Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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jeudi 30 avril 2020

Corporate Animals de Patrick Brice (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Mince, la page blanche... Par où commencer ? Dire que Corporate Animals est le quatrième et actuellement dernier long-métrage du réalisateur Patrick Brice ? Qu'il hésite entre comédie, critique acerbe et horreur? Qu'il mélange Les Survivants de l'américain Frank Marshall et The Descent du britannique Neil Marshall (aucun rapport entre les deux hommes)? Que le scénario est signé de Sam Bain, que Demi Moore y interprète Lucy Vanderton, la PDG d'une entreprise fournissant des couverts comestibles, qu'elle y est égocentrique et y impose une véritable dictature ? Qu'elle a décidé d'organiser un week-end avec ses plus proches collaborateurs ? Qu'ils vont tous se retrouver piégés dans les profondeurs d'une grotte du Nouveau-Mexique ? Ouais, je pourrais commencer par là. Ou bien aller directement dans le vif du sujet et évoquer ce qu'il y a de bon à tirer de ce long-métrage relativement délirant des quelques défauts qui lui fermeront à tout jamais les portes de la gloire...

Il n'est cependant pas impossible que Corporate Animals devienne un jour l’œuvre emblématique de toute une génération d'employés contraints de réorganiser leur week-end. À cause d'un(e) patron(ne) croyant épatante l'idée de les convier tous à quelques jours de ''stage'' devant leur permettre de souder le groupe et de maintenir un certain esprit d'équipe. L'oeuvre de Patrick Brice deviendrait alors par la force des choses ce défouloir qui permettrait à ces femmes et ces hommes de soulager leur conscience d'employés modèles façonnés selon le bon vouloir de leurs supérieurs. Demi et la bande d'interprètes qui l'entourent s'abîment dans un récit famélique qui ne tient que sur des fondations déjà testées à de nombreuses occasions. Le réalisateur libère ses employés des locaux où en général ils se massacrent jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un pour les convier dans un bien curieux décor: celui d'une grotte dont la seule issue valable est encombrée par d'énormes rochers. Le guide Brandon n'ayant pas fait de vieux os puisqu'il s'est pris sur le dos plusieurs tonnes de cailloux, se pose la question de la survie dans un milieu où manquent l'eau et la nourriture...

L'occasion pour chacun de régler ses comptes avec ses collaborateurs. La politesse des débuts laisse la place à l'aigreur et le moment de vérité s'avère acide. Entre l'employé ''abusé'' sexuellement par sa supérieure et le bras droit ambitieux, la différence d'échelons n'a plus court dans cette arène où est venu le temps du jugement. De la comédie pépère abordée bien avant cela dans des dizaines, voire des centaines d'autres longs-métrages du même acabit, Corporate Animals tire l'une de ses rares forces de la folie qui peu à peu s'installe entre les différents personnages interprétés au hasard par, Jessica Williams, Karan Soni, Calum Worthy ou Dan Bakkedahl. Entre Freddie qui voue une véritable fascination pour la patronne Lucy, Aidan dont la jambe est peu à peu gagnée par la gangrène, ou le modérateur Derek, les conflits s'opposent les uns aux autres comme un château de carte branlant qui ne doit son maintien qu'au peu de cohésion que le groupe peine pourtant à conserver. Puis vient le moment crucial où manger devient une nécessité...

Corporate Animals n'est certes pas la comédie de l'année. On se demande même à certains moments ce qu'est venue faire l'actrice Demi Moore dans cette galère, elle dont la carrière a perdu de sa superbe. Et puis, peu à peu, tout s'enchaîne et sans crier gare, le long-métrage de Patrick Brice déroule son intrigue de fête foraine virant au grand-guignol sans que le spectateur n'en ait grand chose à attendre. Quelques très bonnes idées viennent gripper la routine, comme la séquence psychédélique entre prises de vue réelles et animation ou le délire du personnage interprété par Dan Bakkedahl. Pour la trouille, on repassera. Ça n'est d'ailleurs certainement pas le but recherché par le réalisateur. Quant à la critique, elle est facile et usée jusqu'à la corde. Mais finalement l'essentiel est là: on ne s'ennuie pas...

The Hunt de Craig Zobel (2020) - ★★★★★★★★☆☆



Article à caractère hautement subjectif...

Si d'emblée le synopsis de The Hunt évoquera aux nostalgiques de la Radio-Keith-Orpheum Pictures (plus connue sous le sigle RKO) Les Chasses du Comte Zaroff réalisé par Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel en 1932, ça n'est pas le fruit du hasard. Car en effet, l’œuvre des deux hommes et celle de Craig Zobel sortie en France le 3 avril dernier en VOD ont en commun la nouvelle The Most Dangerous Game écrite en 1925 par le scénariste et écrivain américain Richard Connel. À l'écran, cependant, beaucoup d'événements décrits dans le long-métrage sorti cette année diffèrent par rapport à l’œuvre originale. Presque un siècle plus tard, le récit a forcément évolué vers plus de contemporanéité. Afin d'évaluer la tournure qu'a pris l'adaptation de Craig Zobel par rapport à la nouvelle de Richard Connel, on la rapprochera de certaines œuvres cinématographiques plus récentes que la première adaptation, du genre Battle Royale de Kinji Fukasaku, Wilderness de Michael J. Bassett ou encore Wrong Turn 2 de Joe Lynch. Tout en étant conscient que le récit de The Hunt prend une direction qui leur est cependant différente... Autre lieu, autre temps, mais désir commun d'exploiter une version sous acide et ''aérée'' des Dix Petits Nègres d'Agatha Christie.

Selon une légende urbaine, des patrons d'entreprises auraient pris pour habitude de se réunir dans un manoir pour s'adonner à la chasse. Craig Zobel ne se contentant pas d'évoquer ce fait-divers relégué par les réseaux sociaux, il jette en pâture à d'ignobles individus, une dizaine de citoyens américains (onze pour être tout précis) qui vont tous très rapidement tomber comme des mouches. À ce moment du récit, le spectateur appréciera sans aucun doute possible l'aisance et le cynisme avec lesquels le réalisateur s'amuse à massacrer ses pauvres concitoyens. Et parmi eux, ceux qui l'on n'aura pas eu le temps de supposer être les héros du long-métrage tant Craig Zobel aura pris soin de les éradiquer un à un sans laisser au spectateur ni le temps d'apprendre à les connaître, ni celui de les apprécier. En l'espace d'une petite demi-heure, voilà que tous ou presque sont tombés au champ d'honneur sans avoir eu le temps de comprendre ce qui leur est arrivé. FIN ? Non, car parmi eux se trouve celle qui relance l'intrigue en donnant du fil à retordre aux bourreaux, incarnée par l'actrice Betty Gilpin. Une dure à cuir rompue aux combats qui va faire de The Hunt un spectacle absolument jouissif...

Une Lara Croft ''autiste'' éduquée par sa mère durant toute son enfance à travers les fables d'un Jean de La Fontaine psychotique ! Au delà de la montagne de cadavres qui s'accumulent de part et d'autre des camps opposant ces grands chefs d'entreprise à ces petites gens décrits comme des parasites, l’œuvre de Craig Zobel est un défouloir pas aussi innocent qu'il en a l'air puisqu'il se fait le chantre d'une critique sociale acerbe sous la forme d'un jeu de massacre d'une affolante générosité. En même temps, la déconnade est telle que le truc en question n'est peut-être qu'un prétexte. Mais on s'en tape. Craig Zobel nous pond une héroïne ''schizophrène'' qui d'un côté joue les justicières tout en conservant de l'autre, tout l'apparat de l'anti-héroïne. Dingue comme The Hunt fout la trique comme un Harry Callahan collant une balle à ce taré de Scorpion (Dirty Harry, 1971). Ici, les testostérones ont laissé la place aux courbes élégantes de Betty et de Hilary Swank dont la confrontation finale est amenée à devenir légendaire. Le bébé de l'américain est né sur les écrans américains il n'y pas encore deux mois que le film est déjà culte ! On applaudit la mise en scène et l'interprétation et l'on attend fiévreusement et impatiemment le prochain film de Craig Zobel...

