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mercredi 31 octobre 2018

Unfriended de Levan Gabriadze (2014) - ★★★★★★★☆☆☆



Quatre ans déjà que Unfriended est sorti sur les écrans et je n'ai jeté mon dévolu dessus qu'aujourd'hui. Si Levan Gabriadze aura tardé avant de se lancer dans la carrière de cinéaste en réalisant son premier long-métrage en 2011 (l'homme fêtera ses cinquante ans l'année prochaine) avec la comédie romantique Vykrutasy, nul doute qu'avec le second, intitulé Unfriended, il aura su marquer d'une pierre blanche le monde de l'horreur et de l'épouvante avec un procédé qui emprunte les codes du Found-Footage avec un brio qu'on ne pourra pas lui renier. Car si le long-métrage du géorgien semble n'avoir pas eu les faveurs d'une presse écrite qui pour une bonne partie n'a pas semblé s'émouvoir des aventures de Blaire et de ses camarades, il faut avouer que Levan Gabriadze a cependant réussi à captiver avec une intrigue et une méthodologie toutes particulières. Le cinéaste s'inspire de ces nombreux faits-divers consacrés au cyber-harcélement. Dès les premières secondes, on comprend que l'expérience sera sensiblement différente de celles que l'on a l'habitude d'aller vivre sur grand écran. Je voudrais d'ailleurs préciser que pour coller au mieux à l'exercice du cinéaste, j'ai volontairement choisi de regarder Unfriended sur mon écran d'ordinateur et non pas sur un écran plat. Même si le confort s'est avéré fort discutable (les mailles en osier de la chaise ayant dessiné de profondes marques sur mes fesses), je suis resté convaincu jusqu'à la dernière minute que mon choix était le meilleur. Car alors l'expérience devait aboutir à l'étrange sentiment de partager en direct et avec les personnages, la troublante et cauchemardesque expérience qu'il s’apprêtaient à vivre durant une heure trente. D'ailleurs, à ce sujet, il est important de préciser que le cinéaste ne fait à aucun moment appel à la moindre ellipse, ce qui, d'une certaine manière, permet d'accentuer l'imprégnation du spectateur.

L'histoire est au demeurant toute bête. Ou presque... Une lycéenne du nom de Laura Berns s'est suicidée à cause d'une vidéo ayant circulé sur Internet, et la montrant dans une situation très embarrassante. Un an jour pour jour après sa mort, son amie Blaire Lily et quatre de ses amis se connectent ensemble sur les réseaux sociaux afin de discuter de l'apparition dans la fenêtre de discussion de Blaire, d'un individu étranger qui se fait passer pour Laura. Incapables de s'en débarrasser, l'intrus semble avoir piraté le compte de la suicidée ainsi que ceux de Blaire et des autres. Évoquant la possibilité d'une Laura revenue d'entre les morts, Blaire cherche sur Internet des informations sur le sujet tandis que celui qui se fait appeler Billie227 commence à jouer avec les nerfs des cinq adolescents. Petit à petit, ce qui ressemble à un jeu de très mauvais goût vire au drame lorsque l'une des amies de Blaire, Val Rommel, meurt dans d'étranges circonstances, filmée par la caméra intégrée dans son ordinateur. Billie227 est très clair : Si jamais l'un ou l'autre se déconnecte, il meurt...

Un prétexte un peu facile donc, mais justifiant le fait qu'aucun des adolescents parmi Blaire, son petit copain Mitch Roussel, Jess Felton, Adam Sewell et Ken Smith n'aie l'idée d'interrompre la communication durant l'heure et demi qui va s'écouler. Levan Gabriadze réussit à renouveler un principe vieux comme le monde (Cannibal Holocaust n'était-il pas déjà à son époque, un Founf-Footage?) en lui donnant une nouvelle jeunesse et ce, avec une maîtrise exemplaire. En effet, le cinéaste géorgien use, avec une technique éprouvée, des réseaux sociaux parmi les plus connus. Skype, Facebook ou encore Youtube sont mis à l'honneur à travers l'écran d'ordinateur de Blaire et sont détournés afin de mettre en place un scénario diabolique dont la tension ne redescendra qu'au moment où le générique de fin prendra le relais. Le principe peut sembler minimaliste et quelque peu inconfortable et pourtant... ça marche. Shelley Hennig, Moses Jacob Storm, Renee Olstead et les autres sont convaincants, et la mise en scène de Levan Gabriadze et l’interactivité mise en place par le cinéaste également, à tel point que l'on ne se doute pas un seul instant que le film ait été tourné dans une seule et même demeure, chaque interprète ayant été placé dans une pièce différente. Malgré les avis mitigés, Unfriended sera à l'origine d'une suite dont la sortie est prévue chez nous pour le 26 décembre de cette année. Encore faut-il se poser la question de savoir s'il était besoin de réaliser une suite dont le titre est Unfriended ; Dark Web, sachant que Unfriended se suffisait à lui seul...

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