Franchement ! Que
peut-on attendre aujourd'hui d'un film comme Rambo 5
à part un énième film se déroulant au Vietnam (Rambo
2 : la Mission
de George Pan Cosmatos en 1985), en Afghanistan (Rambo 3
de Peter MacDonald en 1988), en Birmanie (John
Rambo
de Sylvester Stallone en 2008) ou dans un tout autre pays en proie à
la guerre ? Alors qu'il y a un peu plus de dix ans Sylvester
Stallone, l'acteur, le réalisateur et scénariste, inventait le film
de ''guorre'' (John Rambo dépassant
allégrement tout ce que le cinéma de guerre avait pu proposer
jusque là en matière d'horreur), il était inimaginable qu'il
puisse repousser les limites de la barbarie avec un nouveau chapitre.
Et pourtant, alors que le quatrième volet de la saga se clôturait
de manière très émouvante sur le célèbre et magnifique thème
It's A Long Road composé
par Jerry Goldsmith, voilà que onze ans plus tard débarque à
nouveau l'un des personnages de cinéma les plus iconiques. Vu l'âge
de son interprète, on aurait presque logiquement pu s'attendre à
découvrir Rambo en maison de retraite et se déplaçant en
déambulateur et pourtant...
Rambo : Last
Blood
sonne comme une promesse. D'abord à travers son titre. Lequel semble
désormais promettre une fin définitive à cette immense saga
débutée de manière admirable trente-sept ans plus tôt avec le
meilleur d'entre tous, Rambo
de Ted Kotcheff. Ce cinquième volet tente également de prouver s'il
en était besoin, que même loin de n'importe quelle forêt d'extrême
ou du Moyen-Orient, John Rambo demeure encore capable de soubresauts
artistiques. Alors bien sûr, on pourra toujours relativiser sur
l'utilité d'une nouvelle séquelle qui sort totalement des sentiers
battus et rabattus puisque l'action se déroule désormais sur le
continent américain (ce qui d'ailleurs, était déjà le cas du
premier Rambo),
mais de jungle, il s'agit encore une fois pour notre héros de
traverser. Désormais, elle est urbaine et pourtant, pas moins
dangereuse et oppressante que les précédentes. L'épaisseur de la
végétation a laissé cette fois-ci la place aux ruelles mal famées
des quartiers mexicains dont ont le monopole trafiquants de drogues
et proxénètes.
Le
dernier long-métrage mettant en scène John Rambo aurait tout aussi
bien pu porter n'importe quel autre titre et Sylvester Stallone
aurait pu y être l'incarnation de n'importe quel autre personnage.
Car en effet, à part ce traumatisme de la guerre qui continue à le
hanter et le pousse notamment à creuser des galeries souterraines
sous sa propriété afin de prévenir une éventuelle attaque
ennemie, Rambo, le personnage, est désormais plus proche d'un Bryan
Mills (Liam Neeson dans Taken
de Pierre Morel) que du légendaire béret vert. A tel point que
certaines séquences (dont la recherche de sa fille Gabrielle dans le
bâtiment renfermant les prostituées) miment carrément le film de
Pierre Morel. Ce qui en devient presque gênant. Mais Sylvester
Stallone n'ayant sans doute pas la souplesse de Liam Neeson et Rambo
ne possédant pas les mêmes techniques de combat que Bryan Mills, la
comparaison s'arrêtera au scénario. Ici, l'acteur/réalisateur
inverse certaines valeurs. Si dans Taken
le but ultime était de retrouver la fille du héros, dans Rambo :
Last Blood,
cette étape survient aux deux tiers du film et le reste n'est alors
plus qu'une histoire de vengeance.
Au
regard des opus précédents, Rambo : Last
Blood s'avère
finalement inutile et profite surtout de la légende qui entoure son
personnage pour faire un peu plus de blé. Plus film d'action que de
guerre et peut-être moins excessif en matière de gore (quoique)
mais tout aussi brutal que l'épisode précédent, Sylvester Stallone
en confie cette fois-ci la réalisation à Adrian Grunberg qui fut
notamment premier assistant réalisateur sur l'incroyable Apocalypto
que réalisa Mel Gibson en 2006. Le visage buriné, façonné par des
décennie d'interprétation, Sylvester Stallone arbore durant un
dernier quart-d'heure d'une violence outrée, le faciès d'un
bogeyman plus flippant que la majeure partie des plus célèbres
d'entre eux. Vue la légèreté du scénario, ce qu'attend alors
forcément le spectateur, c'est ce moment de pure jouissance qui
montre un Rambo massacrant à tour de bras les membres du cartel
mexicain. Et à ce titre, on peut dire que le film lui en offre pour
son argent question violence. Au mieux, Rambo :
Last Blood est
donc un sympathique film d'action. Au pire, sans doute le moins
intéressant des cinq volets et une conclusion en demi-teinte...
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