Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 30 juin 2020

Fires on the Plain de Shinya Tsukamoto (2014) - ★★★★★★★★☆☆



Cinéaste japonais à la filmographie remarquable et aux thématiques démesurées, le réalisateur Shin'ya Tsukamoto s'est d'abord fait connaître avec le film culte cyberpunk Tetsuo en 1992. Puis il enchaîne ensuite à partir de 1995 toute une série de longs-métrages notables. De Tokyo Fist à Kotoko en 2011 en passant par Bullet Ballet en 1998, Gemini en 1999, A Snake of June en 2002 ou encore le troisième volet de la saga qui le rendit célèbre, Tetsuo the Bullet Man en 2009. Fires on the Plain est à ce jour son avant-dernier long-métrage. Shin'ya Tsukamoto y aborde le thème de la survie en pleine seconde guerre mondiale sur une île des Philippines. Sujet déjà abordé dans l’œuvre éponyme de Kon Ichikawa en 1959, les deux films sont adaptés du roman Nobi de l'écrivain, traducteur et critique littéraire japonais Shōhei Ōoka. Shin'ya Tsukamoto nous conte les mésaventures du soldat Tamura, un homme malade dont ne sait que faire sa hiérarchie qui l'envoie se faire soigner à plusieurs reprises dans un autre camp pour des problèmes respiratoires. Retournant sans cesse auprès des siens, il est battu, puis à nouveau renvoyé...

Jusqu'à ce qu'il décide de se séparer de son unité. Isolé dans la jungle, Tamura (qu'interprète Shin'ya Tsukamoto) tente de survivre et va très rapidement faire face aux horreurs de la guerre. Il apprend notamment de la bouche de trois soldats croisés par hasard que son unité a semble-t-il été décimée par l'ennemi qui peu à peu progresse dans les parages. Épuisé, et surtout affamé, Tamura n'en est cependant pas encore rendu aux pratiques exercées par certains individus qu'il sera mené à croiser. En effet, pour survivre, ceux-ci n'ont pas trouvé d'autre moyen que de recourir au cannibalisme... Dans un style nerveux et parfois épileptique qui le caractérise plutôt bien, Shin'ya Tsukamoto signe une œuvre forte qui mêle contemplation et visions nihilistes d'un conflit qui décima des millions d'individus. Le réalisateur japonais incarne donc ce héros de la guerre qui refuse de s'adonner à l'un des actes contre-nature les plus horribles qui soient et ce, malgré un appétit qui ne cesse de grandir au point de lui donner des hallucinations. À moins qu'il ne s'agisse plus ''simplement'' des horreurs auxquelles il est confronté...

Car Shin'ya Tsukamoto ne fait pas les choses à moitié. Et même si certaines séquences dues à un superbe travail en matière de photographie arborent de jolies teintes, le réalisateur passe le plus clair de son temps dans la merde. Jungle luxuriante, boue, et surtout, charniers. Des cadavres par dizaines que le personnage principal de cette virée en Enfer est pratiquement contraint de chevaucher s'il veut pouvoir espérer s'en sortir. Shin'ya Tsukamoto n'est peut-être pas Steven Spielberg ou n'a en tout cas pas les mêmes moyens financiers (Il faut Sauver le Soldat Ryan et ses soixante-dix millions de dollars), son Fires on the Plain demeure une œuvre marquante que l'on rangera sans doute plutôt aux côtés du chef-d’œuvre du réalisateur soviétique Elem Klimov Requiem pour un Massacre signé en 1985 que n'importe quel film de guerre américain. S'il apparaît parfois bricolé, Shin'ya Tsukamoto prend tout de même le temps avec Fires on the Plain de poser sa caméra pour de superbe plans dont certains mettent en scène le héros en ombres chinoises.

Un choix artistique qui ne peut alors que rendre plus crues les attaques de l'ennemi lorsque le réalisateur met notamment en scène le massacre de dizaines de soldats japonais qui tombent au sol par grappes entières. Shin'ya Tsukamoto s'attarde alors sur les corps démembrés, les viscères qui s'échappent de l'abdomen éclaté des victimes, le sang qui gicle par saccades. Des atrocités qui trouveront leur aboutissements lors d'actes de cannibalisme absolument tétanisants. Surtout, Shin'ya Tsukamoto parvient à se mettre en scène dans le rôle d'un soldat japonais perdant peu à peu la tête et ne ménage pas ses efforts pour faire de Tamura, un personnage crédible. Suffocant, gore, nihiliste mais parfois poétique, Fires on the Plain est un très grand cru de la part d'un cinéaste japonais important et surtout complet puisque Shin'ya Tsukamoto a non seulement réalisé le film, mais en a écrit le scénario, s'est chargé lui-même de la photographie, du montage et de la production...

lundi 29 juin 2020

Extracurricular Activities de Jay Lowi (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Je ne pensais pas l'écrire un jour, mais grâce ou à cause du réalisateur américain Jay Lowi, je me suis positionné pour la toute première fois ou presque de mon existence (l'une des rares fois fut à l'occasion du formidable Breakfast Club de John Hugues en 1985) du côté des adolescents et non plus de leurs parents. Ne comptent évidemment pas les expériences trash de John Waters ou de Lloyd Kaufman... Derrière ce titre énigmatique qu'est Extracurricular Activities formé d'un anglicisme délicat à traduire et d'un vocable dont il est inutile d'expliquer quelle en est la signification, le film cache une comédie noire au cynisme sans limites. Mais pourquoi donc ai-je changé de bord ? Simplement parce que chez Jay Lowi, les adultes sont vraiment, vraiment, vraiment cons. D'où l'idée financièrement juteuse pour le jeune Reagan Collins de proposer ses services à des gamins ne supportant plus leurs géniteurs au point d'avoir envie de s'en débarrasser. Ce jeune homme charmant et apparemment bien sous tout rapports, n'aimant ni boire, ni profiter de situations avantageuses (du style, sauter la plus jolie pom-pom girl du lycée tandis qu'elle est ivre) cache un tueur en série particulièrement méthodique. En effet, lorsqu'un contrat est ''signé'' entre Reagan et un ou plusieurs enfants de parents ne ''méritant plus'' de vivre, il est capable de mettre en scène des meurtres si ingénieux qu'ils ne ressemblent au final, à rien d'autre que des accidents...

Mais l'inspecteur Cliff Art Dawkins veille sur la petite localité ou plusieurs parents ont déjà perdu la vie dans diverses conditions. Très rapidement, celui-ci soupçonne Reagan et le traque avec autant de discrétion qu'un bœuf lâché dans une bibliothèque (!?!). Trop malin pour se laisser coincer, l'adolescent est le centre d'intérêt de Mary Alice Walker, la pom-pom girl évoquée plus haut et qui ne se doute pas que derrière le visage angélique et l'attitude chevaleresque de Reagan se cache un monstre... En traitant d'un sujet aussi sinistre sur le ton de l'humour sans prendre les spectateurs pour des idiots, là est la clé de la réussite de Extracurricular Activities. En effet, il ne s'agit plus simplement d'enfiler des perles en plastique tout en nous faisant croire qu'elles sont de culture. L’œuvre de Jay Lowi est aussi réjouissante dans la forme que dans le fond. Surtout, il peut compter sur un jeune Colin Ford prometteur, sobre et charismatique...

Il y a fort à parier qu'au départ le récit fera grincer des dents les plus réfractaires à la mode du jeunisme à tout crin. Pourtant, même si le héros et une grande partie de son entourage n'ont sans doute pas encore fêté leur passage à l'âge adulte, ceux-ci ont beau être mis en avant, le réalisateur n'en demeure pas moins critique à leur sujet. Car s'il en fait le bras armé d'une cause que l'on peut encore espérer kafkaïenne dans un monde qui mute pourtant actuellement dangereusement, Jay Lowi reste conscient de l'absurdité des actes perpétrés par Reagan Collins en les accompagnant systématiquement d'un humour noir que le public français ne saisira peut-être pas toujours du premier coup. Sans les débordements gore façon Society de Brian Yuzna, Extracurricular Activities se déroule presque dans un cadre lynchien où tout semble sinistrement modelé façon ''rêve américain''. Une proposition de Teen Movie originale, pas agaçante pour un sou (on y parle moins baise et alcool que dans la majeure partie des cas), accompagnée par une sous-intrigue policière portée par un excellent Timothy Simons dans le rôle de Cliff Art Dawkins. Et bien que le film de Jay Lowi prône avant tout l'humour noir, cela ne l'empêche pas de conclure son récit avec un cynisme et un nihilisme qui laisseront pantois ceux qui n'avaient pas d'avance prévu une chute pareille...

Sea Fever de Neasa Hardiman (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Tous les grands classiques de la science-fiction ont eu droit un jour ou l'autre à leur(s) ersatz. Au singulier ou au pluriel. Et rare (pour ne pas dire, aucun) furent à la hauteur de l’œuvre qui leur servit de source d'inspiration. L'un des derniers en date s'intitule Sea Fever et malgré son titre, non vous n'y trouverez pas l'alter ego aquatique de John Travolta dansant sur du disco vêtu d'une chemise cintrée au col façon ''pelle à tarte''. Rien à voir avec cette mouvance musicale des années soixante-dix. En réalité, nous sommes plus près ici, de la décennie suivante. Celle qui vit fleurir quelques pépites cinématographiques qui laissèrent le rouge aux joues de ceux qui eurent la primeur de les découvrir dans les salles obscures. Car il y a dans ce Sea Fever réalisé et scénarisé par Neasa Hardiman et d'origine irlando-belgo-britannico-américano-suédois (rien que ça), un peu du Abyss de James Cameron, pas mal de Cabin Fever d'Eli Roth (ouais, bon, je sais, celui là est sorti bien longtemps après les années quatre-vingt) mais aussi et surtout, beaucoup de The Thing de John Carpenter. Au point que cette chose directement sortie le 24 juin dernier en VOD ressemble davantage à un plagiat qu'à une œuvre simplement inspirée de cet immense chef-d’œuvre que sa fausse préquelle (mais vrai remake) n'a même pas réussi elle-même à détrôner.

Apportons maintenant une petite précision, mais sans arrière-pensée aucune. Sea Fever est l’œuvre d'une femme. Et par là, je veux bien entendu dire qu'elle l'a réalisé, mais qu'elle est également auteur du script. Et tant qu'à aller jusqu'au bout, le personnage principal est lui aussi, une femme. Si j'apporte cette petite précision, ça n'est pas dans l'intention de développer de délirantes théories misogynes qui n'iront de toute manière que de plus belle droit dans le mur. Non, juste parce que les quelques réalisatrices auxquelles je me suis frottées jusqu'à maintenant ont toutes fait preuve d'une sensibilité qui allaient de paire avec le sujet abordé. Ce qui n'est absolument pas le cas de ce long-métrage se déroulant quelque par dans l'Atlantique. C'est donc au beau milieu de nulle par ou du moins, de pas grand chose d'autre qu'une immense étendue d'eau, que sont venus se perdre les propriétaires d'un vieux chalutier en piteux état à bord duquel s'est invitée Siobhán, une jeune étudiante en biologie sous-marine. L’héroïne, c'est elle. Et du haut de son arrogance de toute jeune femme ou de vieille adolescente, vlà t'y pas qu'elle passera le plus clair de son temps à faire la gueule. On a parfois l'impression qu'elle prend les autres de haut, pauvres pêcheurs qui n'ont sans doute pas fait d'aussi longues études qu'elles. Pour l'empathie, on repassera. À dire vrai, il n'y a pas grande monde de sympathique parmi les propriétaires du rafiot, Gerard (Dougray Scott) et sa femme Freya (Connie Nielsen) ou membres d'équipages, machiniste compris...

Sea Fever commence pourtant d'abord par sentir très bon. Comme un doux parfum de nostalgie. L'espoir de revivre la formidable expérience The Thing sans les contraintes de l'Antarctique (c'est qu'on se les gèle tout là-bas !). Et puis, il y a ce petit quelque chose qui fait également penser à de très bons épisodes de X-Files avant d'être encore plus proche de Cabin Fever. La comparaison avec Abyss s'arrêtera quant à elle à la frontière de l'immense créature qui dans les profondeurs de l'océan étend ses immenses tentacules pour retenir la vieille bicoque. S'ensuit alors une série d'événements qui mis bout à bout auraient pu donner un excellent melting-pot de ces références mais dont le résultat ne tient absolument pas sur la durée. Tout le sel du climat paranoïaque du film de John Carpenter est dilué dans une intrigue mollassonne. Tout le merveilleux du voyage dans les profondeurs offert par James Cameron semble scrupuleusement écarté. Ne reste en fin de compte que ce mal étrange qui s'en prend aux membres de l'équipage et qui rappelle l'épidermique film d'horreur d'Eli Roth. L'une des sous-intrigues que la réalisatrice sème pourtant en court de route. Et c'est bien là l'essentiel du problème chez Neasa Hardiman. Des idées, la réalisatrice en a. Mais chaque fois qu'elle se lance dans un thème plus ou moins fantastique, elle ne semble pas y croire suffisamment pour le développer jusqu'à son terme. Les interprètes, eux, et à commencer par l'actrice britannique Hermione Corfield, font comme des automates, ce qu'on leur dicte de faire. D'un potentiel de départ plutôt intéressant, voire fascinant, Neasa Hardiman accouche d'une œuvre hybride inaboutie...

vendredi 26 juin 2020

Falling Down (Chute Libre) de Joel Schumacher (1993) - ★★★★★★★☆☆☆



Si nos pensées pouvaient agir comme les balles d'un revolver ou d'un fusil, chacun de nous sèmerait derrière lui mort et désolation. Qui peut se vanter de n'avoir jamais voulu la mort d'un voisin écoutant sa musique un peu trop fort, d'un automobiliste dressant son majeur devant son interlocuteur tout en le définissant sous divers noms d'oiseaux ou d'un type lui barrant la route à l'accueil d'une banque ou la caisse d'un supermarché ? Personne, convenons-en. Parfois il en est qui passent à l'acte comme William Foster, ce père de famille et ancien époux d'Elisabeth Travino dont il lui est interdit de s'approcher à moins de cent mètres. Aujourd'hui, la chaleur est écrasante et pris dans un immense embouteillage qui risque de le mettre en retard pour l'anniversaire de sa fille Adele, William pète littéralement un câble, sort de son véhicule et se met en route pour retrouver sa petite ''famille''. Mais en chemin, l'homme qui n'a plus toute sa raison va semer la mort et la terreur. Il s'en prend notamment au gérant d'une épicerie, à deux membres d'un gang de latinos, s'attaque à un fast-food puis à un vendeur de surplus militaire néo-nazi dont il abandonne derrière lui le cadavre. Alors que les victimes encore vivantes de Foster témoignent au commissariat, l'inspecteur Martin Prendergast dont c'est le dernier jour en poste avant la retraite s'intéresse de très près à cette affaire. Aidé par l'inspectrice prénommée Sandra, il se lance à la poursuite de William avant que celui-ci ne parvienne à ses fins : retrouver son ex-femme et leur fille Adele...

Sorti en France sous le titre Chute Libre, Falling Down est l'un des plus célèbres longs-métrages du réalisateur américain Joel Schumacher qui fut notamment responsable de Génération Perdue en 1987, L'Expérience Interdite en 1990, de deux films tournant autour du super-héros Batman ou de Phone Game en 2002 et Le Nombre 23 en 2007. Film d'action et policier sur fond de drame social poignant, Falling Down est littéralement habité par ses deux principaux personnages qu'interprètent Michael Douglas et Robert Duvall. Deux hommes lâchés dans un contexte urbain auquel le scénario de Ebbe Roe Smith et la mise en scène de Joel Schumacher apportent une aura de film post-apocalyptique dont le spectateur sentira poindre les premiers remous. Au delà du simple divertissement que le film semble être tout d'abord, le réalisateur américain s'efforce de dresser toute une liste de critiques envers ce pays qui l'a vu naître à New York le 29 août 1939 avant d'y mourir quatre-vingt ans plus tard d'un cancer. Quelles que soient les raisons qui animent William Foster, cet individu qui nous est tout d'abord décrit comme un homme tout à fait normal ayant perdu la raison après ce qui semble n'avoir été qu'un gros coup de chaleur, Joel Schumacher bat le chaud et le froid concernant celui-ci. En effet, car si à certaines occasions l'on peut s'émouvoir de cet homme qui ressent à tout pris le besoin de retrouver celles qu'il aime, le scénario le décrit également comme un être froid, violent et surtout, mentalement déséquilibré...

Face à lui, l'inspecteur Martin Prendergast, proche de la retraite, et qui lui-même doit faire face à des problèmes personnels même si de moindre importance. Méprisé de sa hiérarchie qui ne sait pas que sa peur apparente d'être confronté au monde extérieur au commissariat où il séjourne à longueur de journées est directement lié à son épouse Amanda (l'actrice Tuesday Weld), il est en revanche apprécié de certains de ses collègues et notamment de l'inspectrice Sandra qu'interprète l'actrice américaine originaire du Bronx Rachel Ticotin. À redécouvrir aujourd'hui ce film tout de même âgé de vingt-sept ans, on peut se demander dans quelles mesures il aurait pu ou pourrait encore servir de curseur prévisionnel dans un contexte où la vie dans des grandes cités telle que celle décrite dans le film ressemblent de plus en plus à des jungles où l'homme ne cesse de s'attaquer à ses semblables. Et comment Falling Down échappe-t-il aujourd'hui à la polémique lorsque l'on assiste à l'affrontement entre l'antagoniste et l'homme d'origine asiatique ou mexicaine ? Peut-être parce que Joel Schumacher prend de l'avance en se chargeant de lui opposer ensuite l'un de ces immondes représentants de la suprématie blanche adepte du dictateur Adolf Hitler et du troisième Reich...

''Après sept ans, vous savez ce qu'ils m'ont dit ? Que je n'étais pas économiquement viable...''

Là où Falling Down semble ne pas tout à fait assumer son statut de critique cynique envers son pays demeure dans les quelques trop discrètes insinuations que le réalisateur abandonne ensuite pour ne plus s’intéresser qu'à la traque du policier et au dingue qui en ville manifeste son ''grain de folie'' à travers des exactions que n'aurait sans doute pas renié le Terminator du long-métrage éponyme de James Cameron sorti neuf ans auparavant. Ghettoïsation, clochardisation, consumérisme et j'en passe. De menues séquences qui expriment l'état de notre société actuelle que la partition musicale de James Newton Howard rend encore plus marquantes, voire glaçantes. Le long-métrage de Joel Schumacher a la particularité d'être une œuvre profondément divertissante tout en étant cruelle, visionnaire et parfois nihiliste. Surtout, l'américain signa là l'un de ses meilleurs films...

