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mardi 8 janvier 2013

Welcome To The Dollhouse de Todd Solondz (1996)


Premier d'une série de films s'attaquant de manière féroce à l'Amérique puritaine et conservatrice, " Bienvenue dans l'âge ingrat" débute sur un sublime air de Frédéric Chopin avant d'interrompre sa mélodie et de nous plonger ou plutôt Replonger dans le monde implacable et brutal de l'adolescence. Celle de ceux qui ont vécu cette inévitable période de la vie comme un véritable calvaire.

La toute jeune Dawn alors âgée de onze ans, au physique ingrat et aux robes d'un goût douteux nous est présentée en toute simplicité lors de la sempiternelle heure du repas du midi dans la cantine de son collège. Une certaine vision de l'idéal vestimentaire et du bon goût instauré très certainement dans toutes "bonnes" familles américaines semblent avoir une place prépondérante. On constate assez vite que cette jeune fille est là pour en baver puisqu'elle se fait malmener par ses camarades qui chantent à tue-tête "gouine, gouine, gouine" dans sa direction ou lorsqu'au dessus de son casier se rejoignent d'immenses flèches dessinées à coup de bombes au dessus desquelles sont écrits les mots "gouine" ou encore "saucisse sèche" qu'elle ne peut véritablement pas ignorer. Et même lorsqu'elle tente vainement de venir en aide à un jeune garçon malmené par trois autres, celui-ci ne trouve d'autre manière de la remercier que de l'insulter. 

 
Sa jeune sœur Missy, qui n'a aucune ressemblance physique avec Dawn, est la petite princesse de la famille et joue de son jeune âge et de sa beauté pour obtenir grâce aux yeux de ses parents. Ce qui a tendance à exaspérer Dawn. On sent poindre chez cette jeune fille désœuvrée un désir profond de révolte. Lorsqu'elle demande à une jeune fille de son âge les raisons pour lesquelles elle la déteste, cette dernière lui réponds que c'est parce qu'elle est laide. Alors, pour se consoler, elle retrouve son unique ami dans une petite cabane installée dans le jardin du pavillon familial et avec lequel elle a créé le "club des gens spéciaux".Elle y raconte ses rêves de popularité. Mais au collège ce sont toujours les mêmes humiliations, les mêmes brimades auxquelles Dawn doit faire face dignement et courageusement. Même lorsqu'elle trouve le courage de se révolter contre trois jeune garçons écervelés, le sort s'acharne à être contre elle. 
 
Plus tard la jeune fille tombe amoureuse de l'un des musiciens du groupe dont fait partie son frère. Un homme bien plus âgé qu'elle et à la réputation sulfureuse. Un homme qui ne pense qu'aux filles et aux éventuelles relations sexuelles qu'il pourrait entretenir avec elles. La nuit, Dawn répète des incantations amoureuses, persuadée que son jeune et beau prince charmant tombera amoureux d'elle. Malheureusement pour Dawn, une dispute entre son frère et son "amoureux" lors d'une répétition musicale voit ce dernier quitter le groupe et semble ruiner ainsi tous les espoirs de la jeune fille. 

 
Un jour, alors qu'un jeune voyou prénommé Brandon se joue de la naïveté de Dawn en lui promettant de la violer à 15h l'après-midi (sic!), une étrange relation débute entre les deux adolescents. Ils commencent à se fréquenter, puis s'aimer. jusqu'à ce que Dawn et Brandon se retrouvent séparés. A bout, la jeune fille sera malgré elle responsable de la disparition de sa jeune sœur Missy...


Le film de Todd Solondz est un pur régal à voir même s'il aborde un sujet qui chez certains réveillera de douloureux souvenirs liés à une époque difficile de leur existence. Le film a le charme des réalisations indépendantes dont il fait partie d'ailleurs puisqu'il fut présenté à Sundance lors de son célèbre festival consacré à ce cinéma un peu en marge des grosses productions américaines. Les jeunes acteurs sont brillants et touchants à la fois. La jeune fille qui interprète le rôle principal a dans le visage un brin de ressemblance avec le réalisateur et ce choix n'est sans doute pas une coïncidence. Comme si Todd Solondz avait à travers ce film tenté d'exorciser une partie de sa vie.
 
Le film n'est pas exempt d'un certain humour, mais acide, ce qui le rapproche de certaines productions du grand John Waters. On notera toutefois l'absence totale de compassion du cinéaste pour son personnage principal et auquel il n'offre même pas l'espoir d'une fin heureuse...




"Bienvenue Dans L'âge Ingrat" a reçu divers prix, confirmant et récompensant ainsi ses merveilleuses qualités.
Un vrai bijou, une perle rare...

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