Elizabeth débarque d'Angleterre
sur une île après un long voyage alors que son père vient de
mourir. Celui-ci finançait un couvent peuplé de religieuses aux
coutumes étranges. La jeune femme, seule héritière, se rend donc
un soir jusqu'au couvent afin d'y constater l'intérêt de continuer
à financer les activités de ses habitantes. Là, Elizabeth est
accueillie par Sarah, une jeune nonne qui se charge de son
intégration. Après avoir fait la connaissance de la mère
supérieure, la nouvelle arrivante est démunie de tous ses biens et
doit se plier aux règles du couvent. Bientôt, Elizabeth est
assaillie par de terribles cauchemars. En enquêtant sur la
disparition de sa sœur qui depuis de nombreuses années avait
intégré les lieux, la jeune femme découvre que les pensionnaires
du couvent entreprennent d'étranges rituels dans les catacombes de
la bâtisse... Sortant presque de nulle part, Dark Waters du
napolitain Mariano Baino (à ne pas confondre avec le chef-d’œuvre
de la J-Horror, le Dark water du japonais Hideo Nakata) est une œuvre
fantastique à plus d'un titre. Non seulement il explore les arcanes
de la démonologie d'une manière assez particulière, ses nonnes
priant non plus la trinité formée par le Père, le fils et le
saint-esprit, mais le malin lui-même, mais de plus, il offre à
l'amateur de 'diableries' une expérience hors du commun. Une recette
de cuisine constituée de différents éléments pris ça et là à
quelques fameux longs-métrages sur la question du Diable. The Devils de Ken Russel pour le comportement erratique (hérétique ?)
des nonnes, L’Au-Delà de Lucio Fulci pour l'eau suintant aussi
couramment que dans le classique de cet autre cinéaste italien.
L’Au-Delà encore, mais également aussi La Maison aux Fenêtres
qui Rient pour leurs peintres respectif, visionnaire en Diable et
véritables écorchés vifs. L'ambiance de Dark waters est délétère,
froide, et humide. Éclairés par des centaines de bougies, les
décors monstrueux contrastent avec la beauté diaphane de l'actrice
principale.
Mariano Baino projette son héroïne
dans une intrigue fantasmagorique intense, constituée d'un lot
important de visions cauchemardesques avec en toile de fond, la
recherche d'identité. A l'origine, le cinéaste italien avait prévu
de tourner le film en Angleterre, mais après que le producteur russe
Victor Zuev ait découvert le court-métrage Caruncula de ce même
Mariano Baino, il lui proposa de tourner finalement son film en
Ukraine... Outre ce seul long-métrage réalisé en 1993, le cinéaste
italien est l'auteur de trois courts-métrages réunit en 2014 dans
un DVD par le studio The Ecstasy of Films, et dont j'espère pouvoir
faire la chronique dans les jours à venir...
❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔
On ne quitte pas vraiment le Mal
avec le second film abordé dans cet article puisque A Martfűi Rém
(connu à l'internationale sous le titre Strangled) du cinéaste
hongrois Árpád Sopsits s'inspire des exactions du tueur en série
hongrois Péter Kovács, lequel sévit au milieu des années
soixante. Accusé d'avoir tué quatre femmes et d'avoir raté deux
autre meurtres (on suppose cependant qu'il a fait beaucoup plus de victimes),
il fut condamné à mort. Si A Martfűi Rém ne suit pas
consciencieusement la réalité des faits, il met cependant à jour
les failles des autorités du pays ainsi que l'erreur judiciaire dont
fut victime un certain János Kirják, accusé d'avoir tué la
première victime de Péter Kovács puis condamné à la prison à
perpétuité. Il fut libéré après onze années de détention.
