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samedi 15 août 2020

Eye for an Eye de John Schlesinger (1996) - ★★★★★★☆☆☆☆



Le réalisateur de Macadam Cowboy, de Marathon Man ou de Fenêtre sur Pacifique fut l'auteur en 1996 d'un thriller policier et dramatique particulier reposant en partie sur une question : à savoir si l'on a le droit de se faire justice soit même lorsque un vice de procédure permet à l'assassin d'une adolescente (ici, la fille de l'héroïne incarnée par Sally Field) de recouvrer la liberté et ainsi d'échapper à toute condamnation. Eye for an Eye de John Schlesinger tente de répondre à cette épineuse question et ce, de diverses manières. Ça n'est certainement pas par hasard si l'acteur Ed Harris tient le rôle du beau-père de la jeune Julie et non celui de son véritable géniteur. Ce qui permet au scénario d'Amanda Silver et Rick Jaffa de modeler le personnage de Mack McCann et de lui offrir l'opportunité d'avoir une opinion divergente de celle de son épouse Karen qui elle, est la vraie mère de la jeune femme et est bien décidée à faire payer au violeur et assassin de sa fille, les crimes pour lesquels il n'a malheureusement pas été condamné. D'un côté nous avons donc un Mack pourtant très attaché aux siens mais relativement en retrait tandis que son épouse prend des cours d'auto-défense, apprend à manier une arme à feu et s'apprête à passer à l'action depuis qu'elle a découvert que parmi les membres d'une association d'aide aux parents de victimes à laquelle elle participe, certains ont choisi d'aider ceux qui veulent se faire justice eux-mêmes...

Eye for an Eye expose également une justice et une police qui ont les mains liées. L'impossibilité de faire arrêter le criminel, de l'enfermer et ainsi donc de l'empêcher définitivement de nuire. Les alternatives ne se comptent pas par dizaines comme le démontre le long-métrage de John Schlesinger qui contrairement à ce que laisse présager le synopsis s'avère tout en nuance, l'héroïne étant convaincue de la nécessité d'agir, avant de reculer, puis de finalement prendre une décision ferme et définitive qu'elle espère n'engager qu'elle seule. Sally Field et Ed Harris campent un couple relativement touchant. John Schlesinger a su trouver la manière idéale de représenter le couple, avec ses désaccords mais aussi ses diverses sensibilités. Surtout, Eye for an Eye évite de nous infliger une trop grande profusion de larmes ou une violence trop explicite puisque celle-ci n'interviendra d'ailleurs qu'à la toute fin. Outre le couple formé à l'écran par Sally Field et Ed Harris, on retrouve l'acteur Joe Mantegna dans le rôle du détective Denillo, mais aussi et surtout Kiefer Sutherland qui ici, incarne le personnage de Robert Doob, le violeur et assassin en question. En sociopathe cynique et pervers, il campe plutôt bien son rôle même s'il demeure relativement discret à l'écran. En réalité, le film tourne surtout autour de la mère de famille qui après la mort de sa fille se mue peu à peu en une femme beaucoup plus sûre d'elle et de sa force.

Un ''pouvoir'' qu'il sera sensiblement amusant de voir évoluer jusque sur la couche des McCann où Karen semble avoir quelque peu perdu de sa douceur ! Ici, nous sommes très loin de Charles Bronson et du Justicier dans la Ville. Loin d'être aussi bourrin et burné que ce dernier, le film de John Schlesinger ne manque pas de charme et l'émotion s'invite en de très petites occasions, prouvant que l'on est d'abord face à un film plaidant la cause d'une mère de famille ayant perdu sa fille et que l'on reste très éloigné du Paul Kersey du Justicier de New York ou du Leo Kessler du Justicier de Minuit. Pourtant, si Eye for an Eye n'est pas du tout désagréable à suivre, si le charme de Sally Field ne laissera personne indifférent et si Kiefer Sutherland s'avère parfois inquiétant, le long-métrage de John Schlesinger demeure finalement assez anecdotique. Plaisant, mais pas inoubliable, il permet de passer une agréable soirée mais laisse finalement peu de souvenirs marquants une fois la projection terminée. Sympathique, donc, mais certainement pas indispensable...

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