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vendredi 31 mai 2019

Possum de Matthew Holness (2018) - ★★★★★★★★☆☆




Quand la culpabilité ronge un homme jusqu'à l'os, il arrive parfois qu'il bâtisse un mur autour de sa conscience pour tenter d'oublier, ou du moins de nier, la réalité. C'est très certainement ce qui arrive au personnage central de Possum qui traîne derrière lui un lourd passé. Un individu hanté par un drame, et même plusieurs si l'on y ajoute les quelques éléments qui laissent supposer qu'il ne fut pas étranger à la tragique disparition de ses parents lors d'un incendie. Vivant dans une maison sordide en compagnie de son oncle Maurice, Philip est dérangé. Du bulbe, s'entend. Parcourant les terres désolées de son enfance alors qu'il est de retour dans la région, cet ancien marionnettiste affublé d'une créature qu'il conserve précieusement enfermée dans un curieux bagage éprouve toutes les difficultés du monde à exprimer ses sentiments. Alors que les médias retransmettent en continu des informations relatant la disparition d'un gamin de l'ancienne école où Philip était élève, les soupçons se portent très rapidement sur lui, d'autant plus qu'il y rode très régulièrement...

Pour son premier long-métrage, on ne peut pas dire que l'acteur, scénariste et réalisateur britannique Matthew Holness ait facilité la tâche des spectateurs qui se retrouvent donc plongés dans un univers particulièrement sombre, pessimiste et autiste. C'est de patience et de courage qu'il faudra que ce dernier s'arme pour dénouer une intrigue parfois complexe, parsemant des éléments nonsensiques, troubles, et aux confins d'une horreur psychologique dénuée de toute séquence baignant dans une quelconque mare de sang. Ici, le réalisateur s'intéresse de très près à la psyché de son principal personnage, divinement interprété par un Sean Harris déjà coutumier du cinéma d'horreur puisqu'on le découvrit notamment au début des années 2000 dans les dérangeants Creep de Christopher Smith et Isolation de Billy O'Brien. Dans Possum (qui signifie chez nous opossum, un mammifère marsupial d'Amérique), le cinéaste tente avec une certaine réussite de montrer quelle forme peut prendre l'existence d'un homme qui confronté dès son plus jeune âge à l'horreur absolue, en a gardé des séquelles extrêmement profondes. Le sujet tournant autour de l'opossum et servant de litanie, tout comme cette marionnette en forme d'araignée à tête humaine vraiment inquiétante forment une symbolique que Matthew Holness cultive jusqu'aux derniers instants de ce conte cruel et macabre tiré de sa propre nouvelle éponyme à l'origine écrite pour l'anthologie The New Uncanny : Tales of Unease.

A l'origine, la nouvelle et le film qu'a donc réalisé lui-même Matthew Holness reposent sur les théories de l'étranglement de Sigmund Freud. Le spectateur pourra quant à lui y déceler un certain nombre de signes rattachés à ses propres angoisses. Comme cette araignée qui d'une certaine façon représente la mère que le héros a perdu dans un incendie, ou bien cette idée préconçue assez rapidement qui voudrait que la valise que porte en permanence Philip ne contienne pas une marionnette mais bien le corps du jeune disparu...
Matthew Holness développe une intrigue sournoise, jouant avec les certitudes du spectateur. En cela, son œuvre rejoint celle toute aussi dérangeante et réaliste du réalisateur américain Lodge Kerrigan qui signait en 1995 un Clean, Shaven redoutablement étouffant. Mise en scène sobre, mais alambiquée, visuels régulièrement proches de l'Œuvre Picturale, bande-son remarquable composée par différents membres du Radiophonic Workshop de la BBC (créée en 1958 par Daphne Oram e Desmond Briscoe), et surtout, oui, surtout, incroyable performance de Sean Harris, totalement ''habité'' dans le rôle de Philip, et de Alun Armstrong dans celui de Maurice. A ranger aux côtés de Clean, Shaven, de Crazy Murder de Doug Gerber et Caleb Pennypacker., et de toute autre plongée dans la psyché d'individus intellectuellement perturbés...

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