Fidèle au genre qui le
rendit populaire auprès des amateurs de frissons, le réalisateur et
scénariste japonais Takashi Shimizu continue aujourd'hui à explorer
les domaines de l'horreur, de l'épouvante et du fantastique. Si ses
dernières œuvres n'ont semble-t-il toujours pas été distribuées
sur le territoire français, en usant de quelques subterfuges, il est
malgré tout possible de mettre la main dessus avant tout le monde.
Un exercice qui demande un peu d'ingéniosité, de savoir-faire, de
doigté et surtout, de patience. Alors que je ne désespéré pas
d'évoquer très prochainement Immersion
et Anoko wa Daare?
respectivement réalisés en 2023 et 2024, j'ai eu la chance de
pouvoir découvrir aujourd'hui son antépénultième projet
cinématographique intitulé Minna no Uta
qui dans notre langue signifie ''La
chanson de tout le monde''.
Un drôle de titre pour un long-métrage qui au fond se révèle
relativement classique dans sa forme et dans son contenu puisque
après la télévision, la cassette vidéo ou encore le téléphone
maudit, la J-Horror
se dote désormais d'une cassette audio dans le catalogue des objets
maudits propres au cinéma asiatique. Takashi Shimizu opère donc un
bond dans le passé en nous rappelant aux bons souvenirs de Ringu
de Hideo Nakata et consorts. Au cœur du récit, un nouveau drame que
l'auteur de la franchise Ju-on,
de Rinne
ou de la trilogie formée autour de Inunaki, le
village oublié,
JKAï, la forêt des suicides
et Ushikubi Village
crée autour d'une jeune étudiante disparue qui réapparaît sous la
forme d'un fantôme lorsque est retrouvé et diffusé sur les ondes
radio une cassette audio vieille de trente ans. L'on y entend la voix
de Sana Takaya (Tomoko Hoshi), soliloquant et chantant une berceuse
qu'elle rêvait de partager avec le monde entier. Minna
no Uta
prend ensuite pour cadre un studio d'enregistrement et un gymnase
dans lesquels un groupe de Boys
Band
japonais enregistre son tout nouvel album et répète une
chorégraphie ainsi qu'un hôtel luxueux qui les abrite le temps de
mettre un terme à leur projet. Lors d'une interview, une cassette
envoyée par une inconnue est diffusée sur les ondes. À la suite de
quoi, l'un des membres du groupe disparaît. C'est là qu'intervient
alors le détective Tsugutoshi Gonda (Makita Sports). Pas très au
fait des nouveaux courants musicaux, il découvre l'identité de
chaque membre du groupe à travers une vidéo diffusée sur les
réseaux.
Engagé
par la manager du groupe, Tsugutoshi Gonda n'a que trois jours pour
retrouver la trace du disparu s'il veut pouvoir empocher une
rondelette somme d'argent ! Plus qu'un simple film d'épouvante,
Minna no Uta
est
d'abord un film policier durant lequel le détective en charge de
l'enquête va pénétrer un univers qui lui est inconnu, empli de
phénomènes pour l'instant inexpliqués et inexplicables. Des
événements paranormaux auxquels n'importe qui de normalement
constitué voudrait échapper mais l'argent qui l'attend à la clé
permettra sans doute à cet homme qui n'assure pas vraiment son rôle
de père et d'époux de prouver enfin sa valeur. Comme souvent chez
Takashi Shimizu et chez les autres cinéastes japonais dont les
œuvres prennent généralement pour cadre des récits fantastiques,
il n'est pas d'emblée évident de suivre confortablement l'aventure
du détective et des membres du groupe. Il faut d'abord s'accoutumer
des différents protagonistes dont seul le détective Gonda tranche
de part son âge avancé. Un flic qui travaille à l'ancienne, carnet
et stylo à la main. Minna no Uta se
décompose en une succession de séquences entrecoupant des passages
consacrés à l'enquête du détective lors duquel Gonda interroge
les principaux témoins, de nombreux flash-back remontant aux trois
derniers jours, mais aussi et surtout à l'époque du drame, au tout
début des années quatre-vingt dix, lorsque les événements
témoignent d'un accident (meurtre?) dont les conséquences se
projetteront donc trente ans plus tard. Minna no
Uta aurait
probablement mérité de n'être concentré que sur quatre-vingt ou
quatre-vingt dix minutes et non pas sur plus de cent. Sa durée ayant
pour conséquences quelques ventres mous dont nous nous serions bien
passés. Mais au-delà de cette seule critique, l'on retrouve ce qui
distingue le cinéma de Takashi Shimizu de ses compatriotes. Une
mélancholie, une noirceur et des séquences chocs qui
contrebalancent les quelques passages ennuyeux. Comme tout bon film
de J-Horror,
la résolution de l'affaire interviendra lors d'un final visuellement
saisissant, caractérisant de la manière la plus iconique une
''créature'' aussi néfaste que morbide dans ses projets d'étude !
Bref, Minna no Uta signe
quelque peu le retour en grâce d'un très grand spécialiste de la
J-Horror
qui depuis quelques temps avait tendance à s'égarer...
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