Difficile de nos jours de
trouver des œuvres vraiment sérieuses portant sur le sujet des
Morts-Vivants et autres zombies, les vrais, pas ceux qui cavalent
comme des dératés ou qui agrandissent les rangs des créatures
anthropophages seulement trois ou quatre secondes après avoir été
mordus ! C'est donc dans les vieilles bobines que l'on ira
retrouver ce plaisir inextinguible consistant à suivre les aventures
d'un nombre plus ou moins important de survivants dans un monde
désormais envahi par des macchabées bien...''vivants'' !
Quoique à l'époque, je parle des années soixante et soixante-dix,
l'occasion d'évoquer une planète Terre tombée entre les bras
décharnés de millions d'individus puant la mort à mille lieues à
la ronde n'était pas forcément chose courante. Si George Romero
avait sommairement évoqué le sujet de l'invasion avec le
remarquable Night of the Living Dead en
opposant une poignée d'hommes et de femmes enfermés dans une
demeure isolée de la campagne de Pittsburgh à vingt ou trente
morts-vivants et pas davantage, c'est bien sa première séquelle,
toujours mise en scène par le réalisateur américain et intitulée
Dawn of the Dead
qui à la fin des années soixante-dix marqua une date importante
dans le genre en signifiant l'hypothèse d'un monde en totale
perdition et où les zombies étaient représentés en plus grand
nombre que les survivants eux-mêmes. George Romero encore lorsque
entre les deux premiers volets de son hexalogie complétée en 1985
avec Day of the Dead,
en 2005 avec Land of the Dead,
en 2008 avec Diary of the Dead
et enfin en 2009 avec Survival of the Dead,
celui-ci réalisa ce que d'aucun peut considérer comme l'ancêtre du
film d'infectés tel qu'on le connaît aujourd'hui avec The
Crazies
en 1973. Parallèlement à la carrière du cinéaste originaire de
Pittsburgh, d'autres s'engouffrèrent dans cette même brèche avec
plus ou moins de bonheur. Et parmi eux, le réalisateur et scénariste
espagnol Jorge Grau dont nous n'apprendrons qu'aux néophytes qu'il
appartint à cette catégorie de cinéastes qui furent les auteurs de
films voguant dans différents courants tout en étant surtout connus
pour s'être penchés sur l'horreur et l'épouvante. Concernant Jorge
Grau, l'on aura surtout retenu chez lui Ceremonia
Sangrienta
en 1973 dans lequel il mélangea le ''mythe'' de la comtesse
hongroise Élisabeth Báthory qui fut soupçonnée de nombreux actes
de tortures et de meurtres sans pour autant être reconnue coupable
lors de son procès (contrairement à ses complices qui furent tous
condamnés à mort après avoir subit eux-mêmes des tortures), à
celui des vampires.
Le
film sort dans les salles espagnoles le 19 novembre 1973 et ce n'est
qu'un an plus tard que les spectateurs hispaniques découvrent un
autre film d'horreur signé Jorge Grau. Situant prétendument son
intrigue au nord de la campagne anglaise, avec son titre original No
Profanar el Sueño de los Muertos,
ce film qui sortira bêtement chez nous sous le titre Le
massacre des morts-vivants,
en Italie (pays qui en outre coproduira le film avec l'Espagne) sous
celui de Non si Deve Profanare il Sonno dei Morti
mais que l'on pourra traduire sous le titre de ''Ne
profanez pas le sommeil des morts''
sera en réalité tourné sur la terre d'origine du réalisateur.
