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mercredi 28 décembre 2016

J'aimerais pas crever un dimanche de Didier Le Pêcheur (1998)



Elle n'a que dix-neuf ans. Elle est belle et se prénomme Teresa. Oui mais voilà, elle est morte. Lorsque son corps arrive à la morgue, c'est Ben qui la réceptionne. Ce beau jeune homme transporte alors le corps parfait de Teresa dans les sous-sols de l'établissement puis rentre chez lui prendre une douche. Plus tard, de retour à la morgue, il retrouve la jeune femme, toujours inerte. Le corps parfait, dégageant peut-être une douceâtre odeur de mort, Teresa semble vivante, bien qu'elle ne respire plus. Il n'en faut pas davantage pour que Ben lui ôte le drap qui recouvre son corps nu et lui fasse l'amour. Oui mais voilà, l'acte ignoble qu'il est en train de perpétrer va permettre à Teresa de revenir à la vie.
Découvert par l'un de ses collègues et ami, Boris, Ben est entendu par la Police, menacé de représailles par la responsable en identification de la morgue, et plus tard, passé à tabac par le père de Teresa. La jeune femme, elle, pourtant, n'entend pas porter plainte. Au contraire, elle veut rencontrer Ben. Mais cette fois-ci de son vivant. Elle découvre que le jeune homme est séparé de sa compagne Hélène, qu'il vit désormais seul et que l'un de ses plus proches amis est en train de mourir du SIDA. Ben a de plus des habitudes sexuelles différentes de la majorité de ses semblables. En compagnie de Boris, il passe son temps libre dans des boites échangistes et assiste à des séances de sadomasochisme dont une certaine Marie, très amoureuse de lui, fait les frais. Le suivant partout où il va, Teresa découvre alors l'univers de Ben. A eux deux, ils vont empêcher le suicide de Gilles, un paumé. Tous les trois vont vivre ensemble quelques jours, partageant les tracas des uns et des autres dans un monde où l'amour a abandonné sa place au profit de la mort...

J'aimerais pas crever un dimanche est le second long-métrage du cinéaste et écrivain français Didier Le Pêcheur. Il adapte ici son propre scénario. Majoritairement boudé par la presse et par le public, ce film particulièrement morbide ne mérité cependant pas autant de dénigrement. Le réalisateur nous entraîne dans un récit peu engageant. Un univers sans paillettes, froid comme la mort, où le sexe est mécanique, dénué de tout sentiment. Où la mort est reine et l'amour est mort. Quelques scènes crues. Des dialogues obscènes. Une esthétique lugubre plongeant ses héros dans une lumière bleutée glaçante à souhait. Une œuvre qui se veut sans doute générationnelle, vivant dans l'ombre et la peur des maladies sexuellement transmissibles. Le SIDA fait partie de notre quotidien depuis plus d'une décennie déjà et pourtant, on a l'impression d'un film abordant de manière toute neuve une obsession pour la mort.
 
J'aimerais pas crever un dimanche est une œuvre particulièrement agressive, qui ne prend jamais de gants avec le public. Un film que d'aucun trouvera sans doute sans émotion mais qui reflète quelque part l'état d'urgence que ressentent certains face à la mort. La leur ou même simplement celle d'un proche. Didier Le Pêcheur propose un catalogue assez sordide de pratiques dont peuvent découler des âmes perdues. La drogue, le sexe (sous toutes ses formes, allant de la nécrophilie jusqu'au sadomasochisme), maladie, prostitution, J'aimerais pas crever un dimanche c'est beaucoup de ça, mais peut-être aussi, pas assez de sentiments justement. Il demeure dans le film de Didier Le Pêcheur, un manque terrible de valeurs morales. Les rares qui sont étalées par l'actrice Élodie Bouchez le sont malheureusement un peu tard. Au regard de ce qu'a proposé durant toute sa carrière le regretté Andrzej Zulawski, le film de Didier Le Pêcheur paraîtra bien morne et sans réel message. 
 
Pourtant, J'aimerais pas crever un dimanche suscite un certain intérêt. Et même parfois une certaine forme d'attachement pour des personnages pourtant peu reluisants. Comme une bande de copains qui se seraient perdus dans un abîme sans fond et que l'on aimerait voir resurgir dans la lumière. Malgré tout, il demeure un point noir auquel il est difficile de resté détaché : c'est l'impression d'entendre les acteurs Élodie Bouchez, Jean-Marc Barr, Martin Petit-Guyot ou Patrick Catalifo réciter leur texte. Il manque dans les dialogues, qui se veulent parfois philosophique, un certain naturel. On a alors parfois l'impression d'assister à une pièce de théâtre interprétée dans la rue, ce qui peut générer une certaine gêne. A part cela, J'aimerais pas crever un dimanche demeure une assez bonne surprise...

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