S'il existe des projets
de ''reconstruction'' cinématographique remarquables à l'image du
formidable et exemplaire travail de montage effectué par le
réalisateur italien Dario Argento sur
Dawn of the Dead
de l'américain George Romero, d'autres, au contraire, semblent avoir
tout entrepris pour détruite l’œuvre d'origine concernée. L'un
des plus saisissants exemples de longs-métrages à avoir été ainsi
triturés au point d'en redéfinir son intérêt demeure sans doute E
Tu Vivrai Nel Terrore – L'Aldilà
du réalisateur italien Lucio Fulci. Les bobines de ce film culte
connu chez nous sous le titre L'au-delà,
l'une des pierres angulaires de l'horreur transalpine traitée au
premier degré, ont effectivement été victimes de maltraitances.
Des producteurs/distributeurs malveillants qui ne connaissaient sans
doute de l'art que cette partie phonétiquement semblable à la
graisse du tissu sous-cutané du porc. Des cochons, tiens,
justement ! Appellation sous laquelle nous devrions renommer
ceux qui eurent l'outrecuidance d'ôter l'une des caractéristiques
du long-métrage qui font justement la substance et la saveur de
L'au-delà.
Trop sensibles sans doute devant la séquence d'ouverture lors de
laquelle un supposé sorcier était torturé à coups de chaînes
avant d'être crucifié contre un mur de la cave de l’hôtel qui
l'abritait, s'il demeure quelques réminiscences des sévices
infligées, la séquence est remontée de telle manière que les
blessures apparaissent quasiment sous forme d'images subliminales. Il
n'y aura donc guère que les fans purs et durs du long-métrage de
Lucio Fulci pour reconstruire intellectuellement cet éprouvant
passage qui donc ici est désormais très largement mutilé. Sorti et
distribué sur le territoire américain au format VHS
sous le titre Seven Doors of Death,
le chef-d’œuvre du réalisateur et scénariste italien se verra
donc de bout en bout revisité. Un terme, en réalité, beaucoup trop
poli pour décrire ce qui ressemble davantage à un authentique
massacre. Une ''version'' indisponible en France. Heureusement
pourrions-nous dire au vu du traitement qui lui fut infligé. On ne
va pas revenir sur le sujet du film puisque les divers traitements à
laquelle cette infâme mouture fut assujettie n'ont de ce poins de
vue là, aucunes véritables conséquences.
L'on
retrouve donc Catriona MacColl, David Warbeck et Cinzia Monreale dans
les rôles principaux d'un film où se mêlent malédiction, Enfer,
satanisme et invasion animales et zombiesque. Situant ainsi l'action
entre un hôtel alors en pleine rénovation et récemment acquis par
Lisa Merril, un cimetière, une bibliothèque, la demeure d'une jeune
aveugle ou encore une morgue ! Y interviennent donc des
créatures de ''l'au-delà'', entre des macchabées qui reviennent à
la vie, un ancien peintre revenu pour se venger, une horde
d'araignées affamées et même, oui, un acide rampant
particulièrement corrosif... Il demeure cependant un
changement artistique majeur qui dans cette version complètement
alternative choque peut-être davantage encore que la simple
expurgation de certains plans iconiques de l'œuvre. Car si l'horreur
fait bien évidemment partie intégrante du concept auquel Lucio
Fulci consacra dans son pays une importante partie de sa carrière de
cinéaste, et si celles-ci sont honteusement charcutées, il est un
choix de la part des distributeurs américains qui s'avère peut-être
encore plus impardonnable. Les fans le savent, avec L'au-delà,
les spectateurs n'eurent pas que l'insigne honneur de découvrir une
œuvre horrifique poétiquement macabre et particulièrement
saignante. Car à elles seules, on est en droit de se demander si les
scènes d'horreur se seraient suffit à elles-mêmes. C'est pourquoi
la présence de la géniale partition musicale du compositeur italien
Fabio Frizzi ne peut être décorrélée de l'œuvre en elle-même !
Un ''détail'' dont ces bouchers de distributeurs américains
semblent s'être désintéressés à l'époque puisque celle-ci fut
tout bonnement bannie au profit d'une minable bande-musicale
''composée'' par Ira et Mitch Yuspeh (trois notes de synthé, pas
davantage). Notons que la version telle que l'avait envisagée Lucio
Fulci, dotée de l'entiéreté des séquences gore et de la
formidable partition de Fabio Frizzi ne vit le jour outre-atlantique
qu'en 1998. Soit dix-sept ans après sa sortie en Europe. Quant à
cette ignominie qu'est Seven Doors of Death,
les coupables en furent les fondateurs des éditions Aquarius
Releasing Films qui
heureusement, n'existent plus depuis 1985 mais qui dès 1969 et
jusqu'à cette date fatidique eurent le temps de distribuer
cent-vingt deux longs-métrages...
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