16 ans... il aura fallut
patienter 16 ans avant de pouvoir découvrir le second volet de la
trilogie de M. Night Shyamalan faisant suite à Incassable
sorti en 2000. À dire vrai, et pour être plus exact, on se sera
impatienté beaucoup moins d'années que celles qui sépare son
quatrième long-métrage de Split
qui sort donc en cette année 2016. En fait, pas plus d'une année
puisque l'annonce du projet remonte à août 2015, le réalisateur
américain d'origine indienne annonçant alors que le personnage
central de Kevin Wendell Crumb était à l'origine conçu pour faire
partie intégrante de Incassable.
Treize ans plus tôt, Identity
de James Mangold et son personnage atteint de trouble dissociatif de
l'identité sont passés par là. Il est amusant de constater combien
M. Night Shyamalan s'amuse des thèmes évoqués au cinéma et des
codes employés pour les triturer et en donner une vision neuve et
originale. Du film de super-héros, en passant par le found-footage,
le réalisateur s'emploie à redéfinir toute une culture du cinéma
pour en faire sienne de manière à ce qu'elle soit immédiatement
identifiable. À priori, l'histoire de ces trois jeunes filles
kidnappées et séquestrées par un individu atteint de trouble
dissociatif de l'identité, dont Casey Cooke (interprétée par la
formidable Anya Taylor-Joy de la série Le jeu de
la dame)
est semble-t-il la plus apte à résister à la pression, n'a aucun
rapport avec le sujet de Incassable.
Un sentiment qui ne tient bien évidemment pas la route très
longtemps si l'on prend les précautions d'usage qui consistent à
bien tendre l'oreille au moment opportun. Car bien qu'étant un
divertissement que l'on aura tôt fait de ranger très rapidement
dans la catégorie des thrillers, Split
est bien plus que cela. Une réflexion proche de celle de Incassable
qui évoquait déjà l'hypothèse selon laquelle, des êtres
différents pourraient nous être supérieurs. C'est une fois de plus
la question ici, sujet même plus ouvertement évoqué par le docteur
Karen Fletcher qu'interprète l'actrice Betty Buckley que les
quarantenaires découvrirent dans les années soixante-dix dans le
rôle de Sandra Bradford dans la série culte Huit,
ça suffit !
Une
psychiatre qui suit en particulier le jeune Kevin Wendell Crumb
atteint de trouble dissociatif de l'identité avec pour conséquence,
vingt-trois personnalités qui s'expriment à travers lui. Des
hommes, des femmes, un enfant et même... une bête, parmi les plus
effrayantes d'entre toutes. Si en 2000 sortait Incassable,
sur grand écran était également diffusé le premier volet de la
franchise X-Men.
Seize ans plus tard, il ne semble pas ridicule de comparer l'un des
aspects de l’œuvre de Bryan Singer avec le second volet de la
trilogie de M. Night Shyamalan. C'est d'ailleurs de la bouche même
du docteur Karen Fletcher lors d'une télé-conférence que s'exprime
peut-être la comparaison entre le personnage de Kevin Wendell Crumb
et l'institut Xavier créé dans les années 60 (du moins apparaît-il
pour la première fois en septembre 1963 dans le comic book Uncanny
X-Men) par le professeur Charles Xavier (Patrick Stewart au cinéma).
Kevin étant envisagé alors comme un édifice regroupant des
personnalités de sexe et de comportement divers capables de posséder
leur propres particularités physiologiques. Et si l'on y ajoute le
concept évoqué par le docteur Karen Fletcher dans le premier
paragraphe, alors on peut supposer que là encore, M. Night Shyamalan
s'amuse à réécrire la grande histoire du septième art pour la
faire sienne...
Peut-être
n'est-ce qu'un fantasme de cinéphile(phage), amoureux des
comparaisons, mais pourtant... Bien malin sera celui capable d'avoir
le dernier mot. Toujours sensible à l'image et au cadrage, M. Night
Shyamalan continue sur sa lancée et nous propose une œuvre qui
cette fois-ci est beaucoup plus sombre et se veut comme le
prolongement de la scène héroïque lors de laquelle Bruce
Willis/David Dunn affrontait un tueur en série dans Incassable.
Si les deux interprètes féminines principales sont irréprochables,
elles n'en paraissent pas moins ''anecdotiques'' face à
l'incarnation de Kevin Wendell Crumb par l'acteur James McAvoy.
Capable d'incarner un enfant, une femme, plusieurs personnalités
masculines et même la bête tant redoutée par nos trois jeunes
victimes, il en paraît même parfois physiquement métamorphosé.
Tout comme Incassable,
Split
plonge peu à peu dans un univers proche du fantastique à travers
des éléments qui n'ont plus rien de commun avec le simple fait
divers. Tout comme l'interprétation que faisait le réalisateur du
super-vilain à travers Samuel L. Jackson/Elijah Price, il le fait à
nouveau cette fois-ci à travers James McAvoy/Kevin Wendell Crumb.
Deux individus ayant su exploiter leurs faiblesses pour en faire une
force. Notamment produit par Jason Blum qui s'est fait une spécialité
dans le domaine de l'horreur avec sa société Blumhouse
Productions,
Split
n'oublie pas d'asséner au spectateur quelques visions sinistres qui
liées au style de M. Night Shyamalan terminent de parfaire ce
second volet de la trilogie...
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