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jeudi 17 juin 2021

Glass de M. Night Shyamalan (2019) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Les super-héros/super-vilains existent-ils, veulent-ils être reconnus et plus encore, le méritent-ils ? Quel apport peuvent-il avoir sur notre société ? Incassable, Split et Glass forment un ensemble, un tout, mais cet état des choses est-il immuable ? Glass est peut-être le volet de trop. Celui d'une trilogie qui aurait dû se contenter de n'être qu'un diptyque. Une œuvre qui impose la même posture que Split tout en cherchant à l'améliorer. Rendre le spectacle plus exaltant encore, quitte à démultiplier ad nauseam un même concept. Là où James McAvoy/Kevin Wendell Crumb et ses multiples personnalités étaient parvenus à nous surprendre, nous séduire et nous terrifier, la grandiloquence avec laquelle évolue désormais le personnage en font une caricature qui peine trois ans plus tard à faire sursauter dans son fauteuil un spectateur déjà sevré à ce type d'exercice. Attristé par certaines critiques assassines, M. Night Shyamalan s'est-il remis en question ? La bande-annonce de son prochain long-métrage Old à sortir en juillet sur les écrans de cinéma semble aller dans ce sens. Mais avant cela, Glass n'est qu'une coquille scénaristiquement vide qui se complaît dans des affrontements vains et faussement sophistiqués. Le film dure plus de deux heures. Et durant plus d'une heure trente, le réalisateur américain d'origine indienne balade sa caméra entre les murs d'un institut psychiatrique et ses environs. Tout ça pour quelle raison ? Faire des lieux une arène certes parfois très belle à regarder (la pièce rose où la pourtant très talentueuse Sarah Paulson/le docteur Ellie Staple peine à vouloir élever le débat avec autant de profondeur que Louise Fletcher/l'infirmière en chef Mildred Ratched du formidable Vol au dessus d'un nid de coucou de Miloš Forman) mais dont l'intérêt s'éteint dès lors que l'on a intégré le principe.


Cela peut paraître anodin, mais la seule différence d'intensité entre le personnage du docteur Ellie Staple et celui du docteur Karen Fletcher (un hommage au long-métrage de 1975 et à sa formidable interprète?) qu'interprétait avec force et conviction l'actrice Betty Buckley dans Split suffit à démontrer les carences de Glass en matière d'écriture et de dialogues. M. Night Shyamalan semble à ce point se reposer sur ses lauriers que Glass peut dès lors s'envisager comme ces œuvres qui par leur incompétence à s'aligner sur le meilleur du cinéaste, le contraignent par la suite à mûrir son œuvre à venir. Glass marque alors un cycle. Le début et espérons-le, la fin très rapide d'un second dont la nocivité ne peut finalement lui être que bénéfique. Une étape sans doute essentielle pour M. Night Shyamalan mais qui n'épargnera malheureusement pas celles et ceux qui rêvaient d'un épilogue à la hauteur des deux premiers volets. Le film est d'autant plus rageant que l'on fantasmait la réunion de James McAvoy, de Bruce Willis et de Samuel L. Jackson. Glass souffre d'une écriture trop simpliste. Tellement que l'on en arrive même à se demander si quelque chose ne nous a pas échappé. Si cette simplicité qu'on lui reproche ne cacherait pas une complexité qui nous dépasse. Mais non : une, deux, trois ou quatre visions offriront le même résultat. À vrai dire, tel un virus, il faudrait sans doute isoler Glass de ses aînés. Refuser de s'offrir une soirée ''M. Night Shyamalan'' durant laquelle seraient projetés à la file les trois volets de la saga. Car dès lors, la déperdition en terme de qualité s'en trouverait par trop importante.


Pour en extraire même un infinitésimal intérêt, mieux vaut-il sans doute écarter Incassable et Split, ou mieux les oublier pour pouvoir un tant soit peu profiter du spectacle de Glass comme d'un matériau original dans son concept et dans son élaboration. Mais là encore, faut-il que M. Night Shyamalan ait une histoire à nous raconter. Autre exemple significatif de ''fuite d'inspiration'' qui englue littéralement le récit : ces twists qui habituellement sont la marque de fabrique du réalisateur et qui ici, après cent minutes d'une œuvre poussive, prennent la forme d'un cheveu tombant négligemment dans la soupe. Le genre de twist que l'on aurait attendu de la part d'un débutant mais certainement pas d'un homme comme M. Night Shyamalan ! Une demi-heure ou presque, c'est ce qu'il reste à ce moment très précis de Glass dont les quatre-cinquième viennent de s'écouler, confirmant notre lassitude et au moins une certitude : Glass est trop long d'une heure... au moins ! Bonne interprétation générale malgré la redondance de certains rôles et de leur attitude respective (James McAvoy/Kevin Wendell Crumb, fameux mais tournant en boucle), mise en scène classieuse, expérience trop longue sur la durée et semée d’embûches consécutives à un scénario besogneux, décors de Chris Trujillo voguant entre sinistre et style ''déco arty rose bonbon'', et pour la seconde fois, le compositeur américain West Dylan Thordson aux commandes de la partition et qui nous resserre à peu de chose près la même chose que pour Split. Efficace mais parfois superflu. En bref, Glass est une déception...

 

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