Et dire que Richard
Donner est l'auteur de cette horreur. L'homme
de La Malédiction,
de Superman,
des Goonies,
de Ladyhawke, la Femme de la Nuit
ou encore de la tétralogie L'Arme Fatale
vieillit mal et en 2003 ne semble plus être capable que de filmer
une œuvre qui possède les atours d'un téléfilm du dimanche
après-midi. Prisonniers du Temps
est un anachronisme qui mériterait davantage d'avoir sa place au
beau milieu d'une anthologie du style Au-Delà du
Réel, l'Aventure Continue
que de s'être perdu en ce début de vingt et unième siècle. Il est
d'autant plus dommage d'assister à un tel spectacle que le scénario
de Jeff Maguire et George Nolfi est l'adaptation du roman éponyme de
Michael Crichton, notamment auteur The
Andromeda Strain,
de Sphere
et de Jurassic
Park...
Dès
les premières secondes on réalise que quelque chose ne va pas.
Esthétiquement à la ramasse et interprété comme une comédie
involontaire, Prisonniers du Temps
a tout du nanar empli d'incohérences. Et l'on ne parle pas ici du
voyage dans le temps qui est au cœur d'un récit qui malheureusement
n'exploite pas suffisamment son sujet. Ou du moins, en écarte toute
la richesse que recèle le contraste entre un groupe d'archéologues
du présent et une armée de soldats anglais du quatorzième siècle.
Alors que l'on pouvait espérer une sorte de Visiteurs
inversés (le présent s'invitant dans le passé), rien ne distingue
vraiment nos archéologues de la population de cette année 1357.
Richard Donner ne joue donc jamais sur cet élément qui faisait par
exemple l'une des richesses des deux premiers volets de la trilogie
de Jean-Marie poiré.
Concernant
les incohérences évoquées plus haut, elles interviennent très
rapidement. Déjà inconsistante, la mise en scène de Richard Donner
ignore l'évolution du langage qui en plus de six siècles n'a ici
pas évolué. Pire : alors que nos héros sont à peu près tous
américains (anglais?), la prise de contact avec la jeune Dame Claire
(Anna Friel) se fait tout naturellement bien que les français
(l'action se déroule en France en Dordogne au château de
Castelgard) soient en conflit avec les anglais. La jeune femme
n'éprouve bizarrement aucune inquiétude en entendant ces étrangers
s'exprimer dans la langue de Shakespeare. Ensuite, Richard Donner
fait intervenir parmi le groupe d'archéologues, deux marines qui
seront les premiers à périr sous les assauts des anglais. Les seuls
à pouvoir éventuellement protéger le groupe. Les membres de ce
dernier s'adonnant alors aux joies du meurtre puisque les uns après
les autres, les voilà qu'il empilent les cadavres sans une once de
remords...
Conçus
par une batterie de décorateurs, les environnements furent
construits au Canada alors même que le budget, d'une hauteur de
quatre-vingt millions de dollars, aurait dû permettre à Richard
Donner, son équipe technique et le casting de faire le voyage
jusqu'en France. Tout sonne faux. Des décors jusqu'à
l'interprétation, on a du mal à croire à cette guerre de cent ans
engagée entre anglais et français. Sans vouloir dénigrer la série
télévisée française créée par Alexandre Astier, Alain Kappauf
et Jean-Yves Robin Kaamelott,
Prisonnier du Temps
ressemble davantage à cette série humoristique qu'à un
long-métrage évoquant sérieusement le voyage dans le temps. Une
purge dans laquelle est notamment venu se perdre notre Lambert Wilson
national...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire