Mince, Diane Kurys est
passée de La Leçon de Piano à Arrête Ton
Cinéma ! Une
véritable dégringolade, non ? Enfin, j'dis ça, j'en sais
rien, j'ai pas vu le premier. GRAVE ERREUR ! On me signifie dans
l'oreillette qu'il a, de plus, été réalisé par Jane Campion, et
pas Diane Kurys. ALORS ! Diane Kurys... poum poum... Diane...
Kurys... Tralala ! Ah ouais ! Effectivement ! On joue
là dans une catégorie sensiblement différente. Donc, pour remettre
les choses dans l'ordre, Diane Kurys, c'est celle qui a tourné à
l'aube de sa carrière de réalisatrice le célèbre Diabolo
Menthe.
Véritable œuvre générationnelle à laquelle, il me semble, elle
donnera une suite trois ans plus tard en 1980, avec Cocktail
Molotov.
La Baule-les-Pins,
c'est elle également. En 1990. Puis d'autres que je me suis pas
encore donné la peine de regarder.
Arrête Ton
Cinéma ! est
plus
autobiographique encore qu'il n'y paraît. Car plus encore que le
simple « portage »
d'un
roman au cinéma, le film semble connaître en parallèle quelques
désagréments qui, s'ils sont différents de ceux décrits dans
l'intrigue, pourrait avoir de quoi dérouter celle qui en est à
l'origine : Sylvie Testud, l'actrice, mais également, Sylvie
Testud la scénariste. Car Arrête Ton Cinéma !
est
l'adaptation de son roman C'est
le Métier qui Rentre
dans lequel elle ne ménage pas la « Profession »,
sans pour autant viser tel ou tel producteur en particulier. Du
moins, pas ouvertement. Il n'est nul besoin de bosser dans le milieu
pour avoir déjà entendu tel ou tel cinéaste se plaindre d'avoir eu
les mains liées ou de ne pas avoir pu réaliser son œuvre telle
qu'il l'avait imaginée au départ. Des producteurs qui mènent la
danse, on connaît. Vive donc les fameuses « director's cut»
qui rendent grâce à des œuvres cinématographiques
« génétiquement » (pelliculairement ?
Numériquement?)
modifiées.
Arrête Ton
Cinéma ! n'est
pas un mauvais film, non. Mais pas non plus un chef-d’œuvre. Pas
le genre impérissable. A consommer rapidement donc, avant qu'il ne
se gâte. Le problème de Diane Kurys, c'est qu'elle nous pond là un
film qui semble d'une autre époque. Et malgré un sujet passionnant
(pour qui est... passionné de cinéma), le résultat, s'il n'est pas
affligeant, donne quand même des sueurs froides. Comprenez qu'en
parcourant le casting, avec à sa tête l'excellente Sylvie Testud et
les non moins remarquables Josiane Balasko et Zabou Breitman, on
pouvait s'attendre à mieux. Cacher des stars derrière une mise en
scène tristounette ne rapporte rien et Arrête
Ton Cinéma ! en
est l'exemple parfait. Ça n'est pas que l'on s'ennuie, loin de là,
mais les gags prennent immédiatement de l'âge. On retrouve la
Balasko de Arlette
et de Nuit d'Ivresse
(comprendre la désastreuse adaptation cinématographique et non pas
l'excellente pièce de théâtre).
Sur
l'instant, on se dit, mince, quel chouette petit film. Un rythme
d'enfer, des situations qui s'enchaînent sans jamais nous laisser
véritablement le temps de nous reposer (les tympans surtout), deux
productrices barrées, euphoriques, survoltées (mais en même temps,
fort dangereuses pour la carrière de Sybille (Sylvie Testud), des
seconds rôles intéressants (Fred Testot, Claire Keim, Florence
Tomassin ou encore François-Xavier Demaison, mais malheureusement un
soufflet qui retombe très vite. Si l'on fait le bilan, que l'on
sépare l'énergie déployée des moments de franche rigolade, on
constate que ces derniers sont rares. On sourit plutôt qu'on ne rit.
En fait, Arrête Ton Cinéma ! se
révèle parfois aussi grotesque que la situation qui plonge son
personnage principale entre les griffes d'un duo de productrices trop
haut perchées pour être crédibles. Diane Kurys réalise donc une
œuvre qui, si sur le papier était séduisante, se révèle au final
une petite comédie qui ne vaut que pour le jeu outré de Josiane
Balasko et Zabou Breitman. Pauvre Sylvie Testud...
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