Furîzu mî de Takashi Ishii (2000) - ★★★★★★★★☆☆



Jeune employée de bureau fiancée à Yûsuke Nogami et vivant seule dans un minuscule appartement à Tokyo, Chihiro Yamazaki fut victime cinq ans en arrière d'un viol orchestré par trois hommes dans son village natal. Depuis, la jeune femme a refait sa vie et semble s'en être plutôt bien remise. Mais un jour, alors qu'elle rentre du travail, l'un des trois violeurs du nom de Noboru Hirokawa refait surface et s’introduit chez elle en la menaçant de révéler à son entourage l'existence d'une cassette vidéo du viol. Contrainte d'accepter la présence chez elle de son bourreau, celui-ci la maltraite et abuse d'elle autant de fois qu'il en ressent le besoin. Mais il y a pire : en effet, Noboru annonce à Chihiro qu'il a communiqué la nouvelle adresse de la jeune femme aux deux autres violeurs Atsushi Kojima et Minoru Baba et que ceux-ci sont en route pour les retrouver. N'en pouvant plus de cette situation, Chihiro profite du fait que Noboru se détende dans un bain pour l'assassiner. Une fois l'homme décédé, elle l'enferme dans le réfrigérateur et attend patiemment que ses deux autres bourreaux viennent à leur tour ''frapper'' à sa porte. Et c'est Atsushi Kojima qui débarque le premier. Se confondant en excuses pour le viol qu'il a commis sur Chihiro, l'homme n'en est malheureusement pas moins malintentionné...

Déjà auteur de dix longs-métrages avant de réaliser ce digne héritier de L'Ange de la Vengeance d'Abel Ferrara, le cinéaste japonais Takashi Ishii signe avec Furîzu mî un rape an revenge étonnant et se déroulant presque exclusivement dans le minuscule appartement de la victime/héroïne interprétée par l'actrice et mannequin japonaise Harumi Inoue dont la carrière a tout d'abord débuté à la télévision japonaise en 1995 avant que les sirènes du cinéma ne fassent appel à elle pour la première fois en 1999 avec Gekkô no Sasayaki de Akihiko Shiota. Furîzu mî perpétue cette grande tradition du Rape and Revenge qui consiste généralement en la vengeance d'une jeune femme abusée par un ou plusieurs individus de sexe masculin. Après les classiques Thriller - en grym film de Bo Arne Vibenius en 1973, I Spit on Your Grave de Meir Zarchi en 1978 ou L'Ange de la Vengeance d'Abel Ferrara en 1981, Furîzu mî transpose donc le thème au pays du soleil levant. Une œuvre exotique qui n'en demeure pas moins sauvage dans le traitement qu'inflige la victime à ses violeurs...

Takashi Ishii ne traite jamais son sujet avec légèreté. Brutaux avec leur victime, la vengeance souvent graphique de celle-ci n'est qu'une juste réponse aux conséquences de leurs actes si datés soient-ils. Shingo Tsurumi, Kazuki Kitamura et Naoto Takenaka incarnent ces trois brutes qui tour à tour vont connaître un sort funeste mais mérité. Si dans la forme le film se révèle classique bien qu'assénant parfois quelques séquences particulièrement brutales (les meurtres), le fond évoque des thématiques parfois dérangeantes. Contrainte à la ''commodité'' de vivre successivement auprès de ses trois bourreaux sans pour autant être atteinte du ''syndrome de Stockholm'' , l'héroïne semble ne pas prendre la mesure de ce qui deviendra le mode d'existence d'une nécrophile. Prenant l'habitude de vivre au milieu de cadavres entassés dans des congélateurs récemment acquis, il ne lui vient pas forcément en tête de s'en débarrasser. 

Pire : la jeune femme semble ainsi nouer une étrange relation avec les cadavres désormais congelés. Furîzu mî déroule son cortège de sujets tabous sans une once d'ironie. En résulte une héroïne qui plutôt que d'être définitivement débarrassée de ses obsessions va plonger dans la folie. Une dégradation psychologique qui s'exprimera également de manière physiologique (Chihiro ne prend plus soin de son apparence), l'appartement finissant lui-même par témoigner du déséquilibre mental dans lequel est plongée sa propriétaire. Se rapprochant également du Répulsion de Roman Polanski à travers l'errance de son héroïne, Furîzu mî est une belle réussite dans les domaines qu'il incarne. Une œuvre ambitieuse, parfois sensuelle, souvent troublante, dérangeante et surtout essentielle qui se conclue de manière fort élégante. À découvrir d'urgence...

The Clearing de David Matalon (2020) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Premier long-métrage du réalisateur David Matalon après deux courts en 2013 et 2016, The Clearing reprend en partie le principe de La Nuit des Morts-Vivants de George Romero. Sans doute avec plus de moyens financiers qu'il n'en fallut au ''maître es zombies'' pour réaliser le premier volet de sa mythique saga, David Matalon accouche d'une œuvre qui lui est cependant inférieure. Bien que comme cinquante-deux ans auparavant, le héros de The Clearing est confronté à un événement auquel il n'était absolument pas préparé, le scénario revoit à la baisse tous les enjeux d'un script monolithique. Abandonnée la maison isolée abritant moins de dix personnages et créant ainsi une certaine tension parmi eux. Désormais, il ne faudra quasiment compter que sur la seule présence de Tom (l'acteur Liam McIntyre), poussé par son épouse à passer quelques jours en compagnie de leur fille Mira (Aundrea Smith) qui, soit dit en passant, aurait mérité de finir entre les mains des dix ou quinze assaillants qui vont tenter de déloger le père de famille de son camping car tandis que dehors, sa fille est en danger...

