui en font voir de toutes les
couleurs jusqu'à ce que le pire arrive. Alors que tout le monde
prend un bain de soleil, les enfants profitent du sommeil d'Avocados
pour la 'jeter' à la mer. Mais la domestique ne sachant pas nager,
elle finit par se noyer.
Ne reste plus aux enfants
qu'à trouver un subterfuge afin de faire croire à leur entourage
(familles et voisins) que qu'Avocados vit toujours s'ils ne veulent
pas être séparés. Dans un premier temps, si tout se déroule
comme prévu, l'arrivée d'un intrus va tout bouleverser. Un étranger
en la personne d'Alain Delon qui nous avait rarement offert un
personnage aussi antipathique. Un ogre, qui de surcroît n'aime pas
les enfants. Une lutte acharnée entre un individu sûr de sa
supériorité physique et de son autorité face à quatre enfants
désirant reprendre le contrôle de leur destinée.
Attention, les
Enfants Regardent,
c'est l'apprentissage déviant de ces gosses se nourrissant à
longueur de journées de films policiers où les morts tombent les
uns après les autres. Sans adultes pour les protéger et pour leur
imposer des limites, ils vont commettre l'irréparable. Entre
homicide involontaire et meurtre planifié d'avance, les voilà
rentrant de plein fouet dans le monde des adultes. Serge Leroy
réalise une œuvre d'anticipation qui fait honneur au cinéma
français. Rare incartade dans le genre, son œuvre est une
excellente surprise. Peut-être pas aussi forte que celle de
l'uruguayen cité plus haut, mais certainement pas anecdotique non
plus. De plus, on a droit à un Alain Delon relativement flippant. Ce
qui est assez rare pour être noté. Serge Leroy, un cinéaste
intéressant à suivre dont la filmographie n'aura malheureusement
été émaillée que de onze longs-métrages en vingt-ans de
carrière...
Merci pour ce film.
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