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lundi 15 avril 2019

Le Syndrome Chinois de James Bridges (1979) - ★★★★★★★★☆☆



Avant de devenir le formidable long-métrage de James Bridges, Le Syndrome Chinois tourne tout d'abord autour d'une hypothèse selon laquelle les protections qui entourent les éléments combustibles en fusion d'un cœur de réacteur nucléaire pourraient être percées, causant ainsi leur pénétration par le sol. Le terme ''syndrome chinois'' voulant que le matériel en fusion d'un réacteur situé en Amérique du nord puisse traverser la croûte terrestre jusqu'en Chine. Bien entendu, il ne s'agit pas dans le cas présent d'évoquer un tel scénario relevant de la science-fiction même si le pouvoir qu'exerce le script de Mike Gray, T. S. Cook et James Bridges n'a pas à rougir de la comparaison. Vieux de quarante ans, Le Syndrome Chinois de James Bridges a sans doute quelque peu vieilli (Michael Douglas et son look de Bee Gees). Pourtant, le sujet qu'il aborde n'a jamais été autant d'actualité que depuis quelques années. Une œuvre qui fait forcément écho aux tragédies nucléaires qui eurent lieu à Tchernobyl dans la centrale Lenine le 26 avril 1986 et le 11 mars 2011 dans la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.

Alors que la journaliste de la chaîne KXLA Kimberley Wells (superbe Jane Fonda) et le cameraman Richard Adams (l'acteur Michael Douglas, également producteur du film) tournent un documentaire dans la centrale nucléaire de Ventana dans la banlieue de Los Angeles (un lieu fictif), un incident apparemment anodin se produit à la suite d'un séisme d'ampleur mineure. Le responsable de l'unité constate une légère vibration consécutive au tremblement de terre. En analysant les données calculées en temps réel par les différentes jauges du terminal, Jack Godell (formidable Jack Lemmon) remarque en effet le niveau élevé du système hydraulique censé refroidir les barres d'uranium. Ce n'est que plus tard, après avoir tenté de renverser la vapeur que ses hommes et lui constatent leur erreur. La jauge, tombée en panne, indiquait de fausses informations. Désormais, le niveau de l'eau est bien trop bas et risque de mettre en péril la centrale ainsi que la vie de nombreuses personnes. Après plusieurs tentatives, le réacteur retrouve son fonctionnement normal. Malheureusement pour la centrale et ses responsables, Richard Adams a filmé toute la scène et révèle son intention d'utiliser les bandes malgré les conseils des supérieurs de la chaîne. En outre, suspectant un dysfonctionnement de certaines parties de la centrale, Jack Godell décide de mener une enquête interne. Et ce qu'il va découvrir dépasse l'entendement : une série de clichés radiographiques effectuées six ans en arrière sur les soudures du réacteur révèlent des défauts. Alors que Jack Godell en parle à ses supérieurs, ces derniers lui demande de laisser tomber, car de nouvelles radiographies des soudures coûteraient bien trop chères...

Même si la théorie qui sert de titre au long-métrage de James Bridges paraît tout à fait farfelue, le film, lui, se révèle par contre aussi terrifiant qu'édifiant. Le cinéaste, auteur de huit long-métrages et d'un certain nombre de scénarii aborde Le Syndrome Chinois sous l'angle du thriller catastrophique, avec son lot de gentils journalistes (pour une fois qu'ils n'ont pas le mauvais rôle, il est bon de le noter) et de méchants responsables (l'immonde Evan McCormack incarné à l'écran par l'excellent Richard Herd). L’œuvre de James Bridges oppose un Jack Lemmon formidablement humain face à des dirigeants à la moralité douteuse prêts à mettre en péril la vie même de leurs concitoyens, au péril même de la faune et la flore. Jane Fonda et Michael Douglas campent un duo de personnages qui excelle dans l'art d'improviser même dans les cas d'extrême urgence. L'aspect catastrophique prend un visage bien différent de ceux auxquels le septième art nous avait habitué depuis les années soixante et même jusqu'à aujourd'hui car James Bridges, et ce, malgré le sujet abordé, préfère d'abord le traiter sous l'angle du thriller. Il crée ainsi un climat d'angoisse permanent dès lors que sont entrepris tous les stratagèmes afin de faire taire tous ceux qui voudraient témoigner de l'affaire.
Traité sous un angle particulièrement sérieux, Le Syndrome Chinois pourrait passer pour un film de propagande aux yeux de certains spectateurs. Ce qu'il ne demeure fort heureusement pas même si bien entendu, le sujet abordé éveille des questions relatives à l’hypothétique danger lié à l'utilisation de l'énergie nucléaire. Une pointe d'humour, un peu d'émotion, mais surtout, un scénario diaboliquement construit autour d'une myriades d'interprètes (Wilford Brimley, Peter Donat, James Karen, et bien d'autres encore) tous formidables... Un Classique...

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