Si le réalisateur japonais Takashi Shimizu est connu pour avoir
lancé sur grand écran l'une des plus célèbres franchises de la
J-Horror avec
Ju-On
dès 2000 (mais dont les origines remontent cependant deux ans en
arrière avec les courts-métrages Katasumi
et 4444444444
qu'il mit en scène lui-même) et s'il a consacré une grande partie
de sa carrière dans les genres horreur, fantastique et épouvante,
on lui doit quelques incartades moins sinistres. Comme cette
expérience de Fantasy
datant
de 2014 s'inscrivant dans l'univers de la romancière Eiko Kadono et
de la mangaka Akiko Hayashi qui illustre alors les textes de
l'écrivaine qui entre 1985 et 2009 fut l'auteure entre autres œuvres
de six volumes d'un manga consacré à Kiki. Une jeune sorcière de
treize ans qui pour parfaire son apprentissage et comme le veut une
millénariste tradition, doit quitter son village pour en intégrer
un nouveau durant une année complète. Adapté une première fois
sur grand écran à partir du premier volume édité en 1985 par le
réalisateur, scénariste, producteur et mangaka japonais Hayao
Miyazaki, Kiki la petite sorcière (魔女の宅急便,
Majo no Takkyūbin)
déçoit en partie l'auteure du manga qui ne retrouve pas l'esprit
qu'elle a injecté dans son livre. Mais alors que le dessin animé
rencontre un très grand succès au Japon en attirant plus de deux
millions de spectateurs, Eiko Kadono accepte finalement le traitement
du récit réalisé par l'auteur de cette première adaptation
cinématographique en animation. Et ajoutera donc plusieurs volumes
au roman d'origine... Un quart de siècle plus tard, en 2014, Takashi
Shimizu s'empare donc à son tour de l'histoire de Kiki la petite
sorcière et réalise un long-métrage qui à la différence de celui
de 1989 sera tourné en live. C'est à dire, avec de vrais
interprètes. Le réalisateur s'intéresse aux origines familiales de
l'adolescente qui avant de partir vers une nouvelle contrée nous est
présentée à différentes étapes de sa courte existence. Un
passage assez court qui permet surtout de faire la connaissance de
ses parents ainsi que de sa grand-mère et de comprendre que la jeune
fille fait partie d'une lignée de sorcières qui toutes ont en elles
un pouvoir spécifique. Sa mère, par exemple, est capable de guérir
et de concevoir des onguents en cas de blessures. Kiki, elle, peut
voler. C'est son seul don. À l'aide d'un balais comme on les imagine
souvent lorsqu'ils servent de moyen de locomotion aérien et non pas
à balayer la poussière, la jeune fille le chevauche comme d'autres
font du vélo.
C'est
ainsi qu'à l'âge de treize ans elle quitte son foyer ainsi que ses
parents et ses amis. L'adolescente arrive alors au dessus d'un
village où les sorcières ont semble-t-il disparues depuis des
décennies. Objet de curiosité mais aussi de méfiance de la part de
certains habitants, les débuts sont difficiles pour Kiki qui ne sait
pas comment elle va pouvoir assurer sa subsistance. Mais heureusement
pour elle, elle va être rapidement accueillie par un couple de
boulangers dont la femme va lui proposer de l’héberger et lui
conseiller de profiter de son don pour faire des livraisons à
travers toute l’île... Loin des goules aux yeux globuleux et aux
cheveux longs, noirs, lisses et soyeux de la J-Horror,
Takashi Shimizu explore un conte pour enfants à l'attention des
familles. Une œuvre parfaitement innocente, où la bienveillance de
notre jeune héroïne transpire à travers le visage, le regard et le
sourire de l'actrice Fuka Kohiba qui l'interprète. Village paisible
et lumineux, étals aux couleurs bonbon. Gentils habitants. Il n'y a
guère de raisons de s'inquiéter de cette nouvelle vie qui s'offre à
la jeune Kiki tant les antagonistes semblent avoir déserté le
script de Takashi Shimizu et de son scénariste Satoko Okudera.
Aucune malveillance ou presque. Et lorsque cette dernière
intervient, c'est en reposant sur des motifs qui peuvent facilement
se comprendre. Entre cet homme qui depuis toujours rêve de voler et
qui emploie de jeunes enfants (les siens ?) pour dérober le balais
de Kiki pour en découvrir le fonctionnement ou ces villageois qui
malencontreusement vont prendre une mauvaise blague pour argent
comptant et ainsi considérer la venue de la jeune sorcière comme
une malédiction. Très naïf mais pas au point de rebuter les
spectateurs les plus âgés, Majo no Takkyūbin
est d'abord porté par sa principale interprète mais aussi par ses
partenaires. Parmi lesquels, le chat Jiji (doublé par la chanteuse
japonaise Minako Kotobuki). Un petit chat tout mignon, mais en images
de synthèses plutôt médiocres. Comme celles qui permettent la
présence à l'écran d'un bébé hippopotame à la queue
accidentellement coupée par la morsure d'une lionne. Les
effets-spéciaux ne sont en effet pas du meilleurs goût. Comme
lorsque Kiki s'envole dans les airs et traverses des paysages, il est
vrai, magnifiques. Notons également la très belle partition
musicale composée par le japonais Tarō Iwashiro qui travailla
notamment par le passé aux côtés du réalisateur John Woo !
Bref, Majo no Takkyūbin
est un sympathique conte, léger, optimiste et parfois touchant...
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