Les zombies laissent ici la place à une grosse poignée d'infectés. Un sujet mainte fois abordé et qui semble avoir déjà tout dit. Un sentiment que se propage à vitesse grand V tout comme cet étrange virus qui transforme n'importe qui en enragé. The Clearing semble n'avoir rien à raconter d'autre que les rapports conflictuels entre un père de famille et une fille qui observe son géniteur avec le regard embué de ces gamins qui croient tout mieux savoir que les adultes et le montrent avec un luxe de mépris dans leur attitude. Le sentiment d'urgence est réel concernant les infectés, leur violence et leur obstination à vouloir ajouter Tom et Mira à leur rang. Par contre, celui de survivre en commençant par trouver de quoi boire ou manger arrive tellement vite au centre des préoccupations du personnage principal qu'il devient inévitable de penser que David Matalon va trop vite. Mais la durée du film n'excédant pas les une heure et vingt-cinq minutes, ceci explique sans doute cela...

Comme dans tout bon ou mauvais film d'infectés, il est de bon ton de secouer la caméra dans tous les sens, comme prise d'une crise d’épilepsie afin de signifier la violence des assaillants. Un concept agaçant pour qui préfère avoir une lecture nette et précise des événements. À sa décharge, The Clearing n'en abuse heureusement pas. L'arrivée au bout d'une cinquantaine de minutes de l'acteur Steven Swadling dans le rôle du Ranger est une aubaine et évite au long-métrage de trop tourner en rond. Ayant éclusé tout ce qu'il avait en sa possession en terme de relation père/fille, David Matalon intègre donc un nouveau personnage en la personne d'un inquiétant ranger qui malgré son uniforme s'avère tout sauf rassurant. Steven Swadling partage avec Liam McIntyre parmi les meilleures séquences du film. Du moins celles qui méritent d'être sauvées. Le réalisateur tente vainement d'apporter une petite touche d'émotion dans une œuvre plutôt discrète en matière d'horreur. Quelques giclées de sang ne parviennent cependant pas à faire oublier la redondance des événements et l'indifférence avec laquelle David Matalon abandonne ses personnages aux spectateurs. Moins grotesque que beaucoup de ses concurrents, The Clearing est de ces longs-métrages qui se contemplent avant d'être très rapidement oubliés. Ambitieux mais jamais véritablement innovant, nanti d'une belle énergie et d'une bande-son ayant la fausse modestie de rendre bouleversant le récit, l’œuvre de David Matalon souffre d'arriver avec quelques années de retard...

jeudi 25 juin 2020

Seconds de John Frankenheimer (1966) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Avant d'avoir mis la main sur le dernier numéro de Mad Movies en partie consacré à la paranoïa sur grand écran vous n'en aviez jamais entendu parler ? Vous aimeriez bien avoir le temps d'y consacrer une heure et quarante sept minutes mais n'avez que trois minutes à lui accorder ? Ça tombe bien. Pas la peine de vous asseoir confortablement dans un fauteuil, mais juste celui de lancer le film et de suivre le générique conçu par le graphiste américain Saul Bass (auteur du film de science-fiction culte Phase IV). Une fois les trois minutes écoulées et qui, ô miracle, correspondent très exactement à la durée du dit générique, vous pourrez arrêter le film car ce qui fait suite à ces trois minutes absolument démentes n'est que pure perte... Ou presque. Et dire que je me suis laissé embarquer par l'article d'Alexandre Poncet et que je n'ai plus eu alors qu'une idée en tête : me procurer Seconds de John Frankenheimer qui fut, paraît-il, incompris à l'époque de sa sortie. Avec cette infinie sobriété qui me caractérise, j'ai tout d'abord pensé : ''Encore des enc... de critiques qui n'ont rien compris à cet art souvent subjectif qu'est le septième art''... Après avoir tourné sept fois ma langue dans ma bouche juste après avoir pris soin de laver celle-ci avec du savon, j'ai compris sans mal d'où venait le problème : Seconds est chiant. Mais attention, ici pas de film léthargique qui laisse des traces. Non, le genre à vous emmerder au point de consulter votre montre (réveil, téléphone portable, horloge murale) toutes les quatre ou cinq minutes. C'était trop beau pour être vrai, le film n'étant dès lors plus en mesure de tenir ses promesses au delà des seules trois premières minutes...

Et pourtant, certains choix demeurent judicieux. Comme l'emploi d'une caméra subjective, des gros plans filmant le personnage principal de très près et légèrement en contre-plongée, des vues à hauteur... d'enfant et l'usage d'optiques anamorphiques carrément sidérants et faisant peser sur Seconds le poids d'une paranoïa sans cesse grandissante chez le personnage d'Arthur Hamilton interprété par l'acteur John Randolf. À dire vrai, on se demande pourquoi Saul Bass ne s'est pas lui-même chargé de réaliser le film dans son intégralité car John Frankenheimer, lui, a alourdi le fond et la forme. Ah ! J'oubliais de préciser que la musique est l’œuvre du légendaire compositeur Jerry Goldsmith qui crée une angoissante cathédrale sonore dont le passage par les Grandes Orgues donne à Seconds des airs de film d'épouvante dans ce que le genre représente le mieux. Peut-être les fans du polonais Roman Polanski trouveront-ils à redire sur cette approche parfois visuellement proche de son Répulsion sorti presque un an auparavant. Mais Polanski lui-même ne se servira-t-il pas en partie à son tour du long-métrage de l'américain pour son terrifiant The Tenant (Le Locataire) dix ans plus tard et sa Simone Choule suicidée la tête emmaillotée sous des bandages ? Un juste retour aux sources. Inspiré, mais aussi inspirant est Seconds qui rappellera que la méthode employée par le chef-opérateur Zbigniew Rybczynski sur le tournage du traumatisant Schizophrenia de Gerald Kargl était loin d'être tout à fait innovante puisque déjà dix-sept ans auparavant, James Wong Howe faisait de même en collant au plus près des personnages du long-métrage de John Frankenheimer...

