William Whitaker fume de
l'herbe, sniffe de la cocaïne mais surtout, consomme énormément de
bière et de vodka. Il a beau affirmer être en mesure de cesser de
boire quand il le veut mais cet excellent pilote de ligne n'en a
malheureusement pas le pouvoir. Lorsqu' il sauve une grande partie
des passagers du vol 227, il est d'abord érigé en héros. En effet,
sur plus de cent passagers, ''seulement'' quatre ont perdu la vie
ainsi que deux membres de l'équipage. Lui même blessé et alité
dans une chambre d’hôpital, il ne le sait pas encore mais des
prélèvements sanguins ont été effectués sur lui et ont révélé
dans son sang la présence de cocaïne ainsi qu'un taux d'alcool
supérieur à deux degrés. Son ami Charlie Anderson lui présente
lors d'un déjeuner l'avocat Hugh Grant qui lui explique dans les
grandes lignes ce qui risque d'arriver dans les prochains jours. Car
à la suite du crash et de ses conséquences sur les quatre passagers
qui ont perdu la vie, William Whitaker risque gros. Car s'il est
prouvé que l'accident est dû au fait qu'il ait été sous l'emprise
de la drogue et non la conséquence du mauvais état de l'appareil,
ce pilote émérite risque de finir ses jours en prison...
Dans le rôle de William
Whitaker, l'immense Denzel Washington. L'acteur interprète un homme
déchiré entre les remords et la conviction de n'avoir aucun lien
direct avec le crash. Robert Zemeckis réalise une œuvre forte où
le thriller se mêle au drame et à l'émotion. L'occasion de mettre
un individu qui a la responsabilité de centaines d'hommes et de
femmes chaque fois qu'il doit prendre les commandes d'un avion et qui
doit faire face désormais à ses addictions. Flight
est une œuvre puissante portée par l'interprétation douloureuse
d'un acteur qui n'a plus rien à prouver. Il se noue dans ce seizième
long-métrage de l'auteur de la trilogie Retour
vers le Futur,
de Forrest Gump,
de Seul au Monde
ou plus récemment de Bienvenue à Marwen
une troublante relation entre le pilote de ligne et la fragile Kelly
Reilly qui interprète la jeune toxicomane Nicole. Une relation qui
pourrait avoir des effets néfastes sur les addictions de William
mais qui, on l'espère, aura des conséquences positives...
Je
n'apprendrai rien à personne en précisant que Flight
est inspiré d'un fait divers authentique. Le 24 août 2001, le
commandant de bord d'un avion de modèle Airbus A330-200 parvient à
l'aide de son copilote Dirk de Jager à faire atterrir l'engin sur la
base aérienne numéro 4 de l'armée de l'air portugaise malgré
l'absence de moteurs. Après un long vol plané, le canadien Robert
Piché parvient grâce à son expérience de pilote à sauver les 293
passagers ainsi que les 13 membres de l'équipage. Un exploit qui
évidemment sera relaté dans les médias. Contrairement au
long-métrage de Robert Zemeckis, le véritable héros de cette
histoire authentique réussit à sauver la totalités des personnes
présentes à bord de l'avion. Ce qui diffère également entre le
film et l'incroyable histoire de Robert Piché demeure dans le fait
qu'au moment des faits, ce dernier n'était pas sous l'emprise de
l'alcool. Car aussi incroyable que puisse être ce récit d'un
sauvetage pratiquement inédit dans l'histoire de l'aviation
mondiale, il fut découvert que presque vingt ans en arrière, Robert
Piché fut condamné à six ans de prison pour avoir transporté de
la drogue alors qu'il venait de perdre récemment sa place dans la
compagnie aérienne Québecair...
En
modifiant l'histoire à sa guise, le scénariste John Gatins permet à
Flight
de prendre, sans mauvais jeu de mots, de la hauteur par rapport à ce
que vécut le pilote canadien. La raison d'être de ce récit adapté
sur grand écran par Robert Zemeckis onze ans après les faits n'est
plus simplement de démontrer l'acte héroïque d'un homme et sa
maîtrise face à une mort quasi certaine, mais de confronter
celui-ci à ses addictions, la justice des hommes et la recherche de
la vérité. Ponctué de formidables séquences comme la ''thérapie
de cage d'escalier'' entre le héros, l'héroïnomane et le
cancéreux, celle qui confronte le pilote à la commission lors de
laquelle, enfin, il abandonnera son orgueil d'alcoolique pour mieux
se confronter à la réalité de l'addiction, Flight
se
termine par cette toute dernière scène lors de laquelle lui rend
visite en prison son fils, intense moment d'intimité lors de
laquelle William Whitaker conclue de la plus belle des façons en
réponse à la question de celui-ci : ''Qui
es-tu ?''
par ces quelques mots : ''Excellente
question'...'...
Peu de films centrant tout ou partie de leur intrigue autour de
l'addiction peuvent se targuer d'être aussi forts, poignants et aussi magistralement interprétés. L’œuvre de
Robert Zemeckis rejoint donc ainsi le chef-d’œuvre de Mike Figgis,
Leaving Las Vegas...
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