mercredi 29 avril 2020

The Quarry de Scott Teems (2020) - ★★★★★★★★☆☆



Sans la présence de l'acteur Michael Shannon, ce second long-métrage du réalisateur Scott Teems onze ans après That Evening Sun aurait pu passer tout à fait inaperçu. Une indifférence que n'aurait pas mérité The Quarry tant son sujet, la mise en scène et l'interprétation méritent que l'on s'y attarde le temps de ses quatre-vingt dix-huit minutes. Autant de temps qu'il en faut pour construire une histoire apparemment simple mais suffisamment solide pour que le spectateur conserve toute sa patience devant une œuvre qui a tendance à imprimer un rythme excessivement lent. De quoi, sans doute, faire tenir le scénario du réalisateur et d'Andrew Brotzman sur la durée. Car il faut bien le reconnaître, Scott Teems se complaît à étirer le récit jusqu'au point de rupture. Celui qui mène au découragement de spectateurs habitués sans doute à davantage d'action. Des cascades, The Quarry se refuse à tout débordement au point qu'aucune ne viendra gripper la lente tension qui peu à peu va s'installer au cœur d'une petite localité du Texas où sont implantés bon nombre de mexicains. C'est là que débarque un bien curieux personnage qui plus tôt, a assassiné un homme avant de cacher son corps dans une carrière. Un pasteur qui malgré le peu d'impression positive qu'il laisse d'abord auprès des villageois va parvenir à se faire accepter.

Alors qu'à l'église, les paroissiens vont se faire de plus en plus nombreux à assister aux messes, lorsque deux frères dérobent la voiture du pasteur, l'histoire bifurque vers un récit où le mystère entourant ce personnage ne va cesser de grandir...Cet homme d'église dont le comportement trouble va interroger le caractère méfiant du shérif Moore (Michael Shannon) semble en effet cacher un lourd secret directement lié à un élément découvert chez l'un des voleurs. Valentin (l'acteur Bobby Soto) et son jeune frère sont rapidement soupçonnés d'être responsables de la mort de celui dont le cadavre sera découvert enterré dans la carrière. Se pose alors la question des scrupules. Ce remord qui étreint de plus en plus au fil de l'intrigue, le pasteur David Martin qui se sait, lui, responsable de la mort de l'homme et qui va devoir vivre avec l'idée que l'on condamne injustement un autre que lui. L'ambiance de The Quarry se veut de plus en plus pesante. Parallèlement à l'enquête policière que le spectateur sait prendre une mauvaise direction, on assiste peu à peu à la lente agonie d'un pasteur revendiquant une foi en Dieu de plus en plus affirmée.

Shea Whigham incarne à merveille cet homme de dieu usurpateur d'identité déchiré entre ferveur, scrupules et cette nécessité de conserver une certaine opacité pour que ne soit jamais découverte sa véritable identité. The Quarry baigne dans un culte religieux parfois quasi mystique tout en évitant scrupuleusement de dresser le portrait d'une communauté prête à à sacrifier l'un des leurs au nom de la foi. Les soupçons des uns et des autres n'étant jamais clairement établis autrement qu'à travers le personnage incarné par Michael Shannon, il devient difficile alors d'évaluer dans quelles mesures et dans quelle direction les événements vont bifurquer. On oublie très rapidement le rythme léthargique imposé par la mise en scène de Scott Teems pour se laisser porter par une angoisse sans cesse grandissante. La rédemption du héros y connaît des limites que son instinct de survie n'ose pas franchir. La sobriété de The Quarry est exemplaire et le dénouement d'un pessimisme absolu...

Plagi Breslau de Patryk Vega (2020) - ★★★★★★☆☆☆☆



Vous allez dire que je suis maniaque, que je cherche la petite bête ou que je suis de mauvaise foi (et pour quelle raison, d'ailleurs, le serais-je ?), mais il y a des détails qui demeurent inacceptables et empêchent de s'imprégner totalement d'un récit ou de son univers. Ce petit ''caillou dans le soulier'' qui empêche mon cerveau de fonctionner à vitesse réduite pour ne laisser que s'exprimer l'imaginaire du scénariste et réalisateur polonais Patryk Vega, auteur d'une poignée de longs-métrages et d'épisodes de différentes séries aux titres parfois imprononçables. Plagi Breslau est son antépénultième effort, et si l'on ne doit évoquer qu'un seul film ayant pu lui servir de source d'inspiration, celui auquel on pense forcément en premier est Se7en que David Fincher réalisa vingt-trois ans auparavant. Car oui, tous les deux se complaisent dans une sordide histoire policière, les stigmates qu'exhibent les cadavres de l'un rappelant furieusement ceux de l'autre. Authentique chef-d’œuvre du thriller sombre et décrépi, il fallait être gonflé pour oser s'aventurer un demi-siècle plus tard sur les terres fétides du classique américain...

