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jeudi 29 novembre 2018

Mugen no Jûnin de takashi Miike (2017) - ★★★★★★★★☆☆




A l'origine, le manga L'Habitant de l'Infini créé par l'auteur de bandes-dessinées japonaises, Hiroaki Samura. Au final, une épopée cinématographique de deux heures trente environs réalisée par l'un des cinéastes asiatiques les plus prolifiques. Parmi les plus déjantés également, penseront sans doute ceux qui découvriront l’œuvre de Takashi Miike par l'entremise de quelques-uns de ses films les plus fous. En moins de trente ans, ce cinéaste de génie, capable du meilleur comme du pire aura signé plus de cent longs-métrages, ses fans espérant très certainement qu'il en signera autant durant les trois décennies à venir. Mugen no Jûnin marque la centième réalisation du japonais et montre avec une certaine classe, que l'auteur de Bijitā Q et de Koroshiya 1 est parfois capable d'une délicatesse infinie. Sans doute moins nerveux et moins décalé qu'un Gokudô Daisensô sous perfusion de Kaiju eiga, de Yakuza eiga et de vampirisme, Mugen no Jûnin est une œuvre profonde à laquelle Takashi Miike injecte une forte dose de lyrisme, lequel transpire à travers quelques plans-séquences d'une effarante beauté. Ainsi donc, grâce aux visions d'un cinéaste capable de donner vie à des estampes japonaises, aidé par la sublime photographie de Nobuyasu Kita, Mugen no Jûnin revêt les qualités que tout amateur d’œuvre picturale recherche une fois installé devant un tableau de maître. Sauf qu'ici, Takashi Miike parfait le principe avec une précision infinie et bouleverse par sa maîtrise du cadre et de la mise en scène.

Impossible d'oublier en effet cette séquence filmée en travelling latéral opposant Manji (Takuya Kimura) et Rin Asano (Hana Sugisaki), dans un décor à la colorimétrie atténuée, vaste étendue naturelle composée d'arbres orphelins lointainement plongés sous une brume n'en laissant deviner qu'une vague silhouette. Et puis, ce mouvement de va et vient entre les deux protagonistes évoluant dans un monde de silence concentrant l'attention du spectateur sur ces images d'une beauté à peine concevable. Travail d'orfèvre pour une œuvre qui souffre malheureusement parfois de grosses baisses de régime enracinées entre deux duels magnifiquement orchestrés. De l'esprit et de la matière dont est peut-être fait l’œuvre originale (dont j'ignore malencontreusement le contenu), Mugen no Jûnin applique le principe du combat un contre un, ou bien, sans demi-mesure, de celui du un contre mille.

La mystique qui entoure chaque duel opposant Manji l'immortel et ces boss à la solde de l'ennemi juré de Rin Asano, l'ambitieux Anotsu Kagehisa incarné par l'androgyne et charismatique Sôta Fukushi, rappelle vaguement, mais avec la même force, celle qui entourait déjà l'oeuvre toute entière du chilien Alejandro Jodorowsky. Fidèle au cinéaste, le compositeur japonais Kōji Endō accorde formidablement son œuvre aux mouvements éthérés de la caméra. Le caractère parfois léthargique de certaines séquences fera sans doute passer Mugen no Jûnin pour un pensum relativement ennuyeux (surtout au regard de certaines œuvres de son auteur) tandis que les grandes batailles opposant nos héros à des centaines de guerriers samouraïs relèvent du divertissement absolu. Des séquences qui donnent le tournis. De part l'incroyable maîtrise de Takashi Miike en terme de mise en scène et de placement des figurants, mais également en terme de spectacle qui dans la durée, frise la même agonie que celle de ses personnages. Mugen no Jûnin est une œuvre dantesque. Un long-métrage que l'on rapprochera du cultissime Kozure Ōkami: Sanzu no Kawa no Ubaguruma que le cinéaste Kenji Misuma réalisa quarante-cinq ans plus tôt ou de l'immense saga constituée de vingt-six longs-métrages Zatōichi, là encore, créée à l'origine par ce même Kenji Misuma. Tiens, justement, une saga dont Takashii Miike proposa une alternative théâtrale en 2007.

Comme très souvent chez Takashii Miike, Mugen no Jûnin confronte un héros solitaire (ici, immortel et accompagné d'une jeune fille dont le père a été assassiné) à des hordes d'ennemis. Si le cinéaste propose une succession de tableaux vivants de toute beauté, il n'en oublie cependant pas d'y injecter une forte dose de sang. En tout cas, l'un des meilleurs films de Takashi Miike qui fêtait là avec brio, sa centième réalisation...

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