Elle n'a que dix-neuf
ans. Elle est belle et se prénomme Teresa. Oui mais voilà, elle est
morte. Lorsque son corps arrive à la morgue, c'est Ben qui la
réceptionne. Ce beau jeune homme transporte alors le corps parfait
de Teresa dans les sous-sols de l'établissement puis rentre chez lui
prendre une douche. Plus tard, de retour à la morgue, il retrouve la
jeune femme, toujours inerte. Le corps parfait, dégageant peut-être
une douceâtre odeur de mort, Teresa semble vivante, bien qu'elle ne
respire plus. Il n'en faut pas davantage pour que Ben lui ôte le
drap qui recouvre son corps nu et lui fasse l'amour. Oui mais voilà,
l'acte ignoble qu'il est en train de perpétrer va permettre à
Teresa de revenir à la vie.
Découvert par l'un de
ses collègues et ami, Boris, Ben est entendu par la Police, menacé
de représailles par la responsable en identification de la morgue,
et plus tard, passé à tabac par le père de Teresa. La jeune femme,
elle, pourtant, n'entend pas porter plainte. Au contraire, elle veut
rencontrer Ben. Mais cette fois-ci de son vivant. Elle découvre que
le jeune homme est séparé de sa compagne Hélène, qu'il vit
désormais seul et que l'un de ses plus proches amis est en train de
mourir du SIDA. Ben a de plus des habitudes sexuelles différentes de
la majorité de ses semblables. En compagnie de Boris, il passe son
temps libre dans des boites échangistes et assiste à des séances
de sadomasochisme dont une certaine Marie, très amoureuse de lui,
fait les frais. Le suivant partout où il va, Teresa découvre alors
l'univers de Ben. A eux deux, ils vont empêcher le suicide de
Gilles, un paumé. Tous les trois vont vivre ensemble quelques jours,
partageant les tracas des uns et des autres dans un monde où l'amour
a abandonné sa place au profit de la mort...
J'aimerais
pas crever un dimanche
est le second long-métrage du cinéaste et écrivain français
Didier Le Pêcheur. Il adapte ici son propre scénario.
Majoritairement boudé par la presse et par le public, ce film
particulièrement morbide ne mérité cependant pas autant de
dénigrement. Le réalisateur nous entraîne dans un récit peu
engageant. Un univers sans paillettes, froid comme la mort, où le
sexe est mécanique, dénué de tout sentiment. Où la mort est reine
et l'amour est mort. Quelques scènes crues. Des dialogues obscènes.
Une esthétique lugubre plongeant ses héros dans une lumière
bleutée glaçante à souhait. Une œuvre qui se veut sans doute
générationnelle, vivant dans l'ombre et la peur des maladies
sexuellement transmissibles. Le SIDA fait partie de notre quotidien
depuis plus d'une décennie déjà et pourtant, on a l'impression
d'un film abordant de manière toute neuve une obsession pour la
mort.
J'aimerais
pas crever un dimanche
est une œuvre particulièrement agressive, qui ne prend jamais de
gants avec le public. Un film que d'aucun trouvera sans doute sans
émotion mais qui reflète quelque part l'état d'urgence que
ressentent certains face à la mort. La leur ou même simplement
celle d'un proche. Didier Le Pêcheur propose un catalogue assez
sordide de pratiques dont peuvent découler des âmes perdues. La
drogue, le sexe (sous toutes ses formes, allant de la nécrophilie
jusqu'au sadomasochisme), maladie, prostitution, J'aimerais
pas crever un dimanche
c'est beaucoup de ça, mais peut-être aussi, pas assez de sentiments
justement. Il demeure dans le film de Didier Le Pêcheur, un manque
terrible de valeurs morales. Les rares qui sont étalées par
l'actrice Élodie Bouchez le sont malheureusement un peu tard. Au
regard de ce qu'a proposé durant toute sa carrière le regretté
Andrzej Zulawski, le film de Didier Le Pêcheur paraîtra bien morne
et sans réel message.
Pourtant,
J'aimerais
pas crever un dimanche
suscite un certain intérêt. Et même parfois une certaine forme
d'attachement pour des personnages pourtant peu reluisants. Comme une
bande de copains qui se seraient perdus dans un abîme sans fond et
que l'on aimerait voir resurgir dans la lumière. Malgré tout, il
demeure un point noir auquel il est difficile de resté détaché :
c'est l'impression d'entendre les acteurs Élodie Bouchez, Jean-Marc
Barr, Martin Petit-Guyot ou Patrick Catalifo réciter leur texte. Il
manque dans les dialogues, qui se veulent parfois philosophique, un
certain naturel. On a alors parfois l'impression d'assister à une
pièce de théâtre interprétée dans la rue, ce qui peut générer
une certaine gêne. A part cela, J'aimerais
pas crever un dimanche
demeure une assez bonne surprise...
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