Montse et sa jeune sœur
âgée de dix-huit ans vivent depuis toujours dans le même
appartement qui a vu mourir leur mère. Quand à leur père, il a
disparu depuis quatorze ans et n'a plus jamais donné e nouvelles.
C'est Montse qui s'occupe d'élever sa sœur. Cette dernière
travaille à l'extérieur tandis que Montse, elle, fabrique des
vêtements sur mesure dans l'appartement familial. Atteinte
d'agoraphobie, la jeune femme ne peut quitter l'appartement. Les deux
sœurs sont pieuses et les hommes n'ont pas droit de cité. Pourtant,
un jour, l'un d'eux frappe à la porte alors que Montse est seule.
D'abord réticente, elle accepte d'accueillir l'homme blessé qui
s'est évanoui dans les escaliers après une grave chute qui lui a
brisé la jambe droite.
Montse traîne le corps
sans vie de l'homme jusqu'à la chambre de ses parents où elle
l'allonge, dans l'intention de s'en débarrasser dès qu'il se
réveillera. Alors qu'elle tente au départ de cacher à sa jeune
sœur la présence de l'inconnu, celle-ci finit tout de même par le
trouver endormi sur le lit de ses parents. Peu à peu, les deux
sœurs, chacune de leur coté, vont commencer à entretenir des
rapports d'amitié avec celui qui se fait appeler Carlos...
Premier film de Juan
Fernando Andrés et Esteban Roel, Musaraña fait
l'effet d'une bombe lors de sa découverte. Pourtant, l’œuvre de
l'espagnol et du mexicain n'est pas la première à aborder ce genre
de sujet. Il en est même de si bonnes qu'il était culotté de la
part du duo d'oser se lancer dans une telle aventure. Souvenons-nous
des Proies de Don Siegel, de Misery de
Rob Reiner basé sur un ouvrage de Stephen King, et plus loin, du
Locataire et de Répulsion,
tous deux de Roman Polanski. Des œuvres fortes,
cauchemardesques, magistralement interprétées et mises en scène.
Les croyances, l'Espagne
Franquiste, les secrets de famille et le poids du péché sous toutes
ses formes (le mensonge en ligne de mire) sont au cœur d'une
histoire parfaitement menée par les deux cinéastes. La photographie
Angel Amoros est superbe et le suspens monte crescendo.
L'interprétation est parfaite avec une mention toute spéciale pour
l'actrice revêtant les traits de Montse, Macarena Gomez. qui joua
l'année précédente dans l'excellent Les Sorcières de
Zugarramurdi de Alex de la Iglesia cette fois-ci crédité en
tant que producteur. Ceux qui sont coutumiers du cinéma espagnol
reconnaîtront sans difficulté l'acteur Luis Tosar qui s'imposa dans
l'original et assez angoissant Malveillance de Jaume
Balaguero.
S'il est un point qui ne
joue malheureusement pas en faveur de l’œuvre de Juan Fernando
Andrés et Esteban Roel, c'est le fait même qu'il n'est pas le
premier à aborder ce genre de sujet. Macarena Gomez a beau faire
tout ce qu'elle peut, et même plutôt bonne dans son rôle, elle a
bien du mal à être aussi terrifiante que Kathy Bates dans Misery
ou que Catherine Deneuve dans Répulsion. Le scénario
est pourtant très intelligent et les exactions commises par chacun
trouvent toujours leur justification. La fin offre un twist final
plutôt intéressant mai que certains devineront sans doute aux trois
quart du film. On regrettera peut-être quelques plagias comme celui
de l'homme et de sa jambe blessée qui rappellent un peu trop
fortement le film de Rob Reiner mais à part ça, Musaraña
est
une réelle réussite dont le rythme s'accélère dans sa dernière
partie et vire au grand-guignol. Il démontre également que le
cinéma espagnol n'a rien à envier à celui qui nous vient des
États-Unis et qu'il est capable de produire de belles petites
production horrifiques...
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