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mercredi 4 décembre 2024

Alien : Romulus de Fede Álvarez (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Je l'attendais avec ferveur, ce retour aux sources de la franchise Alien. Et pourtant, je ne fais pas partie de ces hordes de rageux qui crachèrent littéralement sur les cinquième et sixième opus de la saga, Prometheus et Alien : Covenant tout deux signés de Ridley Scott. Car si j'avais effectivement souligné le fait que le premier ne tenait qu'à moitié sa promesse (celle d'un spectacle visuellement remarquable contrairement à celle qui nous promettait de revenir sur les origines de notre espèce), force est de reconnaître un tant soit peu que ces deux là furent de très belles propositions de science-fiction anxiogène. N'en déplaise à certains même si ceux-ci critiquèrent une certaine forme d'incohérence, Ridley Scott étant le mettre du jeu, il avait le droit légitime de faire ce qu'il voulait avec ses personnages et son xénomorphe... Mais qu'en est-il du réalisateur et scénariste uruguayen Fede Álvarez qui depuis son premier long-métrage sur grand écran ne s'est quasiment contenté que de tourner des remakes ? Car à part l'excellent Don't Breathe en 2016, il a réalisé ceux de Evil Dead en 2013, Millénium en 2018 et Alien en 2024. Heu.... Un remake, Alien : Romulus ? Ouais, bon, j'avoue, pas tout à fait. Plutôt la suite de l'original et la préquelle du second que réalisa James Cameron en 1986, Aliens : le retour ! Du moins c'est ce que semble théoriser le script du réalisateur et de son scénariste Rodo Sayagues. Le premier se déroulant en 2122, le second en 2179 et la dernière itération en 2142, des incohérences viennent immédiatement se placer entre ce nouveau récit et le fan assidu aimant pointer tout ce qui ne va pas au sein d'une franchise qu'il connaît sur le bout des doigts. Ceux qui connaissent l’œuvre séminale sortie en 1979 se rappellent sans doute du final explosif lors duquel le Nostromo était anéanti par une déflagration telle qu'il fut inenvisageable d'en retrouver un jour la moindre trace. Mais passons et imaginons que cela soit tout de même concevable. Sachant que la planète LV-426 fut colonisée des décennies plus tard par la compagnie Wayland-Yutani dans Aliens : le retour, il est concevable que ses dirigeants aient eut suffisamment de morale pour ne pas imaginer sacrifier des familles entières de colons installés à sa surface. Planète qui, je le rappelle, abritait dans le premier Alien un vaisseau à l'intérieur duquel des centaines, voire des milliers de Facehuggers attendaient de pouvoir pondre des embryons de xénomorphes dans le corps de leurs victimes.


Des créatures qui, d'après ce que semblent certifier les événements du second long-métrage demeurent encore une espèce totalement inconnue. Alors qu'en fait, PAS DU TOUT. Bref, ce que l'on pourrait considérer d'invraisemblable ne l'est au fond pas vraiment. En dehors du fait que confier l'incarnation des nouveaux personnages à des gamins me sort personnellement par les yeux même si chacun d'entre eux demeure honnêtement crédible dans son rôle, Alien : Romulus ne pèche finalement pas tant que cela en matière de cohérence chronologique. Car dès le premier Alien, l'attitude de l'androïde Ash laissait supposer une connaissance accrue du Xénomorphe. Ce qui rend bien évidemment plus terrifiants encore les événements situés dans Aliens : le retour. Mais alors, pourquoi la compagnie Wayland-Yutani aurait-elle fait intervenir l'armée dans ce dernier ? Le champ des possibles étant tellement vaste et les divers scénaristes ne pouvant s'empêcher de glisser ça et là et à travers la totalité des opus quelques incohérences de taille plus ou moins grandes, nous allons laisser ces dernières de côté pour aborder d'autres sujets. À commencer par le Fan-Service. Celui qui permet de retrouver certains traits de caractère visuels et sonores de Alien, le huitième passager. Comme en ouverture, l'allumage du système informatique, avec son ''ronflement'' typique qui renvoie à l'acte précédent le réveil de Ripley, de Lambert, de Dennis et des autres membres du cargo Nostromo en 2122. On ne reviendra pas sur l'esthétique du vaisseau au sein duquel nos nouveaux héros vont devoir faire face à une armée de Facehuggers ainsi qu'à plusieurs Xénomorphes mais nous en retiendrons tout de même un, né des entrailles d'une femme dont l'accouchement va s'avérer très éprouvant. Un hybride qui à son tour semble être une référence non plus au premier Alien mais à celui réalisé en 1997 par le français Jean-Pierre Jeunet, Alien, la résurrection. Dans lequel un ''Nouveau-né'', créature hybride née d'un xénomorphe et de l'ADN de Ripley arborait une troublante apparence. En 2024, Fede Álvarez et son scénariste se réapproprient l'idée pour accoucher d'une créature gigantesque et monstrueuse. Mi-xénomorphe, mi-humanoïde.


Entre celle du quatrième opus de la franchise et la terrifiante Tristana Medeiros découverte pour la première fois dans le film d'horreur espagnol [•REC] co-réalisé en 2007 par Paco Plaza et Jaume Balagueró. Enfin, toujours du côté du Fan-Service, les aficionados de la première heure redécouvriront l'un des personnages emblématiques du premier Alien en la personne de... Rook ! Hein ? Qui ça ? Connais pas. Et pourtant, cet androïde retrouvé à bord du vaisseau que vont aborder Rain, Andy, Tyler, Kay, Bjorn et Navarro rappelle celui de Alien, le huitième passager : Ash (qu'incarnait à l'époque l'acteur Ian Holm, disparu il y a maintenant quatre ans). Un androïde du même modèle qui théoriquement dysfonctionnait mais qui en réalité était programmé pour rapporter à la compagnie Wayland-Yutani, un embryon de xénomorphe ! Arborant le même visage que Ian Holm dont le visage est ici ressuscité numériquement, c'est l'acteur Daniel Betts qui incarne Rook. Auquel l'on a accordé un sort aussi peu enviable que son semblable puisqu'il apparaît sous forme d'homme-tronc. Évoquons maintenant la direction artistique et le sound-design. L'un et l'autre sont ici remarquables. Des extérieurs, en passant par l'intérieur du vaisseau, jusqu'à la surface de la colonie minière Jackson's Star et le champ d'astéroïdes qui l'entoure, Alien : Romulus est irréprochable. Les spécialistes en effets-spéciaux numériques et le directeur de la photographie Galo Olivares nous offrent un spectacle assourdissant de beauté. De son côté, le compositeur britannique Benjamin Wallfisch offre au film et donc au public, une partition musicale qui rend objectivement hommage à l’œuvre de Ridley Scott ainsi qu'au compositeur d'origine, Jerry Goldsmith. Un spectacle total magnifié par un sound-Design oppressant et des créatures plus véloces que jamais. Bref, pas de quoi cracher dans la soupe. À moins d'avoir des hémorroïdes et d'avoir par conséquent envie d'en reporter la faute sur la mise en scène et le scénario parfois outrancier et dégageant à certaines occasions des idées parfaitement inutiles. Comme cette brume bleue qui dans le premier Alien trouvait une réelle justification et dont la présence dans Alien : Romulus ne sert qu'à séduire les fans de la première heure. Il y aurait encore beaucoup de chose à dire et raconter sur le dernier volet de la saga Alien mais la meilleure chose à faire reste encore de se faire sa propre opinion...

 

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