Auteur de Das Boot,
de L'Histoire sans Fin,
de Troie
ou de Poséidon,
le cinéaste allemand Wolfgang Petersen réalisait pour la seule et
unique fois de sa carrière un long-métrage en collaboration avec la
star américaine Clint Eastwood. In the Line of
Fire
(Dans la Ligne de Mire)
est un thriller sur fond de politique absolument remarquable dans ce
sens ou il fait moins appel à l'action qu'à la psychologie de ses
personnages. Dans son éternel apparat de flic, Clint Eastwood est
cependant relativement loin du personnage de Harry Callahan qu'il
façonna tout au long des huit longs-métrages qui consacrèrent ce
personnage considéré de raciste et de misogyne. Un flic comme
n'oserait sans doute plus en proposer le septième art dans un monde
de plus en plus ''politiquement correct''. Face à l'inspecteur
Franck Horrigan, le scénario de Jeff Maguire (Prisonniers
du Temps
de Richard Donner en 2003) impose l'ancien agent de la CIA transformé
en tueur incontrôlable Mitch Leary personnifié par l'excellent John
Malkovitch.
Clint Eastwood y incarne un flic vieillissant qui vit toujours avec
en mémoire ce fameux jour où le président Kennedy est mort alors
qu'il devait assurer sa sécurité. Suivie de près par Mitch Leary,
sa carrière de policier n'a plus aucun secret pour cet individu
suave et faussement sympathique qui semble avoir trouvé en Franck
Horrigan son alter ego. Convaincu que les deux hommes se ressemblent,
Mitch Leary est bien décidé à tuer le nouveau président, sachant
que l'inspecteur prendra la décision d'assurer sa sécurité afin de
racheter ses ''fautes'' passées. Le flic et le tueur entretiennent
alors une correspondance téléphonique surveillée de très près
par l'agence des Services Secrets et notamment l'agent Lilly Raines
(interprétée par l'actrice Rene Russo), lesquels tentent de mettre
la main sur ce très dangereux criminel qui a déjà fait plusieurs
victimes. L'inspecteur Horrigan n'a donc désormais plus que deux
objectifs. S'assurer de la sécurité du président et mettre hors de
nuire Mitch Leary...
In the Line of Fire
est
de ces films policiers qui se comptent par dizaine en ces années
quatre-vingt dix. Clint Eastwood en flic beaucoup plus posé et donc
beaucoup plus nuancé que par le passé incarne un Franck Horrigan
glissant sur une pente descendante. C'est du moins ce que semblent
penser certains responsables qui ne le ménagent absolument pas
malgré sa longue carrière dans les services de police (Gary Cole
excelle dans le rôle de l'arrogant agent Bill Watts) et rêvent de
le voir prendre la porte de sortie. Afin d'incarner le rôle, la star
américaine ne ménage pas son image. On le découvre au détour
d'une séquence soufflant, épuisé de courir aux côtés de la
voiture présidentielle. Clint Eastwood se veut également parfois
très émouvant lorsqu'il évoque son douloureux passé et capable de
séduire celle qu'interprète la séduisante Rene Russo. Wolfgang
Petersen, au delà du simple thriller psychologique qui oppose Clint
Eastwood au formidable John Malkovitch, se pose les questions
suivantes : faut-il ranger au placard ce vieux flic et a-t-il
encore les moyens d'assurer son rôle de protecteur? Plus important
encore : peut-on racheter ses erreurs passées ? L'action
se situant surtout dans le dernier quart-d'heure, In
the Line of Fire
offre de superbes ''duels'' téléphoniques (on notera l'excellent
doublage de John Malkovitch assuré par Gérard Rinaldi qui offre au
timbre du tueur une très grande suavité) et quelques très beaux
moments d'intimité partagés entre Clint Eastwood et Rene Russo... A
noter que le score est signé du compositeur italien Ennio
Morricone...
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