Quatre ans déjà que
Unfriended
est sorti sur les écrans et je n'ai jeté mon dévolu dessus
qu'aujourd'hui. Si Levan Gabriadze aura tardé avant de se lancer
dans la carrière de cinéaste en réalisant son premier long-métrage
en 2011 (l'homme fêtera ses cinquante ans l'année prochaine) avec
la comédie romantique Vykrutasy,
nul doute qu'avec le second, intitulé Unfriended,
il aura su marquer d'une pierre blanche le monde de l'horreur et de
l'épouvante avec un procédé qui emprunte les codes du
Found-Footage
avec un brio qu'on ne pourra pas lui renier. Car si le long-métrage
du géorgien semble n'avoir pas eu les faveurs d'une presse écrite
qui pour une bonne partie n'a pas semblé s'émouvoir des aventures
de Blaire et de ses camarades, il faut avouer que Levan Gabriadze a
cependant réussi à captiver avec une intrigue et une méthodologie
toutes particulières. Le cinéaste s'inspire de ces nombreux
faits-divers consacrés au cyber-harcélement. Dès les premières
secondes, on comprend que l'expérience sera sensiblement différente
de celles que l'on a l'habitude d'aller vivre sur grand écran. Je
voudrais d'ailleurs préciser que pour coller au mieux à l'exercice
du cinéaste, j'ai volontairement choisi de regarder Unfriended
sur mon écran d'ordinateur et non pas sur un écran plat. Même si
le confort s'est avéré fort discutable (les mailles en osier de la
chaise ayant dessiné de profondes marques sur mes fesses), je suis
resté convaincu jusqu'à la dernière minute que mon choix était le
meilleur. Car alors l'expérience devait aboutir à l'étrange
sentiment de partager en direct et avec les personnages, la
troublante et cauchemardesque expérience qu'il s’apprêtaient à
vivre durant une heure trente. D'ailleurs, à ce sujet, il est
important de préciser que le cinéaste ne fait à aucun moment appel
à la moindre ellipse, ce qui, d'une certaine manière, permet
d'accentuer l'imprégnation du spectateur.
L'histoire
est au demeurant toute bête. Ou presque... Une lycéenne du nom de
Laura Berns s'est suicidée à cause d'une vidéo ayant circulé sur
Internet, et la montrant dans une situation très embarrassante. Un
an jour pour jour après sa mort, son amie Blaire Lily et quatre de
ses amis se connectent ensemble sur les réseaux sociaux afin de
discuter de l'apparition dans la fenêtre de discussion de Blaire,
d'un individu étranger qui se fait passer pour Laura. Incapables de
s'en débarrasser, l'intrus semble avoir piraté le compte de la
suicidée ainsi que ceux de Blaire et des autres. Évoquant la
possibilité d'une Laura revenue d'entre les morts, Blaire cherche
sur Internet des informations sur le sujet tandis que celui qui se
fait appeler Billie227 commence à jouer avec les nerfs des cinq
adolescents. Petit à petit, ce qui ressemble à un jeu de très
mauvais goût vire au drame lorsque l'une des amies de Blaire, Val
Rommel, meurt dans d'étranges circonstances, filmée par la caméra
intégrée dans son ordinateur. Billie227 est très clair : Si
jamais l'un ou l'autre se déconnecte, il meurt...
Un
prétexte un peu facile donc, mais justifiant le fait qu'aucun des
adolescents parmi Blaire, son petit copain Mitch Roussel, Jess
Felton, Adam Sewell et Ken Smith n'aie l'idée d'interrompre la
communication durant l'heure et demi qui va s'écouler. Levan
Gabriadze réussit à renouveler un principe vieux comme le monde
(Cannibal Holocaust n'était-il
pas déjà à son époque, un Founf-Footage?)
en lui donnant une nouvelle jeunesse et ce, avec une maîtrise
exemplaire. En effet, le cinéaste géorgien use, avec une technique
éprouvée, des réseaux sociaux parmi les plus connus. Skype,
Facebook
ou encore Youtube
sont mis à l'honneur à travers l'écran d'ordinateur de Blaire et
sont détournés afin de mettre en place un scénario diabolique dont
la tension ne redescendra qu'au moment où le générique de fin
prendra le relais. Le principe peut sembler minimaliste et quelque
peu inconfortable et pourtant... ça marche. Shelley Hennig, Moses
Jacob Storm, Renee Olstead et les autres sont convaincants, et la
mise en scène de Levan Gabriadze et l’interactivité mise en
place par le cinéaste également, à tel point que l'on ne se doute
pas un seul instant que le film ait été tourné dans une seule et
même demeure, chaque interprète ayant été placé dans une pièce
différente. Malgré les avis mitigés, Unfriended
sera
à l'origine d'une suite dont la sortie est prévue chez nous pour le
26 décembre de cette année. Encore faut-il se poser la question de
savoir s'il était besoin de réaliser une suite dont le titre est
Unfriended ; Dark Web, sachant
que Unfriended
se suffisait à lui seul...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire