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samedi 10 mars 2018

Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (3)

Elizabeth débarque d'Angleterre sur une île après un long voyage alors que son père vient de mourir. Celui-ci finançait un couvent peuplé de religieuses aux coutumes étranges. La jeune femme, seule héritière, se rend donc un soir jusqu'au couvent afin d'y constater l'intérêt de continuer à financer les activités de ses habitantes. Là, Elizabeth est accueillie par Sarah, une jeune nonne qui se charge de son intégration. Après avoir fait la connaissance de la mère supérieure, la nouvelle arrivante est démunie de tous ses biens et doit se plier aux règles du couvent. Bientôt, Elizabeth est assaillie par de terribles cauchemars. En enquêtant sur la disparition de sa sœur qui depuis de nombreuses années avait intégré les lieux, la jeune femme découvre que les pensionnaires du couvent entreprennent d'étranges rituels dans les catacombes de la bâtisse... Sortant presque de nulle part, Dark Waters du napolitain Mariano Baino (à ne pas confondre avec le chef-d’œuvre de la J-Horror, le Dark water du japonais Hideo Nakata) est une œuvre fantastique à plus d'un titre. Non seulement il explore les arcanes de la démonologie d'une manière assez particulière, ses nonnes priant non plus la trinité formée par le Père, le fils et le saint-esprit, mais le malin lui-même, mais de plus, il offre à l'amateur de 'diableries' une expérience hors du commun. Une recette de cuisine constituée de différents éléments pris ça et là à quelques fameux longs-métrages sur la question du Diable. The Devils de Ken Russel pour le comportement erratique (hérétique ?) des nonnes, L’Au-Delà de Lucio Fulci pour l'eau suintant aussi couramment que dans le classique de cet autre cinéaste italien. L’Au-Delà encore, mais également aussi La Maison aux Fenêtres qui Rient pour leurs peintres respectif, visionnaire en Diable et véritables écorchés vifs. L'ambiance de Dark waters est délétère, froide, et humide. Éclairés par des centaines de bougies, les décors monstrueux contrastent avec la beauté diaphane de l'actrice principale.
Mariano Baino projette son héroïne dans une intrigue fantasmagorique intense, constituée d'un lot important de visions cauchemardesques avec en toile de fond, la recherche d'identité. A l'origine, le cinéaste italien avait prévu de tourner le film en Angleterre, mais après que le producteur russe Victor Zuev ait découvert le court-métrage Caruncula de ce même Mariano Baino, il lui proposa de tourner finalement son film en Ukraine... Outre ce seul long-métrage réalisé en 1993, le cinéaste italien est l'auteur de trois courts-métrages réunit en 2014 dans un DVD par le studio The Ecstasy of Films, et dont j'espère pouvoir faire la chronique dans les jours à venir...
