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mardi 8 avril 2025

Le panache de Jennifer Devoldère (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Drôle de titre que celui du quatrième long-métrage de la réalisatrice et scénariste française Jennifer Devoldère pour un film qui manque justement de... panache ! L'on n'ira pas jusqu'à dire que celui-ci est aussi mensonger que la purge signée de Michèle Laroque en 2018, Brillantissime, mais Le panache n'est absolument pas le film attendu. S'inscrivant d'ailleurs dans une mode consistant à introduire ses personnages dans un milieu social et professionnel comme beaucoup d'autres avant lui, le film a nettement plus d'intérêt sur le papier qu'une fois transposé à l'écran. Première grosse surprise teintée d'une certaine déception pour quiconque ne connaissait pas jusque là le jeune acteur Joachim Arseguel. Et ce, parce que le film fut sa première opportunité d'interpréter un rôle au cinéma, on se demande dans quelles proportions il fut choisi pour la particularité qui est la sienne. En effet, alors que l'on pouvait louer le talent de l'interprète de Colin, jeune bègue vivant désormais seul avec sa mère Giulia (Aure Atika), l'on apprend que l'acteur lui aussi est atteint du même trouble de la parole. Ce qui hypothétiquement signifiait de réelles capacités d'interprétation et d'adaptation de la part de Joachim Arseguel ne s'avère être rien de plus que l'utilisation d'un handicap léger au profit d'un récit supposé s'intéresser en partie à ce même trouble. Ce qui, bien entendu, ne remet absolument pas en cause le talent du jeune interprète dont le personnage souffre en outre d'être le fils d'une mère de famille parfois un peu trop étouffante et d'un père qu'il n'a pas l'occasion de voir tous les jours (Maxime de Toledo dans le rôle de Stéphane). Colin intègre un nouveau collège privé où enseigne le professeur Devarseau. Alors que ce dernier attend sa titularisation, ses méthodes d'enseignement sont relativement mal perçues de la part de ses nouveaux collègues. Professeur de français, Devarseau va pousser l'adolescent de quatorze ans à surmonter ses craintes en l'inscrivant au cours de théâtre qu'il va dispenser afin de le soumettre aux autres élèves de sa classe parmi lesquels, la jeune Adélaïde (Eva-Rose Pacaud) ne laisse pas Colin indifférent. Dans ce récit qui confronte un adolescent atteint de bégaiement et amoureux de l'une de ses camarades mais aussi surtout confronté à une mère qui le surprotège (l'on apprendra d'ailleurs plus tard les raisons qui poussent Giulia à couver son fils), le scénario de Cécile Sellam et Jennifer Devoldère dispense une vision parfois idéaliste de son jeune et principal personnage.


Inscrit dans une école publique catholique, la réalisatrice évite souvent les poncifs liés au handicap de Colin. Après une ou deux remarques déplacées de la part de certains individus, le cadre dans lequel évolue le jeune garçon mise moins sur la relation hypothétiquement précaire d'un tel handicap vis à vis de ses camarades que de former autour du personnage de Colin, tout un système noyant son incarnation par des sous-entendus liés principalement aux méthodes employées par le professeur de français. Viennent donc s'inscrire des personnages secondaires certes intéressants mais dispensables (Maxence, adolescent homosexuel et ami de Colin interprété par Tom Meusnier) et des conduites rétrogrades de la part de la hiérarchie et des collègues de Devarseau. Donnant ainsi une image peu flatteuse et démagogue de l'enseignement catholique, où par exemple, la prof de catéchisme Delphine Quentin (l'actrice Claire Dumas) est on ne peut plus caricaturale ! Adaptation de la pièce de théâtre Dans la Peau de Cyrano de Nicolas Devort, le long-métrage de Jennifer Devoldère peut compter sur le soutien de José Garcia dont l'usage est ici fait de manière parfois éthérée. Le principal soucis étant moins de préciser quelle est la place réelle de Joachim Arseguel au sein du récit puisqu'il en est le véritable héros que celle des interprètes qui lui donnent la réplique. Traité avec moins de gravité que ne le laissait présager le synopsis, Le panache et parfois d'une légèreté confondante qui intègre en outre l'usage de personnages secondaires prévisibles (l'adversaire amoureux lui aussi de la belle Adélaïde). À dire vrai, l'on a l'impression que Jennifer Devoldère préfère prendre des pincettes avec son personnages principal plutôt que de trop l'abîmer ! Le film déroule ainsi son intrigue dans les eaux presque trop calmes d'un corps enseignant aux valeurs éculées. En mode Pause café, série française dans laquelle l'assistante sociale Joëlle Mazart était contrainte à l'issue des six épisodes de la première saison de démissionner en raison de ses méthodes pourtant pédagogiques, José Garcia sacrifiera à son tour sa très attendue titularisation au profit de valeurs intrinsèquement liées à sa personnalité. Au final, Le panache s'avère un peu trop académique pour emporter tous les suffrages. Ce qui n'empêchera pas le film d'obtenir deux prix du public. Au Festival du film de Demain de Vierzon et au trentième Festival Jean Carmet de Moulins...

 

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