Alors là, avec Colpi
di Luce du
réalisateur italien Enzo G. Castellari, on tient du lourd. Du très,
très, très lourd que les amateurs de nanars vont aimer, adorer,
aduler au point d'en faire, peut-être durant un temps, leur messe du
vendredi soir après une semaine de travail éreintante. Le genre de
réjouissance à mater entre potes sur un vieux poste de télévision
à tube cathodique et sur support magnétique. Enzo G. Castellari,
lequel a tâté du western (Tuez-les tous... et
revenez seul! En
1968), du film de guerre (Sur ordres du Führer
en 1969), de la comédie (La grande débandade
en 1972), du film d'aventures fantastiques (Sinbad
of the Seven Seas
en 1989) mais aussi et surtout, de la science-fiction
post-apocalyptique avec les deux volets de la franchise Les
guerriers du Bronx en
1982 et en 1983 ou le film d'horreur avec le sous-Jaws,
La mort au large.
Renommé à l'internationale sous le titre Light
Blast
(que l'on traduira chez nous par Explosion lumineuse), Colpi
di Luce
met en scène l'acteur américain Erik Estrada. Et si ce nom ne
parlera pas forcément à tout le monde, les plus anciens
reconnaîtront sans mal celui qui interpréta le rôle de Francis
''Ponch''
Poncherello dans la série policière américaine CHIPs !
Désormais orphelin de son compagnon Jonathan ''Jon''
Baker (l'acteur Larry Wilcox) et abandonnant sa célèbre moto, c'est
sous le nom de l'Inspecteur Ronn Warren qu'il enfourchera désormais
des voitures de tous types lors de courses-poursuite aussi peu
effrénées qu'interminables. Cela semble d'ailleurs ici l'un des
principaux fonds de commerce du réalisateur italien, lequel consacre
au moins la moitié de son long-métrage à faire traverser à son
héros les rues de San Francisco...
On
ne sait pas pas si Enzo G. Castellari a voulu faire son ''Henri
Verneuil''
qui en 1971 avait semble-t-il établi un record de durée avec sa
course-poursuite en voiture dans les rues d'Athènes d'une dizaine de
minutes entre Jean-Paul Belmondo et Omar Sharif dans Le
casse,
mais à côté de cette mythique séquence, celles qu'accumule Colpi
di Luce font
vraiment peine à voir. La plus notable demeurant également la plus
ennuyeuse d'entre toutes puisqu'elle clôt quasiment l'intrigue en
s'étalant sur huit longues et très pénibles minutes. Le récit
s'articule autour de l'ancien professeur de l'Université de San
Francisco Yuri Svoboda qui depuis est devenu quelque peu ''zinzin''
et a conçu une sorte de canon laser capable de faire fondre tout
type de matériaux ainsi que n'importe quel organisme vivant.
Menaçant de détruire la ville si les autorités ne lui remettent
pas rapidement une très grand somme d'argent, l'inspecteur Ronn
Warren va donc se lancer à sa poursuite. Un canon à l'efficacité
plus que redoutable.
D'où quelques séquences gore (oui, oui) qui ne dégoûteront pas
grand monde mais qui par contre risqueront d'en faire rire beaucoup
d'autres. Les effets-spéciaux sentent le film fauché à plein nez.
À dire vrai, des mannequins d'exposition auxquels ont été ajoutés
diverses prothèses (sans doutes conçues à l'aide de cire) et qui
une fois exposés à la chaleur font leur petit effet. Bien entendu,
le résultat est comme le reste de l'intrigue : parfaitement
raté. Daté, nanti d'une bande musicale ultra répétitive signée
de Guido De Angelis et de Maurizio De Angelis typique des années
quatre-vingt, la présence d'Erik Estrada n'offre absolument pas à
Colpi di
Luce
un quelconque avantage par rapport à la concurrence. Son
interprétation est plate, sans émotion (la mort de son épouse).
Mais
bon, faut quand même avouer que l'on se marre (involontairement)
beaucoup devant cette bobine qui a bien mal vieilli. Du bon gros Z
italien comme on les bichonne. Des gunfights en veux-tu, en voilà
avec à la clé, des victimes sans distinction de sexe et une
explosion de tête originale lors d'un braquage de banque réalisé
en ouverture de programme. Face à Erik Estrada, le grand méchant du
film se nomme donc Yuri Soboda. C'est l'acteur italien Ennio Girolami
qui l'interprète et malheureusement, le pauvre, l'antagoniste du
récit manque franchement de charisme. Tout comme d'ailleurs Michael
Pritchard qui incarne quant à lui le collègue de Ronn Warren,
Swann. Et puis, quitte à évoquer des personnages dont le charme ne
saute pas directement aux yeux, évoquons une fois de plus ce hold-up
en ouverture de film et son braqueur carrément inapproprié. La
promesse immédiate d'un long-métrage totalement nanardesque. Ce que
viendra de surcroît confirmer le ''sublime''
doublage en français. Un modèle du genre pour tout amateur de
séries Z et de nanars en puissance. Dans le genre, Colpi
di Luce/ Light Blast ne
fait peut-être pas partie des plus connus mais il demeure un
essentiel que tout amateur se doit d'avoir découvert au moins une
fois dans son existence. Vous êtes maintenant prévenus et n'avez
donc plus aucune excuse...
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