Pour son neuvième
long-métrage, le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia s'exporte
pour la seconde fois hors des frontières de son pays après le
Mexique et les États-Unis de Perdida Durango, son
troisième film. Cette fois-ci, l'auteur du Jour de la Bête,
du Crime Farpait
et des Sorcières de Zugarramurdi
tourne The Oxford Murders
en Angleterre, à Oxford ainsi qu'à Londres pour le final situé au
Victoria and Albert Museum. Adapté du roman de l'écrivain et
mathématicien argentin Guillermo Martinez, Crimines
imperceptibles,
cette co-production franco-britannico-espagnole intègre un casting
international avec dans le rôle principal l'américain Elijah Wood
(qui fut choisi après que fut d'abord pressenti l'acteur mexicain
Gael García Bernal), le britannique John Hurt (qui faillit ne pas
participer au tournage puisque furent d'abord évoqués pour le rôle
d'Arthur Seldom, les acteurs Jeremy Irons et Michael Cain),
l'espagnole Leonor Watling, et le français Dominique Pinon (grand
fidèle du cinéaste Jean-Pierre Jeunet avec lequel il tourna à huit
reprises).
L'une
des différences fondamentales entre The Oxford
Murders et
le reste de la filmographie de son auteur, se situe au niveau du
scénario et de la mise en scène qui diffèrent grandement des
œuvres passées et à venir. Laissant de côté la comédie noire au
profit du thriller, Alex de la Iglesia, tout en demeurant à l'aise,
perd ici un peu du charme qui jusque là faisait partie de l'attrait
de son œuvre. Un style qu'il retrouvera fort heureusement par la
suite mais en attendant, il propose un spectacle fort passionnant
entourant toute une série de références scientifiques et
philosophiques à travers des dialogues centrant leur sujet sur des
concepts liés aux mathématiques. Des plus usités (effet papillon,
suite de Fibonacci), aux plus ardus (les symboles Pythagoriciens,
principe d'incertitude de Heisenberg, etc...) auxquels il conviendra
peut-être de se référer avant de se lancer dans l'aventure afin de
ne pas passer à côté de certaines subtilités.
Toujours
est-il que malgré la complexité de certaines hypothèses avancées
par nos deux héros, qui sont donc incarnés par Elijah Wood et
John Hurt dans les rôles respectifs de Martin, l'étudiant en
mathématique d'origine américaine, et le professeur de
mathématiques Arthur Seldom, certains spectateurs non-initiés ne
resteront pas forcément sourds à leurs arguments, tandis que
d'autres préféreront s'attarder sur l'intrigue tournant autour de
meurtres perpétré par une 'intelligence'
laissant derrière elle des symboles dont le professeur et l'étudiant
se devront de saisir le sens s'ils veulent stopper la série
d'homicides qui frappent la ville d'Oxford. Une cité magnifiquement
mise en lumière dont l'architecture renvoie aux siècles passés.
Alex
de la Iglesia arrive à maintenir un suspens constant même si sa
présence à la mise en scène a tendance à générer de vieux
réflexes parmi les fans du cinéaste qui s'attendent peut-être
alors à quelques fulgurances et délires visuels qui malheureusement
n'arrivent jamais. D'un point de vue esthétique, The
Oxford Murders est
de la bien belle ouvrage. L'interprétation est au plus juste et le
film offre quelques scènes d'amour (inutile mais) fort agréables à
l'oeil, grâce à la silhouette toute latine (donc plantureuse) de
Leonor Watling. Toutefois, malgré le sujet abordé, la complexité
de certains thèmes (les théories mathématiques, quelle prise de
tête parfois), l’œuvre d'Alex de la Iglesia apparaît parfois
étonnamment creuse. Ce que n'oublieront pourtant certainement pas
d'apprécier les spectateurs les moins susceptibles de s'intéresser
aux explications concernant les symboles parsemant le film. Au final,
The Oxford Murders est
un petit thriller fort sympathique, quoique l'on préférera sans
doute voir Alex de la Iglesia retourner à son genre de prédilection.
Une prière qui aura été très vite exaucée puisqu'il retourna
deux ans plus tard dans son pays natal y tourner son long-métrage
suivant, Balada Triste de Trompeta...
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