Avant de devenir le
formidable long-métrage de James Bridges, Le Syndrome Chinois
tourne tout d'abord autour d'une hypothèse selon laquelle les
protections qui entourent les éléments combustibles en fusion d'un
cœur de réacteur nucléaire pourraient être percées, causant
ainsi leur pénétration par le sol. Le terme ''syndrome
chinois''
voulant que le matériel en fusion d'un réacteur situé en Amérique
du nord puisse traverser la croûte terrestre jusqu'en Chine. Bien
entendu, il ne s'agit pas dans le cas présent d'évoquer un tel
scénario relevant de la science-fiction même si le pouvoir
qu'exerce le script de Mike Gray, T. S. Cook et James Bridges n'a pas
à rougir de la comparaison. Vieux de quarante ans, Le
Syndrome Chinois de James Bridges a sans doute quelque peu vieilli (Michael Douglas et son look de Bee Gees). Pourtant,
le sujet qu'il aborde n'a jamais été autant d'actualité que depuis
quelques années. Une œuvre qui fait forcément écho aux tragédies
nucléaires qui eurent lieu à Tchernobyl dans la centrale Lenine le
26 avril 1986 et le 11 mars 2011 dans la centrale nucléaire de
Fukushima au Japon.
Alors
que la journaliste de la chaîne KXLA Kimberley Wells (superbe Jane
Fonda) et le cameraman Richard Adams (l'acteur Michael Douglas,
également producteur du film) tournent un documentaire dans la
centrale nucléaire de Ventana
dans la banlieue de Los Angeles (un
lieu fictif), un incident apparemment anodin se produit à la suite
d'un séisme d'ampleur mineure. Le responsable de l'unité constate
une légère vibration consécutive au tremblement de terre. En
analysant les données calculées en temps réel par les différentes
jauges du terminal, Jack Godell (formidable Jack Lemmon) remarque en effet le niveau élevé
du système hydraulique censé refroidir les barres d'uranium. Ce
n'est que plus tard, après avoir tenté de renverser la vapeur que
ses hommes et lui constatent leur erreur. La jauge, tombée en panne,
indiquait de fausses informations. Désormais, le niveau de l'eau est
bien trop bas et risque de mettre en péril la centrale ainsi que la
vie de nombreuses personnes. Après plusieurs tentatives, le
réacteur retrouve son fonctionnement normal. Malheureusement pour la
centrale et ses responsables, Richard Adams a filmé toute la scène
et révèle son intention d'utiliser les bandes malgré les conseils
des supérieurs de la chaîne. En outre, suspectant un
dysfonctionnement de certaines parties de la centrale, Jack Godell
décide de mener une enquête interne. Et ce qu'il va découvrir
dépasse l'entendement : une série de clichés radiographiques
effectuées six ans en arrière sur les soudures du réacteur
révèlent des défauts. Alors que Jack Godell en parle à ses
supérieurs, ces derniers lui demande de laisser tomber, car de nouvelles radiographies des soudures coûteraient bien trop
chères...
Même
si la théorie qui sert de titre au long-métrage de James Bridges
paraît tout à fait farfelue, le film, lui, se révèle par contre
aussi terrifiant qu'édifiant. Le cinéaste, auteur de huit
long-métrages et d'un certain nombre de scénarii aborde Le
Syndrome Chinois
sous l'angle du thriller catastrophique, avec son lot de gentils
journalistes (pour une fois qu'ils n'ont pas le mauvais rôle, il est
bon de le noter) et de méchants responsables (l'immonde Evan
McCormack incarné à l'écran par l'excellent Richard Herd). L’œuvre
de James Bridges oppose un Jack Lemmon formidablement humain face à
des dirigeants à la moralité douteuse prêts à mettre en péril la
vie même de leurs concitoyens, au péril même de la faune et la
flore. Jane Fonda et Michael Douglas campent un duo de personnages qui
excelle dans l'art d'improviser même dans les cas d'extrême
urgence. L'aspect catastrophique prend un visage bien différent de
ceux auxquels le septième art nous avait habitué depuis les années
soixante et même jusqu'à aujourd'hui car James Bridges, et ce,
malgré le sujet abordé, préfère d'abord le traiter sous l'angle
du thriller. Il crée ainsi un climat d'angoisse permanent dès lors
que sont entrepris tous les stratagèmes
afin de faire taire tous ceux qui voudraient témoigner de l'affaire.
Traité
sous un angle particulièrement sérieux, Le
Syndrome Chinois
pourrait passer pour un film de propagande aux yeux de certains
spectateurs. Ce qu'il ne demeure fort heureusement pas même si bien
entendu, le sujet abordé éveille des questions relatives à
l’hypothétique danger lié à l'utilisation de l'énergie
nucléaire. Une pointe d'humour, un peu d'émotion, mais surtout, un
scénario diaboliquement construit autour d'une myriades
d'interprètes (Wilford Brimley, Peter Donat, James Karen, et bien
d'autres encore) tous formidables... Un Classique...
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