D'une durée d'environ deux heures, le film de Árpád Sopsits tente
de relater les faits tels qu'ils se sont produits à l'époque. Si la
première heure demeure d'une facture plutôt classique, le rythme
s'accélère passée celle-ci. On passe de l'enquête, à la
découverte du tueur qui sous les traits d'un époux apparemment
insoupçonnable, tue femme après femme sans distinction d'âge. Le
cinéaste a tendance à en montrer beaucoup, et même parfois trop,
rendant ainsi certains passages particulièrement dérangeants. Le
point culminant survient lorsque le tueur s'en prend cette fois-ci à
une fillette, passant ainsi du tueur psychopathe et nécrophile (le
serial killer a en effet l'habitude d'avoir des rapports sexuels
post-mortem), au pédophile. Árpád Sopsits ne recule devant
presque rien pour nous décrire son tueur comme un être terriblement
déviant, obsédé par le sexe, manipulateur, allant toujours plus
loin dans l'horreur (il ira jusqu'à découper les seins de l'une de
ses victimes). Le portrait est assez juste et certaines scènes se
révèlent inconfortables. Comme le seront certains passages
consacrés à l'homme injustement enfermé en prison à sa place et
montrant l'écrasante machine judiciaire (intimidations, tortures
physiques et mentales). A Martfűi Rém commence donc comme un petit
thriller peu avenant et surtout insignifiant en regard de la
pléthore d’œuvres du même genre mais il parvient à mi-course à
se détacher de la concurrence pour offrir une intrigue fort
passionnante. Un long-métrage plus proche de certaines œuvres
scandinave que du cinéma américain...
❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔
Troisième long-métrage à être
abordé dans cet article, Bad Milo, écrit (en compagnie de Benjamin
Hayes) et réalisé par le cinéaste américain Jacob Vaughan. Une
œuvre directement inspirée par toute une vague de longs-métrages
sortis dans les années quatre-vingt dont le culte et underground
Basket Case de Frank Henenlotter. Impossible en effet de passer outre
la comparaison entre les deux frangins de ce dernier et les rapports
qu'entretiennent Duncan et le parasite qui vit dans ses entrailles et
sort afin de tuer et de festoyer sur le cadavre de quelques individus. Traité à la
manière d'une comédie trash, le film de Jacob Vaughan est
délicieusement irrévérencieux et octroie une large place aux
propos scatologiques. Car si Duane Bradley, le héros de Basket Case
trimballait avec lui son monstrueux frères siamois dans un panier en
osier à travers les rues malfamées des pires quartiers de New-York,
Duane, lui, transporte directement Milo à l'intérieur de ses
intestins. Ce qui nous vaut quelques fumantes scènes aux toilettes,
pas toujours très raffinées mais relativement drôles. Interprété
par l'acteur Ken Marino, le personnage de Duncan (que l'on comparera
lui aussi directement à celui de Basket Case puisque dès la
première scène, la tenue vestimentaire du personnage renvoie
inévitablement à celle du héros créé trente et un ans auparavant
par Frank Henenlotter) consulte un psychiatre incarné de manière
tout à fait inattendue par l'acteur suédois Peter Stormare que l'on
avait plutôt l'habitude de voir chez Lars von Trier, Steven
Spielberg, Terry Gilliam ou encore Wim Wenders.
L'une des bonnes idées de Bad Milo
est surtout d'avoir opté pour une créature en animatronique plutôt qu'en
CGI. Les rapports entre la bestiole et son hôte demeurent donc
beaucoup plus charnels que si elle n'était constituée que de
millions de pixels. Autre œuvre ayant apparemment inspiré Jacob
Vaughan : The Brood (chez nous, Chromosome 3) de David Cronenberg. Alors
que dans ce dernier un psychiatre était à l'origine d'une thérapie
à base de 'psychoprotoplasmes' permettant à l'un de ses patients
d'extérioriser ses troubles comportementaux sous la forme de bébés
monstrueux, l'expulsion de Milo des entrailles de Duncan semble se
produire chaque fois que son hôte est irrité. Outre une dentition
qui lui donne un air particulièrement peu engageant, la créature
sait parfois se montrer attendrissante. Une sorte de E.T,
l'Extra-Terrestre se muant en I.I, l'Intra-Intestinal. Bad Milo est bête
et méchant, drôle et réjouissant. Une comédie horrifique fraîche
qui rappellera de bons souvenirs aux quadra-quinquagénaires amateurs
de films d'horreur des années quatre-vingt...
❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔
❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔
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