Je l'attendais avec ferveur, ce retour aux sources de la franchise
Alien.
Et pourtant, je ne fais pas partie de ces hordes de rageux qui
crachèrent littéralement sur les cinquième et sixième opus de la
saga, Prometheus
et Alien : Covenant
tout deux signés de Ridley Scott. Car si j'avais effectivement
souligné le fait que le premier ne tenait qu'à moitié sa promesse
(celle d'un spectacle visuellement remarquable contrairement à celle
qui nous promettait de revenir sur les origines de notre espèce),
force est de reconnaître un tant soit peu que ces deux là furent de
très belles propositions de science-fiction anxiogène. N'en
déplaise à certains même si ceux-ci critiquèrent une certaine
forme d'incohérence, Ridley Scott étant le mettre du jeu, il avait
le droit légitime de faire ce qu'il voulait avec ses personnages et
son xénomorphe... Mais qu'en est-il du réalisateur et scénariste
uruguayen Fede Álvarez qui depuis son premier long-métrage sur
grand écran ne s'est quasiment contenté que de tourner des
remakes ? Car à part l'excellent Don't
Breathe en
2016, il a réalisé ceux de Evil Dead
en 2013, Millénium
en 2018 et Alien
en 2024. Heu.... Un remake, Alien :
Romulus ?
Ouais, bon, j'avoue, pas tout à fait. Plutôt la suite de l'original
et la préquelle du second que réalisa James Cameron en 1986,
Aliens : le retour !
Du moins c'est ce que semble théoriser le script du réalisateur et
de son scénariste Rodo Sayagues. Le premier se déroulant en 2122,
le second en 2179 et la dernière itération en 2142, des
incohérences viennent immédiatement se placer entre ce nouveau
récit et le fan assidu aimant pointer tout ce qui ne va pas au sein
d'une franchise qu'il connaît sur le bout des doigts. Ceux qui
connaissent l’œuvre séminale sortie en 1979 se rappellent sans
doute du final explosif lors duquel le Nostromo
était anéanti par une déflagration telle qu'il fut inenvisageable
d'en retrouver un jour la moindre trace. Mais passons et imaginons
que cela soit tout de même concevable. Sachant que la planète
LV-426
fut colonisée des décennies plus tard par la compagnie
Wayland-Yutani
dans Aliens : le retour,
il est concevable que ses dirigeants aient eut suffisamment de morale
pour ne pas imaginer sacrifier des familles entières de colons
installés à sa surface. Planète qui, je le rappelle, abritait dans
le premier Alien
un vaisseau à l'intérieur duquel des centaines, voire des milliers
de Facehuggers
attendaient de pouvoir pondre des embryons de xénomorphes dans le
corps de leurs victimes.
Des
créatures qui, d'après ce que semblent certifier les événements
du second long-métrage demeurent encore une espèce totalement
inconnue. Alors qu'en fait, PAS DU TOUT. Bref, ce que l'on pourrait
considérer d'invraisemblable ne l'est au fond pas vraiment. En
dehors du fait que confier l'incarnation des nouveaux personnages à
des gamins me sort personnellement par les yeux même si chacun
d'entre eux demeure honnêtement crédible dans son rôle, Alien :
Romulus
ne pèche finalement pas tant que cela en matière de cohérence
chronologique. Car dès le premier Alien,
l'attitude de l'androïde Ash laissait supposer une connaissance
accrue du Xénomorphe.
Ce qui rend bien évidemment plus terrifiants encore les événements
situés dans Aliens : le retour.
Mais alors, pourquoi la compagnie Wayland-Yutani
aurait-elle
fait intervenir l'armée dans ce dernier ? Le champ des
possibles étant tellement vaste et les divers scénaristes ne
pouvant s'empêcher de glisser ça et là et à travers la totalité
des opus quelques incohérences de taille plus ou moins grandes, nous
allons laisser ces dernières de côté pour aborder d'autres sujets.
