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vendredi 26 juin 2020

Furîzu mî de Takashi Ishii (2000) - ★★★★★★★★☆☆



Jeune employée de bureau fiancée à Yûsuke Nogami et vivant seule dans un minuscule appartement à Tokyo, Chihiro Yamazaki fut victime cinq ans en arrière d'un viol orchestré par trois hommes dans son village natal. Depuis, la jeune femme a refait sa vie et semble s'en être plutôt bien remise. Mais un jour, alors qu'elle rentre du travail, l'un des trois violeurs du nom de Noboru Hirokawa refait surface et s’introduit chez elle en la menaçant de révéler à son entourage l'existence d'une cassette vidéo du viol. Contrainte d'accepter la présence chez elle de son bourreau, celui-ci la maltraite et abuse d'elle autant de fois qu'il en ressent le besoin. Mais il y a pire : en effet, Noboru annonce à Chihiro qu'il a communiqué la nouvelle adresse de la jeune femme aux deux autres violeurs Atsushi Kojima et Minoru Baba et que ceux-ci sont en route pour les retrouver. N'en pouvant plus de cette situation, Chihiro profite du fait que Noboru se détende dans un bain pour l'assassiner. Une fois l'homme décédé, elle l'enferme dans le réfrigérateur et attend patiemment que ses deux autres bourreaux viennent à leur tour ''frapper'' à sa porte. Et c'est Atsushi Kojima qui débarque le premier. Se confondant en excuses pour le viol qu'il a commis sur Chihiro, l'homme n'en est malheureusement pas moins malintentionné...

Déjà auteur de dix longs-métrages avant de réaliser ce digne héritier de L'Ange de la Vengeance d'Abel Ferrara, le cinéaste japonais Takashi Ishii signe avec Furîzu mî un rape an revenge étonnant et se déroulant presque exclusivement dans le minuscule appartement de la victime/héroïne interprétée par l'actrice et mannequin japonaise Harumi Inoue dont la carrière a tout d'abord débuté à la télévision japonaise en 1995 avant que les sirènes du cinéma ne fassent appel à elle pour la première fois en 1999 avec Gekkô no Sasayaki de Akihiko Shiota. Furîzu mî perpétue cette grande tradition du Rape and Revenge qui consiste généralement en la vengeance d'une jeune femme abusée par un ou plusieurs individus de sexe masculin. Après les classiques Thriller - en grym film de Bo Arne Vibenius en 1973, I Spit on Your Grave de Meir Zarchi en 1978 ou L'Ange de la Vengeance d'Abel Ferrara en 1981, Furîzu mî transpose donc le thème au pays du soleil levant. Une œuvre exotique qui n'en demeure pas moins sauvage dans le traitement qu'inflige la victime à ses violeurs...

Takashi Ishii ne traite jamais son sujet avec légèreté. Brutaux avec leur victime, la vengeance souvent graphique de celle-ci n'est qu'une juste réponse aux conséquences de leurs actes si datés soient-ils. Shingo Tsurumi, Kazuki Kitamura et Naoto Takenaka incarnent ces trois brutes qui tour à tour vont connaître un sort funeste mais mérité. Si dans la forme le film se révèle classique bien qu'assénant parfois quelques séquences particulièrement brutales (les meurtres), le fond évoque des thématiques parfois dérangeantes. Contrainte à la ''commodité'' de vivre successivement auprès de ses trois bourreaux sans pour autant être atteinte du ''syndrome de Stockholm'' , l'héroïne semble ne pas prendre la mesure de ce qui deviendra le mode d'existence d'une nécrophile. Prenant l'habitude de vivre au milieu de cadavres entassés dans des congélateurs récemment acquis, il ne lui vient pas forcément en tête de s'en débarrasser. 

Pire : la jeune femme semble ainsi nouer une étrange relation avec les cadavres désormais congelés. Furîzu mî déroule son cortège de sujets tabous sans une once d'ironie. En résulte une héroïne qui plutôt que d'être définitivement débarrassée de ses obsessions va plonger dans la folie. Une dégradation psychologique qui s'exprimera également de manière physiologique (Chihiro ne prend plus soin de son apparence), l'appartement finissant lui-même par témoigner du déséquilibre mental dans lequel est plongée sa propriétaire. Se rapprochant également du Répulsion de Roman Polanski à travers l'errance de son héroïne, Furîzu mî est une belle réussite dans les domaines qu'il incarne. Une œuvre ambitieuse, parfois sensuelle, souvent troublante, dérangeante et surtout essentielle qui se conclue de manière fort élégante. À découvrir d'urgence...

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