À l'origine, le scénario de Lewis John Carlino est inspiré par le roman de l'écrivain américain David Ely. Naît alors un long-métrage au synopsis aguicheur dont on élargira le concept au delà du simple thriller parano qu'il semble être. Avec un peu d'imagination (et même parfois énormément), Seconds évoque une mise à jour de la notion du mort-vivant qui dans le cas présent n'est pas vraiment mort ni tout à fait vivant. Une vision cependant beaucoup plus intellectuelle que déliquescente de ce genre le plus souvent mortifère. Paranoïa encore lorsque le film évoque d'une certaine manière le classique de la science-fiction Invasion of the Body Snatchers signé dix ans plus tôt par Don Siegel et auquel on aura droit de lui préférer le remake de Philip Kaufman réalisé 12 ans plus tard (sans parler des versions d'Abel Ferrara en 1993 et d'Oliver Hirschbiegel en 2007). Rien de plus angoissant que de découvrir qu'autour du ''héros'' n'évoluent que des hommes et des femmes tout comme lui ''façonnés'' par la chirurgie esthétique, lavage de cerveau à l'appui. Le réalisateur se joue également de la contre-culture hippie avec ses ouailles fêtant la fin d'un cycle en se vautrant nus dans un fut rempli de raisin lors d'une séquence évoquant leur nature ouvertement sectaire (fête païenne, sexualité débridée, chants répétés à l'envi). Seconds possède donc quelques moments forts.

Comme cette incroyable séquence lors de laquelle le héros pas encore passé sous le bistouri du chirurgien traverse un couloir que n'aurait sans doute par renié le surréaliste Salvatore Dali pour aller violer une jeune femme allongée sur un lit. Perspective déformée comme dans un cauchemar pour un résultat pour le coup, carrément bluffant. Précision importante qui participe à l'originalité du film tout en plombant en grande partie l'intrigue, John Randolph est à l'issue d'une grosse demi-heure, remplacé par l'acteur Rock Hudson qui dans la peau d'un homme tout neuf dont l'ancienne existence vient d'être purement et simplement rayée de l'Histoire avec un grand H à coups de bistouris, campe un homme-enfant. Apeuré de tout, sensible au contact charnel, le spectateur est en droit de se poser des questions quant à son incarnation. Pas toujours très convaincant à l'image, il réagit souvent tel un pantin qui attend que son réalisateur lui donne des directives. En résulte un étrange sentiment. Ce qui n'est en fait que la partie congrue d'un film qui passe trop de temps à se mirer dans des séquences interminables et sans substance. La faute à des dialogues incapables de s'élever au niveau du scénario. Au final, Seconds s'avère être une très grande déception. À titre personnel, je me voyais déjà revivre la formidable expérience du Shock Corridor de Samuel Fuller. Mais avec John Frankenheimer, ce fut malheureusement ici la désillusion...

mercredi 24 juin 2020

La Nuit de la Mort de Raphaël delpard (1980) - ★★★★★★☆☆☆☆



Je m'étais promis de le voir celui-ci. Juste après avoir lu l'excellent dossier que lui ont consacré David Didelot, Patrick Callonnec et Jean-Sébastien Caboury dans le numéro 17 de Vidéotopsie. Éviter la redondance va se révéler un challenge de taille car si l'on considère la chose en des termes similaires, il est un fait que le film semble emprunter à d'autres quelques bonnes idées. Du Locataire de Roman Polanski, le cinéaste français Raphaël Delpard dont il s'agit ici du troisième long-métrage après le porno (soft?) Perversions en 1976 et la comédie Ça va pas la Tête en 1978, il intègre une galerie de personnages similaires. Ambigus, révélant des faciès inquiétants. Filmés parfois dans la pénombre et le visage blafard lorsque produit l'étrange cérémonie cannibale. Nous sommes en 1980, et au tout début des années quatre-vingt, on ne peut pas dire qu'en France les films d'horreur et d'épouvante pullulent sur le territoire hexagonal. Quant au gore, il faudra sans doute attendre jusqu'au Baby Blood d'Alain Robak en 1989 pour avoir l'honneur d'assister à un spectacle acceptable. Pourtant, c'est bien neuf ans plus tôt que le film de Raphaël Delpard débarque sur les écrans. Si le film n'attire pas les amateurs d'hémoglobine par millions, ça n'est sans doute pas à cause de ses qualités car contrairement à un Jean Rollin plus proche de la série Z que B, Raphaël Delpard réalise une œuvre pas tout à fait dispensable et même relativement surprenante.

Arghhh ! Si seulement ses interprètes n'étaient pas si mauvais pour la plupart, cette petite bande horrifique que certains tiennent comme culte ornerait peut-être le haut des étagères consacrées aux classiques de l'horreur et de l'épouvante. Si la véritable héroïne de La Nuit de la Mort est Isabelle Goguey (Le Pouvoir du Mal, La Grande Récré, Les Phallocrates), c'est évidemment la présence de Charlotte de Turckheim qui intrigue. Dans le rôle de Nicole, jeune infirmière aux services de la directrice d'une maison de retraite un peu spéciale (Betty Beckers dans la peau d'Hélène), l'actrice et humoriste ne va malheureusement pas faire long feu. Remplacée par la jeune et jolie Martine, foutue à poil, allongée sur une large table en bois, éventrée, éviscérée puis dévorée, on la retrouve plus tard suspendue à un crochet à viande que n'aurait sans doute pas renié une célèbre 'Tronche de Cuir'. Quelques effets gores du plus bel effet parsèment donc cette Nuit de la Mort mise en musique par le compositeur et chef d'orchestre Laurent Petitgirard qui se fera surtout connaître grâce à la série télévisée Maigret (la version avec Bruno Cremer) bien qu'il ait également composé un certain nombre de bande originales de films pour le cinéma.

Deux ou trois thèmes particulièrement austères ne venant surtout pas briser la monotonie des lieux où vivent des vieillards qui ressemblent davantage à des vampires qu'à de gentils retraités. Bien que le film ne soit pas à la hauteur sur certains points (il est très rare que l'on ressente le moindre sentiment de peur, les jump scares sont déficients et l'interprétation parfois médiocre), on passe cependant un assez agréable moment, le rythme et l'atmosphère trouvant malgré tout une belle impulsion lors du dernier quart-d'heure avec, un final inattendu bien qu'assez mal mené. En effet, en parallèle aux agissements des pensionnaires de la maison de retraite sévit un tueur qui transperce la gorge de ses victimes à l'aide d'une aiguille en or. Le sujet étant traité de manière relativement laconique, l'inefficience du climax final s'en ressent fortement. Bien que La Nuit de la Mort ne fasse pas partie des grands classiques de l'épouvante, on pourra toujours arguer avec un certain chauvinisme que Raphaël Delpard, bien avant Kevin Connot et son Motel Hell (les pensionnaires tentent de faire prendre du poids à leur futur repas tandis que le fermier de Motel Hell gavait ses victimes), ou Tony Scott et The Hunger (étrange similitude des corps qui se dégradent dès lors que leur est refusé leur comptant de sang humain), avait évoqué des situations reprises plus tard d'autres, et ce, bien entendu, par le plus grand des hasard. Au titre des interprètes qui retiennent notre attention, nous noterons la présence de Michel Flavius dans le rôle de Flavien, de type 'Igor', ce personnage rencontré dans bon nombre de récits et de films et dont l'un des plus connus demeure l'assistant du célèbre Frankenstein. Ce parfait inconnu qui ne semble pas avoir joué dans d'autres longs-métrages s'en sort relativement bien. Tout comme l'actrice Betty Becker qui elle, par contre, joua dans une trentaine de films.

