Le réalisateur de
Macadam Cowboy,
de Marathon Man ou
de Fenêtre sur Pacifique
fut l'auteur en 1996 d'un thriller policier et dramatique particulier
reposant en partie sur une question : à savoir si l'on a le
droit de se faire justice soit même lorsque un vice de procédure
permet à l'assassin d'une adolescente (ici, la fille de l'héroïne
incarnée par Sally Field) de recouvrer la liberté et ainsi
d'échapper à toute condamnation. Eye for an Eye
de John Schlesinger tente de répondre à cette épineuse question et
ce, de diverses manières. Ça n'est certainement pas par hasard si
l'acteur Ed Harris tient le rôle du beau-père de la jeune Julie et
non celui de son véritable géniteur. Ce qui permet au scénario
d'Amanda Silver et Rick Jaffa de modeler le personnage de Mack McCann
et de lui offrir l'opportunité d'avoir une opinion divergente de
celle de son épouse Karen qui elle, est la vraie mère de la jeune
femme et est bien décidée à faire payer au violeur et assassin de
sa fille, les crimes pour lesquels il n'a malheureusement pas été
condamné. D'un côté nous avons donc un Mack pourtant très attaché
aux siens mais relativement en retrait tandis que son épouse prend
des cours d'auto-défense, apprend à manier une arme à feu et
s'apprête à passer à l'action depuis qu'elle a découvert que
parmi les membres d'une association d'aide aux parents de victimes à
laquelle elle participe, certains ont choisi d'aider ceux qui veulent
se faire justice eux-mêmes...
Eye for an Eye
expose également une justice et une police qui ont les mains liées.
L'impossibilité de faire arrêter le criminel, de l'enfermer et
ainsi donc de l'empêcher définitivement de nuire. Les alternatives
ne se comptent pas par dizaines comme le démontre le long-métrage
de John Schlesinger qui contrairement à ce que laisse présager le
synopsis s'avère tout en nuance, l'héroïne étant convaincue de la
nécessité d'agir, avant de reculer, puis de finalement prendre une
décision ferme et définitive qu'elle espère n'engager qu'elle
seule. Sally Field et Ed Harris campent un couple relativement
touchant. John Schlesinger a su trouver la manière idéale de
représenter le couple, avec ses désaccords mais aussi ses diverses
sensibilités. Surtout, Eye for an Eye
évite de nous infliger une trop grande profusion de larmes ou une
violence trop explicite puisque celle-ci n'interviendra d'ailleurs
qu'à la toute fin. Outre le couple formé à l'écran par Sally
Field et Ed Harris, on retrouve l'acteur Joe Mantegna dans le rôle
du détective Denillo, mais aussi et surtout Kiefer Sutherland qui
ici, incarne le personnage de Robert Doob, le violeur et assassin en
question. En sociopathe cynique et pervers, il campe plutôt bien son
rôle même s'il demeure relativement discret à l'écran. En
réalité, le film tourne surtout autour de la mère de famille qui
après la mort de sa fille se mue peu à peu en une femme beaucoup
plus sûre d'elle et de sa force.
Un
''pouvoir'' qu'il sera sensiblement amusant de voir évoluer jusque
sur la couche des McCann où Karen semble avoir quelque peu perdu de
sa douceur ! Ici, nous sommes très loin de
Charles Bronson et du Justicier dans la Ville.
Loin d'être aussi bourrin et burné que ce dernier, le film de John
Schlesinger ne manque pas de charme et l'émotion s'invite en de très
petites occasions, prouvant que l'on est d'abord face à un film
plaidant la cause d'une mère de famille ayant perdu sa fille et que
l'on reste très éloigné du Paul Kersey du Justicier
de New York
ou du Leo Kessler du Justicier de Minuit.
Pourtant, si Eye for an Eye
n'est pas du tout désagréable à suivre, si le charme de Sally
Field ne laissera personne indifférent et si Kiefer Sutherland
s'avère parfois inquiétant, le long-métrage de John Schlesinger
demeure finalement assez anecdotique. Plaisant, mais pas inoubliable,
il permet de passer une agréable soirée mais laisse finalement peu
de souvenirs marquants une fois la projection terminée. Sympathique,
donc, mais certainement pas indispensable...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire