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« Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » situe son action entre le fastueux décor d'une salle de réception aux atours flamboyants, les cuisines enfumées et bruyantes où se préparent les mets les plus raffinés, et les sanitaires immaculés où se joue la rencontre entre la femme du titre et son amant.
La première tout d'abord. Qui nous donne à contempler les pitreries grotesques d'un tyran qui débauche pour l'occasion un parterre d'individus devant une épouse impuissante à réguler le flots incessant de vulgarités scandées de manière systématique par son restaurateur de mari. Un type qui cache malgré sa verve impressionnante, un personnage gras, ordurier, odieux et autoritaire que personne ne semble pouvoir, ni même vouloir, contredire. La pièce centrale dans laquelle évoluent les personnages est elle-même à l'image de ce pitre. Indécente, vulgaire, exubérante. Sous des tonnes d'artifices qui embourgeoisent les lieux, le monstre rendu fou par l'insidieux soupçon d'adultère de sa femme, renverse tout sur son passage. La toute première scène du film d'ailleurs nous montre combien le personnage peut s'avérer dangereux et l'on craint alors le pire lorsqu'il professe des menaces à l'encontre de celui qu'il découvrira dans les bras de sa femme. Un libraire qui se fera passer un temps pour gynécologue, provoquant ainsi les soupçons du « voleur » qui verra en lui un concurrent potentiel.
La chasse commence alors entre le prédateur et ses proies (sa femme et l'amant de celle-ci). Promettant de trouver, de tuer et de manger celui qui a osé toucher son épouse, l'homme se lance à sa poursuite entre les cuisines et les toilettes qui furent le cœur d'un amour sincère entre les amants. Immaculées mais pas innocentes, aucun autre témoin que le spectateur n'assistera à leurs furtifs mais néanmoins dangereux ébats. Une pièce froide, impersonnelle, qui tranche rigoureusement avec l'écœurante salle de réception aux tapisseries moyenâgeuses. D'ailleurs si certains détails du film ne marquaient pas de leur empreinte l'époque à laquelle se joue le drame, on supposerait aisément que l'intrigue se situe quelques siècle en arrière. Les plus beaux plans offerts en mets sont sans conteste ceux des quelques scènes finement mises en scène par Peter Greenaway dans l'arrière salle des cuisines. On comprend que le cinéaste alors, avant d'être cinéaste, était peintre. Un art qu'il a su transposer au travers d'images d'une stupéfiante beauté. Les couleurs et le placement des personnages en font des peintures vivantes d'une délicatesse et d'une rigueur artisanale inouïes. Il n'y a guère que le décor des toilettes pour refroidir les rétines chauffées à blanc par tant de beauté.
« Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » n'est peut-être pas qu'un prétexte à montrer une succession d'images sorties de l'esprit fertile d'un cinéaste talentueux mais aussi et surtout le talent d'une brochette d'acteurs impliqués dans une histoire de vengeance. Et même de deux puisqu'après que l'amant ait subit celle d'un mari trompé qui a opté pour une solution radicale en l'éliminant, ce dernier sera lui-même victime de celle de sa femme qui exprimera auprès du cuisinier, devenu pour l'occasion son confident, celle voir son mari tenir sa promesse de manger l'homme qu'il a fait tuer.
En « libérant » sa femme de son amant, le restaurateur va inconsciemment la délivrer du joug dont elle est victime auprès de ce dernier. On la voit au terme d'une intrigue passionnante devenir enfin maitresse de ses actes et de ses pensées lorsque d'une voix froide et reposée elle ordonne à son mari, menacé d'une arme à feu, de manger le pénis de son amant préalablement préparé par le cuisinier et toute son équipe.
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