vendredi 19 juin 2020

Sharknado 3: Oh Hell No! de Anthony C. Ferrante (2015)



Je sais, je sais... ça ne fait pas sérieux de parler d'un troisième épisode sans avoir vu les deux précédents. Mais faut me comprendre, j'ai eu une petite baisse de régime. Dépression ? Je ne crois pas. Le travail ça va, les amours aussi. Non, c'est juste qu'après m'être infligé Sharktopus VS. Pteracuda et Avalanche Sharks, j'ai fini par croire qu'il n'y avait plus aucun espoir de trouver la perle rare. Et puis, est arrivé Sharknado 3 – Oh Hell No. Là, je me suis dit que la licence était forcément juteuse et de qualité pour que des producteurs aient envie d'enfoncer le clou. Oh, j'ai bien jeté un œil aux quinze-vingt premières minutes du premier volet mais je n'ai pas eu la force d'aller jusqu'au bout. La faute à Ian Ziering, vous savez, le pote de Brandon dans la série Beverly Hills. Mais si, Steve Sanders, le blond bouclé à la gueule d'ange, immature et pété de thunes, qui peut compter sur papa en cas de pépin. Le papa, oui... Vous le faites exprès ? Jed Allan. L'acteur qui interpréta le rôle du chef du clan des Capwell dans le Soap Opera Santa Barbara de 1986 à 1993. Enfin bref, Ian Ziering étant aussi doué dans l'interprétation de son personnage qu'une baleine a d'aisance dans une baignoire, j'ai arrêté de me torturer l'esprit en quittant net la projection.

Et voici que pas plus tard qu'aujourd'hui, je remets le couvert directement avec le troisième épisode. Toujours avec le même principal interprète : Ian Ziering. Je vais être clair. Si vous avez des courses à faire, c'est le moment. Lancez le film et ne vous occupez de rien. Avec un peu de chance, lorsque vous serez rentré du supermarché Sharknado 3 – Oh Hell No! sera terminé. Parce que, que vous ayez la patience ou même le temps de suivre les nouvelles aventures de Fin Shepard ou non, le résultat sera le même.

Des milliers de requins volants menacent la vie de millions de gens. Washington (ou ce qu'il en reste) est en alerte. Fin Shepard reprend donc du service après avoir été honoré, par le Président des États-Unis d'Amérique, de la Médaille Présidentielle de la Liberté. Armé donc de sa tronçonneuse et de ton un panel d'armes à feux, il va donc tenter, en compagnie de ses amis et de sa famille, de sauver le monde (du moins, toute la côte est des États-Unis).
Le fruit du hasard veut que chaque fois que je découvre un film de requin, le dernier soit pire que le précédent. Et Sharknado 3 – Oh Hell No! ne fait pas exception à la règle. Mon dieu que c'est mauvais. Le fait même qu'il s'agisse du troisième volet de la série ne prouve donc en rien que l’œuvre du tâcheron Anthony C. Ferrante soit une réussite. Déjà, des requins-tornades... enfin bon, passons. L'interprétation est "juste" pitoyable. Ian Ziering revêt le visage du héros dont les states semblent rêver depuis toujours. Une sorte de super-soldat qui montre toute sa bravoure dans des ralentis plu hilarants encore que les meilleures répliques des Bronzés.

Et quel intérêt de revenir sur les effets-spéciaux qui, une fois de plus paraissent odieusement datés ? Quand au casting, il s'étoffe de quelques figures bien connues du cinéma et de la télévision. Le fatigué David Hasselhoff qui porte sur le visage les marques de l'alcoolisme, Bo Derek étonnamment bien conservée ainsi que l'acteur comique français Bruno Salomone. Wouaw, quel casting... … … en réalité, on s'en tape ! Sharknado 3 – Oh Hell No! est un navet. Comme le furent les deux premiers volets, et, malheureusement, comme risque de l'être le prochain, prévu pour l'année prochaine. On en devine déjà le contenu : en effet, un court passage dans l'espace laisse présager des requins dans l'espace. De quoi presser le citron encore un peu plus. Mais a-t-il encore assez de jus à donner ?

mercredi 17 juin 2020

Jagged Edge de Richard Marquand (1985) - ★★★★★★★★☆☆



Avec Jagged Edge, avant dernier long-métrage du réalisateur Richard Marquand qui avant cela réalisa notamment Psychose Phase 3 en 1979, Le Retour du Jedi en 1983 et French Lover l'année suivante, les spectateurs furent victimes en 1985 de l'une des manipulations les plus remarquable à laquelle ait donné naissance le septième art. Scénariste, journaliste et romancier, le hongrois Joe Eszterhas a en effet écrit un scénario dont la perversité n'a d'égal que son incroyable dénouement. Pourtant, Jagged Edge qui chez nous est sorti sous le titre À Double Tranchant, a tout du long-métrage classique mettant en scène le procès d'un homme accusé du double meurtre de son épouse et de leur gouvernante. Mais là où l’œuvre de Richard Marquand se démarque du tout commun, c'est dans l'évolution de l'intrigue et donc, du dit procès, où chaque intervention, chaque témoin vient remettre en cause les acquis. Pour accentuer le réalisme et faire de l'héroïne remarquablement interprétée par l'actrice Glenn Close, la ''victime'' elle aussi des apparences, scénariste et réalisateur lui font porter le poids de la mort d'un homme qu'elle n'a pas su faire acquitter quatre ans plus tôt alors qu'elle le savait innocent. Un condamné qui d'ailleurs vient justement de se suicider dans sa cellule, quelques jours seulement avant le procès de Jack Forrester, l'homme accusé d'avoir tué sa femme et la gouvernante. De quoi fragiliser l'avocate Teddy Barnes...