À commencer par le Fan-Service.
Celui qui permet de retrouver certains traits de caractère visuels
et sonores de Alien, le huitième passager.
Comme en ouverture, l'allumage du système informatique, avec son
''ronflement'' typique qui renvoie à l'acte précédent le réveil
de Ripley, de Lambert, de Dennis et des autres membres du cargo
Nostromo
en 2122. On ne reviendra pas sur l'esthétique du vaisseau au sein
duquel nos nouveaux héros vont devoir faire face à une armée de
Facehuggers ainsi
qu'à plusieurs Xénomorphes
mais
nous en retiendrons tout de même un, né des entrailles d'une femme
dont l'accouchement va s'avérer très éprouvant. Un hybride qui à
son tour semble être une référence non plus au premier Alien
mais à celui réalisé en 1997 par le français Jean-Pierre Jeunet,
Alien, la résurrection.
Dans lequel un ''Nouveau-né'',
créature hybride née d'un xénomorphe et de l'ADN
de Ripley arborait une troublante apparence. En 2024, Fede Álvarez
et son scénariste se réapproprient l'idée pour accoucher d'une
créature gigantesque et monstrueuse. Mi-xénomorphe, mi-humanoïde.
Entre
celle du quatrième opus de la franchise et la terrifiante Tristana
Medeiros découverte pour la première fois dans le film d'horreur
espagnol [•REC]
co-réalisé en 2007 par Paco Plaza et Jaume Balagueró. Enfin,
toujours du côté du Fan-Service,
les aficionados de la première heure redécouvriront l'un des
personnages emblématiques du premier Alien
en la personne de... Rook ! Hein ? Qui ça ? Connais
pas. Et pourtant, cet androïde retrouvé à bord du vaisseau que
vont aborder Rain, Andy, Tyler, Kay, Bjorn et Navarro rappelle celui
de Alien, le huitième passager :
Ash (qu'incarnait à l'époque l'acteur Ian Holm, disparu il y a
maintenant quatre ans). Un androïde du même modèle qui
théoriquement dysfonctionnait mais qui en réalité était programmé
pour rapporter à la compagnie Wayland-Yutani,
un embryon de xénomorphe ! Arborant le même visage que Ian
Holm dont le visage est ici ressuscité numériquement, c'est
l'acteur Daniel Betts qui incarne Rook. Auquel l'on a accordé un
sort aussi peu enviable que son semblable puisqu'il apparaît sous
forme d'homme-tronc. Évoquons maintenant la direction artistique et
le sound-design. L'un et l'autre sont ici remarquables. Des
extérieurs, en passant par l'intérieur du vaisseau, jusqu'à la
surface de la colonie minière Jackson's
Star
et le champ d'astéroïdes qui l'entoure, Alien :
Romulus
est irréprochable. Les spécialistes en effets-spéciaux numériques
et le directeur de la photographie Galo Olivares nous offrent un
spectacle assourdissant de beauté. De son côté, le compositeur
britannique Benjamin Wallfisch offre au film et donc au public, une
partition musicale qui rend objectivement hommage à l’œuvre de
Ridley Scott ainsi qu'au compositeur d'origine, Jerry Goldsmith. Un
spectacle total magnifié par un sound-Design oppressant et des
créatures plus véloces que jamais. Bref, pas de quoi cracher dans
la soupe. À moins d'avoir des hémorroïdes et d'avoir par
conséquent envie d'en reporter la faute sur la mise en scène et le
scénario parfois outrancier et dégageant à certaines occasions des
idées parfaitement inutiles. Comme cette brume bleue qui dans le
premier Alien
trouvait une réelle justification et dont la présence dans Alien :
Romulus
ne sert qu'à séduire les fans de la première heure. Il y aurait
encore beaucoup de chose à dire et raconter sur le dernier volet de
la saga Alien
mais la meilleure chose à faire reste encore de se faire sa propre
opinion...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire