Après avoir été
disculpé faute de preuve dans la disparition de son petit-fils, Jake
Cullen n'a plus qu'un obsession. Retrouver l'animal qui l'a emporté.
Le Razorback, un sanglier beaucoup plus massif et dangereux que la
moyenne et terrorisant la population. Mais personne ne veut croire en
la parole du vieil homme. Deux ans plus tard, la journaliste
américaine Beth Winters arrive dans la région afin d'enquêter un
massacre dont ont été les victimes un grand nombre de Kangourous.
Lorsque la jeune femme arrive sur les lieux, elle est assez mal
accueillie par la population qui voit d'un mauvais œil l'arrivée
d'une étrangère. Un soir, alors qu'elle est en voiture, elle est
poursuivie puis agressée par deux hommes, les frères Baker. Benny
et Dicko travaillent à la conserverie de Gamulla. Après avoir
stoppé le véhicule de Beth, Dicko s'en prend physiquement à elle
dans l'intention de la violer. Mais il est dérangé avant de passer
à l'acte par la même bête qui deux ans plus tôt à tué le
petit-fils de Jake Cullen. Prenant la fuite à bord de leur camion,
les deux hommes abandonnent Beth à son triste sort. Alors qu'elle
tente de prendre la fuite à bord de sa voiture, elle est tuée par
l'énorme Razorback. Dès le lendemain, Carl, l'époux de Beth,
décide de mener sa propre enquête sur la mort de sa femme. Alors
que la plupart des habitants de Gamulla affirment qu'elle est morte
après être tombée dans un puits, Jake Cullen, lui, penche plutôt
pour la thèse selon laquelle la jeune femme aurait été tuée par
le sanglier. Pourtant, des traces suspectes sont découvertes près
de la voiture éventrée de Beth. Ainsi qu'un crochet que Jake
identifie très vite comme appartenant aux frères Baker...
Razorback est le second long-métrage du cinéaste
australien Russell Mulcahy et le premier à sortir
chez nous en 1984 où il a été nominé au Festival international du
film fantastique d'Avoriaz l'année suivante. Véritable survival
horrifique, le film démontre avant tout l'ampleur du talent d'un
cinéaste surtout connu à l'époque pour avoir réalisé des
clips-vidéo. Cela se perçoit d'ailleurs énormément dans Razorback
aux
allures parfois « clipesques ». Ce que l'on retient
d'abord du long-métrage du futur géniteur de Highlander
avec Sean Connery et Christophe Lambert, c'est l'incroyable beauté
des images. Entre la sordide conserverie dont l'aspect rappelle le
second volet de la saga Massacre
à la Tronçonneuse
et autres joyeusetés qui naîtront bien plus tard de cet héritage
(au hasard, Wrong Turn
2 et
son final ultra gore), et l'Outback australien parcouru de
fulgurances brumeuses et chromatiques, le film est un tableau vivant
que l'on ne cesse d'explorer du regard tant la précision dans le
placement de ses personnages et le cadrage au millimètre force le
respect.
Le
sujet du film mélange divers thèmes comme la traque du chasseur
obsédé par l'idée de retrouver et de tuer l'animal monstrueux qui
a emporté deux ans plus tôt son petit-fils (on est pas loin de
l'acharnement cher au capitaine du roman de l'écrivain américain
Herman Melville, Moby
Dick) ou
la thématique de l’autochtone sociopathe qui ne supporte pas sur
ses terres la présence arrogante de « l'Étranger »,
de
ceux que l'on retrouvait déjà très marquant survival de John
Boorman, Délivrance
en 1972. Ou bien encore un an plus tôt, en 1971, les errances en
pays inconnu du héros de l'effrayant
Wake In Fright
de Ted Kotcheff. Et pourquoi pas même le portrait inquiétant
d'indigènes immédiatement identifiés comme dégénérés, issus
d'une région différente mais du même cru que ceux du dérangeant
Southern Comfort
de Walter Hill réalisé en 1981.
Russell
Mulcahy semble digérer toutes ces références pour en donner une
vision personnelle très marquante. Visuellement bluffant, Razorback
nous transporte sur des terres hostiles où se promènent en liberté
bêtes sauvages et humains intellectuellement... corrompus. De quoi
former son héros au baptême de la survivance, à des milliers de
kilomètres de son Canada natal...
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