Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mardi 16 avril 2019

Папа, умер Дед Мороз de Evgeniy Georgievich Yufit (1991) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Ahhhh, le cinéma russe. Ces longs-métrages chiants comme la mort quand on est gosse et qui fascinent bien après que nos derniers boutons d'acné se soient fait la malle. Ces interminables plans... silencieux... figés... On commence par Andreï Tarkovski, FACILE ! (ouais, enfin, c'est quand même pas du Kubrick... T'as raison, en effet, C'est MIEUX!), puis on continue avec Wojciech Has, tout en passant faire un tour chez Piotr Szulkin. Ces trois là, forcément, sont des indispensables... Jusqu'au jours où l'on voit débarquer Evgeniy Georgievich Yufit et son Папа, умер Дед Мороз au format 4:3. Noir et blanc, alphabet cyrillique, économie de moyens... Exemple (qui prouve que le russe a tout compris dans la manière d'aborder l'existence de ses personnages) : un voyage en train, ça n'est certes pas Patrick Dewaere tétant le sein de Brigitte Fossey devant le regard amusé de Gérard Depardieu. Non, un voyage en train, c'est un type et une femme filmés en légère contre-plongée, caméra fixée au sol, le bruit des roues métalliques frappant les rails avec la régularité d'un métronomes. Lui, perdu dans ses pensées, elle, un peu étrange, les traits tirés, l’ovale du visage fatigué. Ça peut durer des heures... nous endormir, nous hypnotiser, tel un pendule placé devant nos yeux. Du cinéma contemplatif comme Lar Von Trier en produisit au début de sa carrière...

Sauf qu'Evgeniy Georgievich Yufit se branle littéralement du placement de la caméra, décapitant parfois ses interprètes, plaçant son objectif de manière bancale. Mais sans jamais oublier de démontrer parfois qu'il en a dans le ventre lorsqu'il s'agit de prouver ses capacités en matière de mise en scène. Comme lorsque notre ''héros'' descend du train, scrute en un très fragile mais néanmoins réussi travelling, un groupe d'individus s'affairant sur un corps recouvert d'un linceul blanc. Un plan-séquence à la ''russe''. Sans prise de risque vraiment osée. Tout est toujours dans la langueur... Même lorsque le ''héros'' court, la caméra reste plantée sur place. Demeure aux côtés du spectateur tandis que le personnage s'éloigne pour devenir fourmi...

Et puis, peu à peu, l'on plonge dans une sorte d'apesanteur infernale. Notre ''héros'' croise la route d'un cousin qu'il n'a jamais connu. L'austérité prime. Les plans s'étirent, s'étirent, et s'étirent encore, à l'infini, comme si le cinéaste avait mis sur pause ses personnages. Même si ce fait est relativement difficile à déceler, Папа, умер Дед Мороз serait, paraît-il, très librement inspiré d'une nouvelle mineure de l'écrivain russe Alexis Nikolaïevitch Tolstoï intitulée Une Famille de Vampires, et dans laquelle le romancier décrit le voyage du marquis d’Urfé dans un village de Serbie où il est accueilli par une famille de paysans. Il y découvre alors l'existence des ''vourdalaks'', ou vampires slaves, et manque de peu d'en devenir un lui-même après être tombé sous le charme de l'unE d'entre eux... Папа, умер Дед Мороз intéressera donc en priorité les vampirologues acharnés compulsifs. De ceux qui n'acceptent guère de passer à côté de la moindre production leur offrant l'opportunité de découvrir de nouveaux descendants du fameux Dracula de Bram Stoker.

Pour les autres, la pilule risque d'être difficile à avaler. Evgeniy Georgievich Yufit livre une œuvre expérimentale troublante. Si les dialogues sont rares et paraissent parfois n'avoir rien de commun avec le sujet abordé, ils sont en outre de temps en temps remplacés par des borborygmes incompréhensibles. Папа, умер Дед Мороз prend des allures de rituel païen. Des images sans dialogues explicatifs. Tantôt insignifiantes, tantôt splendides. Le cinéaste a l'art remarquable de mettre en scène des corps sans vie d'un vérisme parfois déconcertant. Il reste ardu d’émettre une opinion objective devant ce qui demeure un véritable OFNI. Tout au plus pourra-t-on ressentir l'étrange sensation d'avoir vécu une expérience réellement inédite, confinant à l'ennui pour certains, et au dépaysement pour les autres... A chacun de se faire sa propre idée... A titre personnel, j'avoue avoir eu beaucoup de mal à rester concentré jusqu'au bout malgré quelques séquences fort intéressantes...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...