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dimanche 26 mai 2024

La Mesita del Comedor de Caye Casas (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Dernier long-métrage d'une cinéaste qui chez nous est assez peu connue (pour ne pas dire totalement), La Mesita del Comedor (traduisible chez nous sous le titre La table du comédien) est une œuvre apparemment anecdotique qui pourtant cache une étrange relation entre un objet de discorde et ce couple qui va l'acquérir, devenu récemment père et mère d'un bébé âgé de seulement quelques mois prénommé Cayetano. Alors que le film de la réalisatrice espagnole Caye Casas s'ouvre sur l'achat d'une table dont le vendeur vante les innombrables mérites, il va falloir au spectateur se concentrer tout d'abord sur les paroles de ce petit homme rond et persévérant incarné par l'acteur Eduardo Antuña. Certains des termes employés vont en effet avoir d'importantes répercussions sur l'avenir très proche de Jesús et de Maria qu'interprètent respectivement David Pareja et Estefanía de los Santos. Comme l'évoque le vendeur, si l'acquéreur de la table la traite bien, elle lui apportera le bonheur. Surmontée de deux sculptures en bois dorées, son verre est comme le prétend le commerçant, IN-CA-SSA-BLE ! Pourtant, Maria n'en veut pas. Contrairement à Jesús qui jusqu'à maintenant n'a jamais pris une décision sans l'accord de son épouse. De retour chez eux, le couple doit recevoir le soir-même le frère de Jesús, Carlos (Josep Maria Riera) et sa jeune compagne Cristina (Claudia Riera) qu'ils ne connaissent pas encore. Maria confie la surveillance de Cayetano à Jesús. Ce dernier est alors en train de monter la table lorsqu'il se rend compte qu'il manque une vis permettant de fixer le plateau en verre. Le bébé dans les bras, un accident survient, causant la mort de Cayetano. Désemparé, son père installe son petit corps dans une chambre de l'appartement et attend fébrilement le retour de sa femme... Rien que de très anodin ou presque pour ce début de récit tragique durant lequel, le père de famille va tout entreprendre pour cacher à ses proches le décès de l'enfant. Caye Casas met en scène toute une série d'événements qui vont contraindre Jesús à reculer le plus tard possible le moment où son épouse, son frère et sa belle-sœur découvriront la vérité.


Alors que La Mesita del Comedor démarrait sous des airs de comédie noire, la réalisatrice s'emploie à maintenir un suspens dont la longueur finira probablement par achever la patience d'une partie du public. Entre le choc ressenti vis à vis d'un drame ayant causé la mort d'un nourrisson et la durée du long-métrage qui aurait sans doute gagné en un format beaucoup plus court, il n'est pas impossible que La Mesita del Comedor aurait gagné en intensité s'il avait été droit à l'essentiel en coupant un certain nombre de séquences non essentielles. Car dès lors que le principe est acquis, inutile de faire durer le suspens au-delà du nécessaire. Si l'on devine peu ou prou la conclusion, la richesse de cette histoire tient moins dans la mort du bébé que dans les raisons qui peuvent l'avoir consciemment provoqué. D'où l'importance de revenir sur ce qui est dit en début de récit, avec cette affirmation théoriquement farfelue du vendeur quant aux ''pouvoirs'' de la table, laquelle prend désormais un sens véritablement concret. Ici, le concept de culpabilité est repoussé dans ses derniers retranchements. Et pourtant, contrairement à ce qui apparaît comme une évidence, celle-ci l'est moins lorsque l'on se remémore cette phrase quasi prophétique : '' si l'acquéreur de la table la traite bien, elle lui apportera le bonheur''... L'humour noir fait alors un étonnant retour au sein du récit et l'on finit par se demander si la culpabilité est forcément à rejeter du côté du père plutôt que de celui de la mère. Un concept dont l'idée peut forcément faire frissonner, rejetant ainsi la responsabilité sur le dos de la génitrice pour une raison qui paraît totalement absurde. Cependant, il semblerait que l'objectif de la réalisatrice et de ses scénaristes soit bien de renverser les fondements de la morale. Troublant...

 

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