Comme le veut ce type de long-métrage, une bonne partie est consacrée au procès à proprement parler. Aux côtés d'un Jeff Bridges séducteur incarnant Jack Forrester et face à un Peter Coyote capable de faire disparaître des éléments de l'enquête n'allant pas dans le sens qu'il voudrait voir prendre au procès, Glenn Close campe une avocate en tailleur couleur crème, brune ou bleue, rayé ou non pour laquelle chaque détail compte (n'impose-t-elle pas à son client de porter un costume de couleur bleu foncé ?). Au détour de plusieurs séquences, le spectateur aura tout loisir de retrouver des seconds rôles intéressants. À l'image de Lance Henriksen, de Marshall Colt (lequel est essentiellement connu chez nous pour avoir été l'un des deux personnages centraux de la série télévisée Loterie diffusée en 1983), de James Karen (que l'on a pu notamment découvrir dans certaines œuvres fantastiques telles Poltergeist de Tobe Hopper en 1982, Le Retour des Morts-Vivants de Dan O'Bannon en 1985 ou L'Invasion vient de Mars l'année suivante). Mais l'on retiendra certainement surtout celle de Robert Loggia qui dans la peau de l'investigateur Sam Ranson est fidèle à lui-même, c'est à dire totalement crédible...

Ici, le spectateur ne doit surtout pas s'attendre à de quelconques scènes d'action ou de cascades. Pas de fusillades entre police en gangsters. Non, juste le récit diabolique d'une affaire judiciaire que seuls les plus malins ou les plus aguerris à ce genre de mécanique parviendront à dénouer avant les toutes dernières minutes. Glenn Close et Jeff Bridges brillent dans ce duo dont la relation s'avère parfois ambiguë plus que de mesure. Peter Coyote en avocat impitoyable capable d’annihiler tout sens moral au profit du résultat est lui aussi remarquable. En fait, ce qui généralise les personnages de cette incroyable machination demeure cette forme d’ambiguïté qui parasite un certain nombre d'entre eux. Jagged Edge est une très grande réussite. Richard Marquand et ses interprètes font honneur au scénario de Joe Eszterhas. Imparable !!!

Every Which Way But Loose de James Fargo (1978) - ★★★★★★★★☆☆



Every Which Way But Loose (ou Doux, Dur et Dingue sur notre territoire) est le trente-quatrième long-métrage de Clint Eastwood en tant qu'acteur et le troisième en tant que réalisateur pour James Fargo. Pour les deux hommes, il est surtout leur seconde collaboration après L'Inspecteur ne Renonce Jamais, troisième film du cycle Dirty Harry amorcé en 1971. Every Which Way But Loose est l'occasion de retrouver Clint Eastwood dans le rôle de Philo Beddoe, un amateur de bière, de musique country, mais surtout de bagarre. Son ami Orville Boggs (l'acteur Geoffrey Lewis avec lequel Clint Eastwood jouera à plusieurs reprises et notamment dans le chef-d’œuvre L'Homme des Hautes Plaines. À noter qu'il est également le père de l'actrice Juliette Lewis) organise des combats à mains nues que Philo remporte sans trop de difficultés. Accompagné en outre d'un orang-outang prénommé Clyde, Philo fait un soir la connaissance de la chanteuse de country Lynn Halsey-Taylor dont il tombe assez rapidement amoureux. Malgré les apparences, l'homme est naïf et ne perçoit pas le jeu dans lequel l'emmène la jeune femme qui très vite va s’éclipser au volant de sa vieille caravane gris-métallisé.

Lancés à sa poursuite, Philo, Clyde et Orville qui en chemin récupère sur une aire d'autoroute la vendeuse de fruits et légumes Echo (l'actrice Beverly D'Angelo) sont de leur côté, plus ou moins discrètement suivis par deux flics que Philo a malencontreusement envoyé au tapis un soir lors d'une bagarre dans un bar, ainsi que par une bande de motards surnommés les ''Black Widows'' dont le chef est un certain Cholla (savoureux John Quade) et qui tous, veulent en découdre avec Philo. En chemin, ce dernier aura l'occasion en outre, de rencontrer le mythique Tank Murdock (Walter Barnes) lors d'un combat et de montrer surtout, toute son humanité. Le personnage de Lynn Halsey-Taylor est interprété à l'écran par l'actrice Sondra Locke qui partagera durant de longues années une relation adultère avec Clint Eastwood, les deux amants étant mariés chacun de leur côté. Elle y incarne une jeune et séduisante chanteuse qui joue de ses charmes pour gagner suffisamment d'argent pour elle et son petit ami. En forme de road-movie, Every Which Way But Loose est une comédie où la musique country se partage les faveurs d'un script tournant autour des combats à mains nues et de l'idylle un peu bancale que partagent Clint Eastwood et Sondra Locke. Au détour de plusieurs séquences, on retrouve l'actrice Ruth Gordon dans le rôle de Mémé, une vieille dame acariâtre qui tente à plusieurs reprises de passer son permis de conduire...

Si le long-métrage ne propose pas de scénario à proprement parler en dehors du road-movie justement, il fonctionne à travers des sous-intrigues qui empêchent l'ennui de s'inviter. Les combats sont dynamiques, la présence de l'orang outang et surtout des bikers est l'occasion de beaucoup rire, Ruth Gordon est attachante, comme le sont d'ailleurs la plupart des personnages dont une grande majorité est caricaturée pour le plaisir du spectateur. Quarante-deux ans après sa sortie, Every Which Way But Loose n'a absolument pas perdu de sa fraîcheur. Notons également la présence de l'acteur William O'Connell que les amateurs de westerns reconnaîtront facilement pour son inoubliable faciès (un détail remarquable que partage au demeurant une grande partie du casting) et qui incarna un formidable barbier poltron dans, encore une fois, l'excellentissime L'Homme des Hautes Plaines de et avec Clint Eastwood. Deux ans plus tard, nombre d'interprètes reprendront du servive pour la séquelle intitulée Any Which Way You Can (Ça va cogner) mais cette fois-ci réalisée par Buddy Van Horn...
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