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samedi 4 mars 2023

La merveilleuse visite de Marcel Carné (1974) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Connu pour avoir été l'auteur de Drôle de drame, Le quai des brumes, Hôtel du nord, Les visiteurs du soir ou Les enfants du paradis, le réalisateur français Marcel Carné tourna son antépénultième long-métrage en 1974 sous le titre La merveilleuse visite. Œuvre inspirée du roman de l'écrivain britannique de science-fiction H.G.Wells The Wonderful Visit, ce film atypique échappe quasiment à toute sorte de classification. Il ne s'agit donc pas de guerre, d'horreur, de comédie ou de thriller. Au pire, s'il fallait vraiment le catégoriser, l'on cocherait les cases du fantastique et du drame. Mais comme l'indique très judicieusement l'un des personnages en tout début de récit, pourquoi croire en une femme qui donna la vie sans l'aide d'un homme ou que Jésus aie ressuscité d'entre les morts et ne pas admettre la présence au sein du récit d'un ange ayant perdu ses ailes. Pas de stigmates, certes, mais un pouvoir dotant Jean de certaines facultés. Ce qui marque avant tout les esprits est la douceur avec laquelle Marcel Carné envisage cette histoire d'ange échoué sur une côte bretonne qui débarque sans crier gare dans la vie d'une petite communauté qui verra plus ou moins bien son arrivée. Difficile de voir en la personne de Jean (rôle que tient l'acteur Gilles Kohler) un individu autre que bon. Blond, débarquant nu, sans armes et sans mauvaises intentions, ce personnage fat figure de nouveau messie avant d'apparaître d'une confondante naïveté. Un être auquel il reste encore tout à apprendre. Accueilli par des êtres bons et chaleureux (Roland Lesaffre dans le rôle du bedeau Ménard et Lucien Barjon dans celui du recteur), celui qui n'a pas du nom mais que l'on surnomme Jean du fait qu'il ait été découvert le jour où l'on fête le fils de Zébédée va pourtant être au centre de polémiques. De discussions et de controverses, certes, mais également de jalousie...


Car l'on ne peut revêtir l'apparence d'un beau jeune homme sans séduire la plus jolie jeune femme du village (l'actrice américaine Debra Berger dans le rôle de Deliha) et ainsi s'attirer les foudres de son compagnon (Jean-Pierre Castaldi dans celui de François Mercadier, le livreur de lait). Sur un tempo qui en indisposera sans doute certains, La merveilleuse visite marque par sa volonté de montrer l'humanité dans ce qu'elle recèle de beau et d’accueillant mais aussi de cruel puisque l'arrivée de Jean dans ce village va témoigner des craintes d'un peuple et de voir ses croyances ''discutées'' par l'arrivée d'un jeune homme détaché de toute contingence émotionnelle. De la peur de l'inconnu et des mauvais présages qu'il va véhiculer au sein d'individus rustres qui finiront par le chasser de leurs terres. S'y développe alors un état d'esprit qui peu à peu noirci le trait de personnages secondaires que l'on peut, au mieux, comprendre de part la fonction première de la nature humaine qui veut que l'on se méfie de ce qui relève de l'inconnu. D'abord méfiants, puis hostiles et voire carrément malveillants, les villageois s'en prendront à cet être au contraire bienveillant qui prendra au sens littéral du terme son envol pour échapper à la curée. Tourné dans de très beaux paysages bretons et notamment aux alentours de la Pointe du Van à Pen-Hir, dans la petite commune de Sizun ou dans le village de Saint-Guénole, La merveilleuse visite est en outre accompagné par une bande musicale signée du compositeur originaire de Riom, Alan Stivell. Si le long-métrage de Marcel Carné a pris un sérieux coup de vieux et que celui-ci fut déjà à l'époque de sa sortie éreinté par la critique, le film n'en n'a pas moins gardé un certain charme. Une naïveté et un ton de sobriété qui en ces temps d'ouragans médiatiques peut s'avérer être un divertissement de bon aloi. Une ode à la bonté exploitant malgré tout certaines failles de la nature humaine...

 

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