Le voisin d'à côté qui fait tourner sa perceuse durant des heures,
le vent sifflant dans les volets comme un air d'Ennio Morricone mal
interprété par un mauvais imitateur d'Alessandro Alessandroni, et
ce satané repas du soir qui me pèse sur l'estomac. Par vomir, je
vais finir. M'évanouir, je ne vais pas tarder. Pioncer, il me reste
à espérer. Mais certainement pas devant Taken 3,
vais-je me poser. Car trop de plans, tuent l'intérêt et constituent
un poison violent pire qu'une colite aiguë en phase d'approche. On
la sent venir sans rien pouvoir y faire. Et tandis qu'elle nous
dévore l'intestin, le colon ou l’œsophage, l'immonde et
prétentieux film d'Olivier Megaton, déjà
responsable du précédent volet et de quelques autres longs-métrages
tout aussi insignifiants, voudrait un tant soit peu venir
définitivement nous pourrir la vie. Taken,
premier du nom se suffisait à lui-même. Olivier Megaton n'est pas
Pierre Morel et ses suites foncent tout droit dans le mur. On reprend
les mêmes acteurs, quelques rides en sus, on leur colle un scénario
dont les pages ont jaunies avant même que le premier clap aie
retentit, et on filme tout ça à l'aide d'un shaker géant. Taken
2 n'avait pas grand chose à nous
offrir. Rassurez-vous : le trois n'en a pas davantage sous la
botte.
A la
vérité, tout ce que l'on pouvait espérer arrive durant le premier
quart d'heure : Famke Janssen meurt enfin. Du moins le
personnage qu'elle incarne, Lenore Mills. Cette conne prétentieuse
qui n'a jamais vraiment accepté que son ancien époux préfère la
fuir au profit de son métier. Faut le comprendre. Avec une jolie
(mais carrément insupportable) femme comme elle à la maison, le
bonhomme avait de quoi prétendre vouloir bosser auprès de ses amis
plutôt que de s'occuper de sa propre enfant. Une gamine fort jolie,
mais intellectuellement pas si différente des autres puisqu'en
contrevenant aux ordres de son père, celle-ci s'offrait une
éducation sexuelle inattendue dans les bras de différents hommes
(je rassure les plus prudes d'entre vous : hors caméra et hors
contexte) lors de son enlèvement. En désobéissant au paternel, la
charmante Kim (Maggie Grace) se voyait punie de fort belle manière.
De quoi la contraindre à vie d'écouter les autres et de cesser de
n'en faire qu'à sa tête. Désormais rangée (?), cheveux teints, et
rondeurs assumées (n'a-t-elle pas effectivement un peu forci?), elle
continue cependant à provoquer le malaise en refusant de boire un
coup à sa propre santé alors que papa débarque chez elle, une
bouteille de champagne (excusez du peu) ) à la main. Renvoyé dans
ses pénates avec pour seul lot de consolation, l'immense peluche
qu'il avait prévu d'offrir à sa fille chérie, le héros Bryan
Mills dont la phrase suivante est demeurée culte auprès des
amateurs :
- « Je ne sais pas qui vous êtes. Je ne sais pas ce que vous voulez. Si c’est une rançon que vous espérez, dites-vous bien que je n’ai pas d’argent, par contre ce que j’ai, c’est des compétences particulières, que j’ai acquises au cours d’une longue carrière. Des compétences qui font de moi un véritable cauchemar pour vous. Si vous relâchez ma fille maintenant, ça s’arrêtera là. Si vous ne la relâchez pas, je vous chercherai, je vous trouverai et je vous tuerai. »
Ça avait quand même de
la gueule à l'époque. Et même aujourd'hui d'ailleurs, lorsque l'on
(re)découvre le film de Pierre Morel. Liam n'est pas seul à avoir
vieilli. Le récit de ce troisième épisode sent tellement le
réchauffé que de voir ce très charismatique interprète dans une
telle galère fait mal aux yeux, à la tête, et au cœur. J'ai l'air
d'avoir une dent contre Olivier Megaton ?
Ouais, effectivement. Et pas pour la plus insignifiante des raisons
mais parce que ce tout petit cinéaste s'est sans doute pris pour un
grand tel qu'Oliver Stone. Celui-là même qui réalisa plus de vingt
ans auparavant Natural Born Killer
dont la somme de plans donnait le
vertige mais montrait à quel point le cinéaste maîtrisait son
sujet. Megaton, lui, ne donne qu'envie de vomir. La surenchère de
plans n'excédant par les quelques dixièmes de secondes est
éprouvante. Visuellement, c'est du grand n'importe quoi, et
nerveusement, cela demeure insupportable. blu-ray et dvds de Taken
3
devraient obligatoirement être vendus avec des sacs vomitoires.
Testez-le, et dites-moi ensuite si j'en ai trop écrit ou si au
contraire, j'aurai dû me montrer encore plus virulent...
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