Drôle de film que cette
Cavale des Fous.
Drôle de rencontre également. Entre le roi du burlesque français,
Pierre Richard, l'un des plus grands acteurs et comédiens de notre
pays en la personne de Michel Piccoli, et un Dominique Pinon
habituellement fidèle au cinéma de Jean-Pierre Jeunet. Trois
interprètes pour une sorte de road-movie déglingué. Une histoire
pas vraiment belge, mais tordue, cynique, plaisante, et ne poussant
jamais vraiment aux éclats de rires. Une blague sur fond de folie,
d'adultère et de rédemption. Au volant de sa voiture, le psychiatre
Bertrand Daumale (Pierre Richard) vient 'emprunter'
le temps d'un week-end le professeur au Collège de France et
spécialiste de Pascal,
Henri Toussaint (Michel Piccoli), enfermé dans un institut
psychiatrique depuis qu'il a tenté d'étrangler sa femme adultère
voilà sept ans. S'invite à bord du véhicule, Angel (Dominique
Pinon), un psychotique très attaché à Henri Toussaint. C'est donc
en compagnie de ces derniers que Bertrand Daumale prend la route et
espère emmener le professeur voir son épouse avant qu'elle ne
meure afin qu'elle puisse lui pardonner le geste désespéré qui
l'a envoyé en psychiatrie.
Mais
le chemin pourtant très court qui doit emmener les trois hommes va
être semé d'embûches. Car le personnage incarné par Dominique
Pinon n'ayant jamais rien vu de son existence, sa curiosité va
provoquer des déboires dont le psychiatre se serait bien passé. Au
delà de la naïveté incarnée par le personnage instable interprété
par l'atypique Pinon, La Cavale des Fous
nous promène dans un univers où les fous semblent plus nombreux
qu'il n'y paraît. C'est ainsi l'occasion de découvrir des
personnages aussi étranges que Madame Marthe, la propriétaire d'un
bar, dite la femme au pénis ! L’œuvre de Marco Piso est
l'occasion de croiser la route discrète de Ronny Coutteure dans le
rôle d'un routier, de Yolande Moreau en conductrice de car, de
Jean-François Derec en pompiste, ou encore de Laurent Gamelon dans
la peau de Fredo, le joueur de dés. Les plus attentifs dénicheront
même peut-être l'acteur Kad Merad en policier figurant et
apparaissant ici pour la toute première fois sur un écran de
cinéma...
La Cavale des Fous
repose sur un étrange sentiment. Un état de mélancolie se dégage
de ce récit. Entre le personnage interprété par Dominique Pinon
auquel il reste encore tout à découvrir, celui de Michel Piccoli
toujours obsédé par l'adultère dont il a été victime, ressassant
sans cesse, et transposant même son mal-être sur les quelques
'spécimens'
de la gente féminine croisés sur le chemin. Ou encore le
psychiatre, lequel éprouve des difficultés à réprimer ses ardeurs
? Le voyage est intéressant. Nourri de situations rocambolesques, et
surtout par l'excellente interprétation de ses trois principaux
interprètes. Dominique Pinon n'a pas de grands efforts à produire
puisque son physique à lui seul suffit à le rendre crédible. Moins
distrait et maladroit qu'à son habitude, Pierre Richard est
savoureux dans son incarnation du psychiatre perdant le contrôle de
la situation. Quand à l'immense Michel Piccoli, la puissance de son
jeu d'acteur s'exprime une fois de plus. Entre logorrhée verbale non
dénuée de sens et crises d'hystérie à peine contrôlées,
l'acteur est impeccable. La Cavale des Fous
n'est pas qu'une simple comédie. En grattant en profondeur, on peut
y dénicher une certaine gravité dans son propos. Le tragique le
mêle au burlesque. Un mélange détonnant qui fait son œuvre sur la
route qui mène le trio jusqu'au chevet de l'épouse adultère. La
Cavale des Fous
est donc une excellente surprise, qui sort des sentiers mille fois
rebattus, et de plus interprétée par un trio généreux et talentueux.
A voir...
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