Démystification.
Le genre de terme qui tombe à pic lorsque l'on n'a aucune autre
prétention que de déshonorer une franchise qui battait pourtant
déjà, sacrément de l'aile. Déshonneur ? Trahison, oui. Et de
plus, orchestrée par l'un des interprètes de l’œuvre originale.
Le maître John McTiernan trahi par l'un de ses apôtres, lequel chie
littéralement sur la tête des fans de la première heure en osant
une relecture totalement ringarde, déjà dépassée alors même que
le film n'a que quelques mois. Fallait oser. Oser s'en prendre au
mythique Predator
de 1987. Surtout qu'après John McTiernan, d'autres s'y étaient déjà
risqués. Deux suites, dont la première réévaluée à la hausse
depuis sa sortie (je me souviens qu'à l'époque beaucoup la
méprisaient), et la seconde, plus fidèle au mythe que ne le sera
The Predator
de Shane Black en 2018. Et je ne parle même pas des deux immondes
crossover sortis respectivement en 2004 pour Aliens
vs. Predator
et 2007 pour Aliens vs. Predator : Requiem.
Si la cuvée 2018 a des allures de nanars post-eighties, c'est
peut-être aussi parce que le réalisateur et scénariste Fred Dekker
(Night of the Creeps)
a participé à l'écriture auprès de Shane Black ? Quant à ce
dernier, si l'on parcours la liste des longs-métrages qu'il a
lui-même réalisé, la présence de Iron Man 3
explique sans doute pourquoi son dernier film ressemble à une œuvre
bâtarde tentant d'incorporer l'une des créatures extraterrestres
les plus séduisantes de l'histoire du cinéma dans un univers
flirtant avec les blockbusters du plus mauvais goût. Non pas que
Iron Man 3
soit
un mauvais film, bien au contraire, mais certaines hybridations sont
vouées à l'échec.
D'une
fadeur qui confine à la supercherie, The
Predator
est, de tous ceux qui l'ont précédé, crossovers compris, sans
doute celui qui s'éloigne le plus de la franchise. La célèbre
créature aux dreadlocks n'en devient plus qu'un prétexte pour
attirer les foules dans les salles obscures. Des
quadra-quinquagénaires qui se bousculèrent à l'époque (en 1987)
pour s'asseoir aux meilleures places, jusqu'aux nouvelles générations
désirant se partager le privilège, oui, d'avoir assisté à la
renaissance d'une icône de la science-fiction à l'aube des années
(deux mille) vingt.
Dès
l'entame, The Predator frise,
d'après moi, le ridicule. Avec ces images d’Épinal fixant l’œil
de la caméra sur l'espace dont le déplacement de nuages de galaxie
laisse transparaître le peu d'intérêt que porte Shane Black à la
science. Un détail sans importance et qui pourtant me sauta aux
yeux. Le film de Shane Black est un grand fourre-tout mettant en
scène le membre d'un commando des Forces Spéciales, son fils
autiste, des soldats ayant commis des actes graves, ainsi qu'une
spécialiste en extraterrestres et d'autres joyeusetés dont je
m’abstiendrai de dresser une liste exhaustive. Mixant tout ça dans
un grand shaker, il en résulte une œuvre éminemment brouillonne
dont les enjeux sont parfois difficiles à cerner. Des hommes qui se
battent contre d'autres hommes. Un super-predator qui s'en prend aux
siens. Puis des predators qui s'attaquent à l'homme et vice versa, et
au beau milieu de ce carnage apparemment chorégraphié par un
logiciel informatique en fin de course, des punchlines
par dizaines. Et trop de punchlines, tue les punchines. Et surtout
font ressembler The Predator
à une grosse blague de potache où des militaires s'amuseraient à
comparer la longueur de leur [BIP!]. Aucune caractérisation. Ou si
pauvre qu'on se fiche du sort des uns comme celui des autres. L’œuvre
de Shane Black n'a pas la classe de l'originale signée John
McTiernan. Et l'emploi de certaines compositions mythiques d'Alan
Silvestri ne redore pas le blason d'un troisième opus (Predators
ayant été zappé des références) rouillé après seulement deux
mois de sortie dans les salles. L'existence de The Predator
est donc illégitime et demeure une insulte envers le public qui
voua, voue, et vouera à jamais un culte pour l’œuvre de John
McTiernan... Poubelle !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire