Commençons par un peu de
médecine, voulez-vous ? Assister au spectacle affligeant de la
nouvelle comédie française Made in Amazon Prime,
c'est un peu comme de mourir d'hypothermie. Notre corps combat le
froid autant qu'il le peut mais notre système de défense interne
ayant ses limites, il arrive un moment où notre température
corporelle descend en dessous des trente-cinq degrés. Imaginez-donc
qu'au delà de seulement deux degrés en deçà de la normale, notre
production de protéines s'en trouve fortement perturbée... Alors,
lorsque notre température descend sous les vingt degrés, pensez aux
désastreuses conséquences que cela peut avoir sur notre organisme.
Un cœur qui ralentit, le bon fonctionnement des muscles de nos
poumons qui s'affaiblit, des membres qui s'engourdissent et des
frissons qui en général apportent un regain de chaleur mais qui en
cas d'hypothermie s'espacent. Et je ne vous parle même pas des
engelures, symptômes beaucoup moins graves si on les compare au
décès qui se profile dangereusement. OUI, Un
stupéfiant Noël,
c'est un peu le même sensation que de mourir dans une certaine
confusion mentale, sans plus vraiment en avoir réellement
conscience, les membres ''ankylosés''. Un peu de science,
maintenant, à ne surtout pas reproduire chez soit malgré tout...
Pauvres bêtes. Car une fois encore, le premier long-métrage
d'Arthur Sanigou fait sans doute le même effet qu'une grenouille que
l'on plonge dans une casserole d'eau froide et qui ne se rend pas
compte que petit à petit, le bain dans lequel elle baigne monte en
température jusqu'à atteindre l'ébullition, causant ainsi
inévitablement sa perte... Que de morts par le froid ou par grandes
chaleurs mais que l'on se rassure, à la fin de la projection d'Un
stupéfiant Noël,
on ne risque pas de finir entre six planches. La comparaison avec
l'alpiniste qui va finir en glaçon pour cocktail géant et le
batracien cuit dans une eau à la température d'un geyser islandais
n'est pas tout à fait innocente puisque la comédie en question est
typiquement le genre de production que l'on regarde avec un certain
effarement avant de nous rendre compte en fin de projection que l'on
aura finalement beaucoup ri !
Le
concept est simple : S'inspirer des Soap
Opera
américains de fin d'année typés ''Fêtes
de Noël'
pour les retourner comme des gants et n'en extraire que l'aspect le
plus mièvre. Saupoudré d'une bonne grosse rasade de gags bien
lourds, Un stupéfiant Noël a
pourtant ceci de particulier qu'il s'en dégage un parfum qui
convient tout à fait en cette période de fêtes. Contrairement à
ces dizaines de purges qui inondent nos salles obscures depuis de
trop nombreuses années. Quelques exemples ? All
Inclusive de
Fabien Onteniente, BDE
de Michael Youn, Alad'2
de Lionel Steketee, Brutus VS César
de Kheiron, Gaston Lagaffe
de Pierre-François Martin-Laval, Les Blagues de
Toto
(et sa suite) de Pascal Bourdiaux, le dernier Astérix signé de
Guillaume Canet (dont je terrai le titre) et bien entendu, mon
chouchou. Celui que je n'oublie jamais de placer dans ce type de
classement : Le Brillantissime
de Michèle Laroque et auquel j'ajouterai celui que je ne peux
décemment passer sous silence : le ''réalisateur'' David
Charhon, notamment auteur des immondes Naufragés
en 2016 (quand je pense que j'ai payé nos places de cinéma pour
aller voir cette merde sur grand écran) et du tout aussi putride Le
dernier mercenaire
il y a deux ans. Allez, un petit dernier pour la route avant de
passer aux choses sérieuses : le Sentinelle
de
Hugo Benamozig et David Caviglioli avec Jonathan ''j'ai
qu'un seul répertoire à mon actif''
Cohen ! Sur le principe, Un stupéfiant
Noël n'invente
rien. Qu'il s'agisse de l'humour pour décérébrés qu'il nous
arrive pourtant parfois de célébrer (comme pour La
tour Montparnasse infernale
de Charles Nemes, par exemple), du jeu outrancièrement caricatural
ou même du concept d'échange des corps, tout passe ici à la
moulinette du bon gros nanar franchouillard. À la seule différence
que tout ici est assumé de la première ligne de dialogue jusqu'à
la toute dernière seconde de tournage. Eric Judor, tout d'abord,
lequel n'a à l'origine, pas beaucoup d'efforts à fournir pour que
le rire s'échappe involontairement d'entre nos lèvres.
Une
moumoute et une fausse moustache et le tour est joué. Dans le rôle
de l'époux et du père de famille ringard et aux abois d'une série
télévisée américaine qui voit à peine qu'un latino est en train
de séduire sa femme lors des répétitions d'un futur concours de
patins à glace, l'acteur accentue plus que jamais le rôle de bêta
que lui ont souvent octroyé les cinéastes. Face à
lui, un tout ''jeune'' interprète en la personne de Ragnar Le
Breton. Célèbre spécialiste français de MMA,
humoriste et donc acteur qui ici interprète le rôle de Greg, un
flic apparemment plus préoccupé par sa carrière que par sa femme
et leur fille qu'il délaisse quelque peu. Tandis qu'un assistant
(Philippe Lacheau) du Père Noël fait une erreur de manipulation, la
vie des deux hommes est chamboulée. En effet, le premier se retrouve
dans la peau du second et vice versa ! Imaginez alors le
désarroi pour les deux protagonistes mais le plaisir pour les
spectateurs de les découvrir dans des situations qu'ils n'ont pas
l'habitude de gérer. Surtout celle de Richard Silestone, personnage
se glissant bien malgré lui dans la peau d'un policier infiltré
dans un réseau de drogue. Le récit mêle deux intrigues aussi
crétines l'une que l'autre. D'un côté, Richard Silestone va devoir
faire tomber la patronne de ce même réseau de drogue visant à
vendre des stupéfiant aux enfants tandis que Greg sera chargé de
remporter avec Ellen (Lison Daniel) l'épouse de Richard, un concours
de patinage artistique s'ils veulent empocher les cinquante mille
euros qui leur permettra de garder leur maison que convoite le
promoteur immobilier véreux Dix Nicecocks qu'interprète Alex Lutz.
Bref, sous couvert d'un pitch qui semble avoir du sens, le spectacle
que nous inflige Un stupéfiant Noël
est vraiment ubuesque ! Et ça marche, c'est bien ça le pire.
Film policier et comédie infantilisante se télescopent dans cette
comédie qui tombe pile poil au moment des fêtes de fin d'année.
C'est d'ailleurs un sacrilège que de l'avoir déjà mise à
disposition des abonnés d'Amazon
Prime
car si vous vous retrouver seul le soir du réveillon de Noël ou
qu'entre amis ou membres d'une même famille vous sentez que la
soirée va tourner au vinaigre, le film sera un bon moyen de vous
changer les idées même si au bout d'un certain temps la lourdeur du
concept finira peut-être par vous lasser...
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