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On ne quitte pas vraiment le Mal avec le second film abordé dans cet article puisque A Martfűi Rém (connu à l'internationale sous le titre Strangled) du cinéaste hongrois Árpád Sopsits s'inspire des exactions du tueur en série hongrois Péter Kovács, lequel sévit au milieu des années soixante. Accusé d'avoir tué quatre femmes et d'avoir raté deux autre meurtres (on suppose cependant qu'il a fait beaucoup plus de victimes), il fut condamné à mort. Si A Martfűi Rém ne suit pas consciencieusement la réalité des faits, il met cependant à jour les failles des autorités du pays ainsi que l'erreur judiciaire dont fut victime un certain János Kirják, accusé d'avoir tué la première victime de Péter Kovács puis condamné à la prison à perpétuité. Il fut libéré après onze années de détention. D'une durée d'environ deux heures, le film de Árpád Sopsits tente de relater les faits tels qu'ils se sont produits à l'époque. Si la première heure demeure d'une facture plutôt classique, le rythme s'accélère passée celle-ci. On passe de l'enquête, à la découverte du tueur qui sous les traits d'un époux apparemment insoupçonnable, tue femme après femme sans distinction d'âge. Le cinéaste a tendance à en montrer beaucoup, et même parfois trop, rendant ainsi certains passages particulièrement dérangeants. Le point culminant survient lorsque le tueur s'en prend cette fois-ci à une fillette, passant ainsi du tueur psychopathe et nécrophile (le serial killer a en effet l'habitude d'avoir des rapports sexuels post-mortem), au pédophile. Árpád Sopsits ne recule devant presque rien pour nous décrire son tueur comme un être terriblement déviant, obsédé par le sexe, manipulateur, allant toujours plus loin dans l'horreur (il ira jusqu'à découper les seins de l'une de ses victimes). Le portrait est assez juste et certaines scènes se révèlent inconfortables. Comme le seront certains passages consacrés à l'homme injustement enfermé en prison à sa place et montrant l'écrasante machine judiciaire (intimidations, tortures physiques et mentales). A Martfűi Rém commence donc comme un petit thriller peu avenant et surtout insignifiant en regard de la pléthore d’œuvres du même genre mais il parvient à mi-course à se détacher de la concurrence pour offrir une intrigue fort passionnante. Un long-métrage plus proche de certaines œuvres scandinave que du cinéma américain...
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Troisième long-métrage à être abordé dans cet article, Bad Milo, écrit (en compagnie de Benjamin Hayes) et réalisé par le cinéaste américain Jacob Vaughan. Une œuvre directement inspirée par toute une vague de longs-métrages sortis dans les années quatre-vingt dont le culte et underground Basket Case de Frank Henenlotter. Impossible en effet de passer outre la comparaison entre les deux frangins de ce dernier et les rapports qu'entretiennent Duncan et le parasite qui vit dans ses entrailles et sort afin de tuer et de festoyer sur le cadavre de quelques individus. Traité à la manière d'une comédie trash, le film de Jacob Vaughan est délicieusement irrévérencieux et octroie une large place aux propos scatologiques. Car si Duane Bradley, le héros de Basket Case trimballait avec lui son monstrueux frères siamois dans un panier en osier à travers les rues malfamées des pires quartiers de New-York, Duane, lui, transporte directement Milo à l'intérieur de ses intestins. Ce qui nous vaut quelques fumantes scènes aux toilettes, pas toujours très raffinées mais relativement drôles. Interprété par l'acteur Ken Marino, le personnage de Duncan (que l'on comparera lui aussi directement à celui de Basket Case puisque dès la première scène, la tenue vestimentaire du personnage renvoie inévitablement à celle du héros créé trente et un ans auparavant par Frank Henenlotter) consulte un psychiatre incarné de manière tout à fait inattendue par l'acteur suédois Peter Stormare que l'on avait plutôt l'habitude de voir chez Lars von Trier, Steven Spielberg, Terry Gilliam ou encore Wim Wenders.
L'une des bonnes idées de Bad Milo est surtout d'avoir opté pour une créature en animatronique plutôt qu'en CGI. Les rapports entre la bestiole et son hôte demeurent donc beaucoup plus charnels que si elle n'était constituée que de millions de pixels. Autre œuvre ayant apparemment inspiré Jacob Vaughan : The Brood (chez nous, Chromosome 3) de David Cronenberg. Alors que dans ce dernier un psychiatre était à l'origine d'une thérapie à base de 'psychoprotoplasmes' permettant à l'un de ses patients d'extérioriser ses troubles comportementaux sous la forme de bébés monstrueux, l'expulsion de Milo des entrailles de Duncan semble se produire chaque fois que son hôte est irrité. Outre une dentition qui lui donne un air particulièrement peu engageant, la créature sait parfois se montrer attendrissante. Une sorte de E.T, l'Extra-Terrestre se muant en I.I, l'Intra-Intestinal. Bad Milo est bête et méchant, drôle et réjouissant. Une comédie horrifique fraîche qui rappellera de bons souvenirs aux quadra-quinquagénaires amateurs de films d'horreur des années quatre-vingt...
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