Pooka !,
le troisième épisode de l'anthologie d'horreur Into
the Dark
avait tout le potentiel pour enfin faire démarrer la série vers la
voie que son public attendait. Après un premier épisode plutôt
sympa mêlant thriller et humour noir (The Body
de Paul Davis) et un second en forme de thriller ménager (Flesh
& Blood
de Patrick Lussier) faisant pâle figure par rapport au brillant Run
d'Aneesh Chaganty sorti l'année dernière, Pooka !
réserve tout d'abord une excellente surprise. Celle de découvrir
qu'aux commandes se trouve le réalisateur et scénariste espagnol
Nacho Vigalondo qui par le passé nous offrit un Los
Cronocrímenes
particulièrement bien fichu. Après, tout fut histoire de goût. Un
Extraterrestre
plutôt moyen en 2011, un Open Windows
vraiment mauvais en 2013 et un Colossal
très apprécié par la presse spécialisée au moment de sa sortie
en 2017. L'année suivante, Nacho Vigalondo se tourne vers le petit
écran comme il le fera dès 2008 avec la série Muchachada
nui,
aucun nouveau long-métrage cinéma n'étant visiblement prévu à
l'avenir à part le projet The Comeback
(en 2028) dont le très excitant synopsis évoque furieusement une
hypothétique séquelle à son excellent Los
Cronocrímenes.
Mais d'ici là, penchons-nous plutôt sur Pooka !
et son étrange créature toute de poils recouverte et que va
endosser à double sens l'acteur Nyasha Hatendi et son personnage de
Wilson Clowes. Un acteur qui après avoir passé une audition pour un
rôle se voit affublé d'un étrange costume, relativement effrayant
avec ses gros yeux dont la couleur change en fonction de son humeur.
Installé depuis peu dans un nouveau quartier, il fait la
connaissance de sa plus proche voisine, Red (l'actrice Dale Dickey).
Pooka est un ourson dont les enfants sont très friands. Wilson en
incarne donc une effigie grandeur nature afin de le promouvoir et
ainsi d'en gonfler les ventes.
Il
rencontre un jour Melanie Burns ('actrice Latarsha Rose ) et son fils
lors d'une vente et tombe sous son charme. Après leur première
rencontre, Wilson et la jeune femme entament une relation amoureuse.
Mais très rapidement les choses vont se compliquer. Car semblant mu
par une vie propre, Pooka enchaîne les délits. De son côté,
Wilson vit de plus en plus mal cette situation et finit par se
montrer très agressif avec son entourage... Si l'évocation d'une
poupée douée d'une existence propre et se comportant de manière
violente n'est certes pas originale (on pense notamment à
Dolls
de Stuart Gordon sorti en 1987 ou à Child's Play
de Tom Holland sorti l'année suivante), le scénario de
Pooka !
n'est tout d'abord pas aussi simpliste qu'il en a l'air. Il faut en
effet creuser beaucoup plus loin que le simple fait ''fantastique''
d'une telle (im)posture. Installé très récemment dans un quartier
qu'il ne connaît pas avec des voisins qui lui sont inconnus, Wilson
peut être vu comme une alternative mal dégrossie du Trelkovsky de
The Tenant
de Roman Polanski. L’élément fantastique venant alors relayer un
sujet plus dramatique que réellement extraordinaire. Là encore, la
mise en scène et le scénario nous trompent sur la réalité de ce
qui se produit à l'écran. Si l'idée est bonne, la durée excessive
de quatre-vingt trois minutes a pour conséquence de contraindre
Nacho Vigalondo de répéter certaines actions et de ralentir
l'intrigue. Si Pooka !
offre deux ou trois visions cauchemardesques, l'épisode est parfois
suffisamment confus et la logique des événements ne pénètre pas
immédiatement l'esprit du spectateur. À noter que le Pooka est à
l'origine une créature mythologique d'origine irlandaise. À savoir
également qu'un second épisode disponible dans la seconde saison de
Into the Dark
a été cette fois-ci mis en scène par le réalisateur espagnol
Alejandro Brugués avec des interprètes totalement différents du
premier épisode...
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