Écrit par Sandro Continenza et Marcello Coscia, il est difficile de
ne pas imaginer que les deux scénaristes n'aient pas eu l'intention
de profiter du succès du concurrent The
Night of the Living-Dead
sorti six ans plus tôt au moment de concevoir leur script. Tout
porte à croire en effet que No
Profanar el Sueño de los Muertos
repose sur l'intention de ses auteurs de réitérer l'exploit de leur
homologue outre-atlantique afin d'en récolter de juteux fruits. Et
pourtant, si le grand public aura retenu que le premier volet de
l'hexalogie de George Romero est entré dans l'histoire du septième
art comme n'importe quel autre classique, chef-d’œuvre ou film
culte, tous genres confondus, seuls les amateurs de cinéma d'horreur
et d'épouvante en général et de zombies/morts-vivants en
particulier peuvent citer sans avoir la voix qui tremble, le film de
Jorge Grau. Et donc, bien qu'il n'ait pas été tourné en Angleterre
mais sur le sol espagnol, l'illusion est presque parfaite. Si ce
n'étaient les patronymes et les origines de la plupart des
interprètes qui constituent le casting de cette petite merveille
qu'est No Profanar el
Sueño de los Muertos,
on aurait effectivement pu croire que le film partageait les mêmes
décors bucoliques et campagnards que, au hasard, la série culte
créée par Robert S. Baker au tout début des années soixante-dix,
Amicalement votre !
Jorge Grau profite de l'occasion qui lui est offerte pour aborder à
son tour le thème de l'écologie à travers une équipe de
chercheurs qui expérimentent un prototype de machine à ultra-sons
censée éradiquer tout insecte se situant à proximité.
Un
drôle d'engin ''agricole'' qui effectivement parvient à ses fins
mais qui, à contrario, va avoir des répercussions sur les morts qui
reposent dans le cimetière d'à côté... Les zombies de No
Profanar el Sueño de los Muertos se
situent très exactement entre ceux de Night...
et ceux de Dawn...
(sans la couleur verdâtre qui caractérise les morts-vivants de ce
dernier). L'actrice madrilène Cristina Galbó incarne Edna, une
jeune femme en route pour retrouver sa sœur Katie, une toxicomane
complètement accroc à l'héroïne. Celle-ci rencontre en chemin un
certain George (l'acteur italien Ray Lovelock), un marchand d'art
avec lequel elle va sympathiser et surtout, partager cette même
angoisse qui va les lier lorsqu'ils devront affronter des morts
sortis de leur tombe particulièrement récalcitrants. Le film peut
également compter sur la présence de l'espagnole Jeannine Mestre
dans le rôle de Katie et dont le regard glauque est parfois presque
plus flippant que le visage blafard des morts-vivants. Si ces
derniers semblent pourvus d'une force que l'on ne soupçonnait pas
jusque là chez ces créatures, le danger est également ailleurs.
Chez l'acteur américain Arthur Kennedy qui de son côté incarne un
inspecteur impulsif et surtout, remarquablement agressif, qui perd
son sang-froid et que le spectateur aura l'occasion de prendre en
grippe presque immédiatement. L'on notera la photographie atone de
Francisco Sempere dont les couleurs semblent avoir fuit le cadre pour
n'en laisser qu'une impression de désespoir permanent. Après la
gamine matricide de The
Night of the Living-Dead,
Jorge Grau voit les choses de façon encore plus ''subversive'' pour
l'époque. En effet, No
Profanar el Sueño de los Muertos
situant en partie son action dans un hôpital, le réalisateur et ses
scénaristes évoquent l'idée de nourrissons attaquant et mordant
les infirmiers qui en ont la charge ! Œuvre au moins aussi
passionnante que The
Night...
le film du réalisateur espagnol concocte quelques séquences plutôt
angoissantes. Comme lorsque George et Edna se retrouvent coincés
dans un caveau, face à un zombie, puis deux, puis trois... Quelques
effusions de sang sont également à noter, flirtant parfois avec le
gore. Bref, si vous ne lconnaissez pas ce film et que vous ne savez
pas quoi vous mettre sous la dent, un seul conseil : ruez-vous
sur No Profanar el
Sueño de los Muertos
du réalisateur espagnol Jorge Grau...
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