La jeunesse américaine
et son exubérance. Un débordement de créativité, de luxuriance et
de dépravation telles que Jack Baker (Ray Santiago) et ses invités
Alan Morgan Adam (David Hull), Dorothy (Aurora Perrineau) et Nick (Harvey Guillén) ne se rendent même pas compte que le tueur à
gages que ces trois derniers ont rencontré dans la rue avant de
l'inviter chez leur hôte pour une sympathique soirée de débauche,
est un assassin. Les jeunes du quartier fêtent tous ensemble
Halloween et fort logiquement, ceux qui croisent Wilkes (Tom Bateman)
en chemin n'imaginent pas un seul instant que le cadavre qu'il traîne
derrière lui puisse être autre chose qu'un mannequin. Comme l'on
s'en doute, la machinerie parfaitement huilée va être grippée au
cours de la soirée. Nos adolescents, parmi lesquels Dorothée
s'intéresse tout particulièrement au tueur à gages, vont découvrir
que le faux cadavre est en réalité, le corps bien réel d'un homme
que Wilkes a eu la mission d'assassiner plus tôt dans la soirée...
The Body
de Paul Davis est le tout premier épisode de la série anthologique
Into the Dark
dont la première diffusion aux États-Unis a eu lieu non pas sur une
chaîne de télévision mais au Writers
Guild Theater
où les critiques l'on accueilli relativement froidement. Ce qui
n'enlève fort heureusement absolument rien au charme de cet épisode
plus drôle que véritablement angoissant. Tom Bateman y interprète
donc un tueur à gages sans émotions autres que le cynisme dont il
se pare. Face à cette indifférence devant l'acte meurtrier qui,
rassurez-vous aura son explication un peu plus loin, le réalisateur
et le scénariste Paul Fischer accentuent l'inhumanité du contexte
dans lequel baignent ses personnages en confondant ces derniers avec
cet étrange individu affublé d'un costume que n'aurait sans doute
pas renié le personnage central de la saga de jeux vidéos Hitman.
Into the Dark
s'ouvre sur un épisode très plaisant, entre thriller horrifique et
humour noir. Surtout, l'auteur de The Body y
exploite l'idée d'une jeunesse tellement abreuvée d'images fortes,
entre réalité et fiction, que se mêlent ici dans l'indifférence
générale l'illusion du réel et celle du factice. D'un format
particulier qui dépasse de loin celui des anthologies classiques, ce
premier épisode est une réelle réussite, qui n'effraiera sans
doute pas grand monde mais qui au delà de son sinistre sujet demeure
néanmoins très divertissant...
Long
saut en avant et atterrissage au dixième épisode intitulé Culture
Shock.
De quoi vous dégoûter de l'envie d'aller passer la frontière d'un
pays étranger pour vous y installer. Et ici, en l'occurrence, les
États-Unis, pays du rêve américain. Avec son drapeau, ses couleurs
chatoyantes, ses charmants voisins et leur sourire impeccable, ses
pelouses parfaitement entretenues et ses maisons toutes semblables.
Mais avant cette vision idyllique de carte postale ou de publicité
américaine des années 50/60, retour en enfer. Celui de la frontière
mexicaine. De celle qu'espère traverser Marisol (l'actrice Martha
Higareda). Réalisé par Gigi Saul Guerrero et écrit en
collaboration avec Efrén Hernández et James Benson, Culture
Shock
se divise en trois parties distinctes. Tout d'abord, l'intrigue se
situe au Mexique, pays auquel l'héroïne, enceinte, tente
d'échapper. Rencontre avec des passeurs dont l'absence de morale est
édifiante. Marisol et les autres ne sont que de la marchandise que
l'on peut voler, violer, voire chasser impunément comme du gibier.
Qui s'en soucierait ? Certainement pas les autorités
américaines... quoique... Lorsque Marisol se réveille de son long
''cauchemar'', elle a passé la frontière, a accouché, et désormais
vit sous la protection de Betty (inquiétant Barbara Crampton de
Re-Animator
et From Beyond
tous deux réalisés en 1985 et 1986 par Stuart Gordon). Tout autour
de Marisol transpire le bonheur. Des couleurs pastelles qui
envahissent littéralement son nouvel environnement, aux voisins,
tous bienveillants. Pourtant, quelques chose semble clocher dans cet
univers paradisiaque. Et c'est ce que va tenter de découvrir
Marisol... On change avec Culture Shock,
complètement d'univers. L'angoisse quasiment absente de The
Body
est par contre ici bien prégnante. Avec ce sourire mécanique et
systématique qui illumine et embrase le visage des voisins, ces
couleurs trop chaudes pour être réelles et ces journées qui se
ressemblent toutes, Culture Shock
passe tout d'abord du cauchemar au rêve avant que ne se révèle à
nous la vérité : un concept très avancé mais très immoral
visant à l'assimilation des étrangers et leur intégration par la
voie de technologies manipulant l'esprit humain. En résulte un
épisode réellement glaçant que l'on aurait bien imaginé faire
partie de l'anthologie Black Mirror,
parcouru de visions sinistres parfois filmées de manière bancale
afin d'accentuer son intemporalité. Une très bonne surprise...
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