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mardi 6 octobre 2020

Human Nature de Michel Gondry (2001) - ★★★★★★★☆☆☆

 



Dans sa volonté de vouloir tout régenter, l'homme oublie parfois que nos instincts les plus vils ou les plus primaires sont impossibles à effacer et qu'à un moment ou un autre, ils reviennent à la charge. Premier long-métrage du cinéaste français Michel Gondry dont on retrouve notamment la patte visuelle chère à certains clips qu'il réalisa pour la chanteuse islandaise Björk, Human Nature est une comédie qui semble parfois si légère que l'on en oublierait presque le message profond qu'il adresse au public et par là même, à l'humanité. Il y a deux, et sans doute davantage de façons d'aborder Human Nature. Un peu comme si le récit de cet homme des bois contraint par un scientifique névrosé d'apprendre les bonnes manière était remplacé par le thème récurent des extraterrestres. S'agissant de ces derniers, ceux qui nient leur probable existence ont un ego tel qu'ils ne peuvent concevoir une intelligence supérieure à la leur. Nathan (excellent Tim Robbins) est sans doute sympathique, excusable vu son passé d'enfant victime d'une éducation rigoriste (administrée par ses parents, interprétés par Mary Kay Place et Robert Foster), voire touchant dans son apparente naïveté, il n'empêche qu'il représente justement celui qui s'érige en dieu en réorganisant l'existence de cet homme-singe découvert dans les bois (Rhys Ifans). En façonnant Puff à son image, sans doute exorcise-t-il sa propre existence ?


Mais Human Nature ne repose pas seulement sur cet affligeant constat. Il narre également le récit d'une histoire d'amour bancale entre le scientifique et Lila Jute (Patricia Arquette), une jeune femme atteinte de hirsutisme. Une anomalie génétique qui voit son corps se recouvrir d'une abondante pilosité surgissant sur des parties inappropriées au corps féminin. Complexée et désespérée de ne pouvoir connaître l'amour, son amie Louise, esthéticienne chargée de lui ôter ses poils abondants et disgracieux lui parle de Nathan. Myope comme une taupe, timide et complexé par un pénis de toute petite taille, il semble être le candidat idéal pour Lila. Si l'amour naît entre ces deux individus, il est rapidement contrarié lorsque la chaude assistante de Nathan lui avoue qu'elle l'aime et surtout, lorsque le scientifique découvre que Lila se rase le corps tout entier chaque soir dans la salle de bain avant de le rejoindre dans leur lit. Human Nature aborde dans le cas présent, le rejet de la différence chez l'autre et rejoint directement la thématique de l'homme-singe dont on essaie d'ôter la nature profonde pour en faire une image présentable devant la société...


Avec cette poésie visuelle qui caractérise son œuvre, Michel Gondry ne réalise peut-être pas là son meilleur film (Eternal Sunshine of a Spotless Mind demeurant indétrônable) mais propose une histoire formidable, qui ne donne jamais vraiment de leçon tout en essayant par l'humour décalé d'ouvrir les consciences. S'il y a peu de chance que Human Nature y soit parvenu auprès d'une partie d'entre nous, ce premier long-métrage reposant sur l'excellent scénario de Charlie Kaufman demeure une expérience enrichissante qui jouit de la présence de Tim Robbins, du britannique Rhys Ifans et de Patricia Arquette qui sans mauvais jeu de mots, accepte littéralement de se mettre à poils devant la caméra. Brouillon relativement chaud de la passion que semblaient partager le scientifique et la secrétaire de Eternal Sunshine of a Spotless Mind, celle qu'entretiennent Nathan et Gabrielle (Miranda Otto) fait monter la température d'un cran tandis que l'attitude parfois inappropriée de Puff prête à rire. Sur fond de comédie décalée, Michel Gondry propose une œuvre originale, ponctuée de messages plus ou moins subliminaux et de séquences surréalistes évoquant parfois (mais heureusement, très rarement) l'univers Disney (l'atroce séquence chantée en témoigne). Un joli conte qui repose avec délicatesse sur une charge contre l'Homme s'érigeant en roi de la nature. Et comment ne pas craquer devant ces deux excellents interprètes que j'allais oublier de citer ? Ces deux adorables souris qui ferment le livre de ce conte fantaisiste...?


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