Mais lorsque l'on n'a pas, semble-t-il, une once d'imagination, ou quand celle-ci paraît si prétentieuse qu'elle semble incapable de se remettre en question, ça peut donner parfois des œuvres telles que Plagi Breslau. Un long-métrage qui se veut véritablement dérangeant en repoussant les limites de l'horreur à travers la découverte de divers cadavres (il faut le reconnaître, tout de même très impressionnants) tous liés par une même affaire,mais qui s'avère en réalité parfois involontairement drôle. Quant au caractère ''habité'' du personnage interprété par l'actrice Malgorzata Kozuchowska (à vos souhaits!), notre Daniel Auteuil national était en 2008 mille fois plus convaincant en flic alcoolique blafard hanté par un drame qui le toucha personnellement dans le très sombre MR73. En fait, l'un des principaux soucis du réalisateur polonais est sa tendance à trop vouloir être démonstratif. Et à trop chercher à exploiter l'aspect glauque de son script, l’œuvre n'en devient que plus caricaturale et donc infiniment moins vraisemblable que sur le papier...

Tout commence par la découverte d'un homme enveloppé d'une peau de vache sous l'étal d'un marché à ciel ouvert. D'où ce petit détail que j'évoquais et qui en feront peut-être bondir certains mais merde : un corps inanimé, ça pèse quand même son poids, non ? Alors pourquoi semble-t-il ne pas être plus lourd qu'un mètre-cube de polystyrène lorsqu'un commerçant l'extrait de sa cachette ? Et même si ce détail n'a au fond aucune espèce d'importance puisqu'il n'aura pas la moindre conséquence sur la suite des événements, cela démontre que dès le départ, Patryk Vega n'est pas aussi pointilleux qu'un David Fincher. Et ce n'est là qu'un tout petit exemple puisqu'en matière d'incongruités, Plagi Breslau va s'avérer une fontaine que ne se tarira jamais. Cependant, ne lui jetons pas autant de pierres qu'il en faudrait pour le lapider. Les interprètes ne font pas simplement acte de présence et s'en tirent relativement bien. Le film est plutôt bien rythmé et le soin apporté aux effets-spéciaux de maquillage mérite que l'on souligne le travail de leurs concepteurs...

Après, le sentiment de déjà-vu ne pourra que sauter aux yeux des spectateurs aguerris. Sauf peut-être en ce qui concerne ces moments d'involontaire bravoure humoristique ET redondante, entre la scène du cheval et celle du tonneau métallique qui reproduisent chacun à leur tour les mêmes mécanismes avec un sens de la cascade digne des gaudrioles d'un autre de nos grands interprètes, Jean-Paul Belmondo. Patryk Vega veut faire dans le spectaculaire, entre carambolage, stands et terrasses renversés, passants bousculés, mais son pétard prend l'eau et c'est avec un certain inconfort que l'on regarde son voisin en le questionnant du regard. Doit-on rire ? Ou... pleurer... ? Fort heureusement, Plagi Breslau propose un dernier tiers beaucoup plus intéressant et surtout, beaucoup mieux construit, aidé en cela par une série de flash-back ouvrant de nouvelles perspectives. Seul le final s'avérera quelque peu abrupte...à voir, donc, même si le long-métrage de Patryk Vega ne renouvelle pas vraiment le genre... Disponible sur Netflix.

mardi 28 avril 2020

Rendez-vous chez les Malawas de James Huth (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Contre la sinistrose, rien de mieux qu'une comédie. Bonne ou mauvaise, qu'importe. L'essentiel est de se vider la tête, rire un bon coup et pourquoi pas, en conserver un bon souvenir. On évitera donc d'avoir la dent trop dure contre le dernier long-métrage de James Huth, auteur auparavant de Brice de Nice, de Lucky Luke ou d'Un Bonheur n'arrive jamais Seul. Rien de transcendant, donc à part pour celles et ceux qui édifièrent une stèle autour du personnage incarné par Jean Dujardin, le fameux Brice en question. Si Rendez-vous chez les Malawas se digère relativement bien, cette petite comédie dans l'air du temps, avec ses gags grabataires et son contexte voilant à peine ses références télévisuelles, déroule son récit sans qu'aucune aspérité ne vienne gripper le train-train d'un cinéma français humoristique qui se mord la queue à force de toujours copier/coller le même concept. Il sera facile pour certains d'évoquer l'image d'une Afrique primitive comme élément de caricature. Mais ne l'oublions pas, si l’œuvre de James Huth évoque forcément la remarquable émission présentée par Frédéric Lopez (puis plus tard par Raphaël de Casabianca) Rendez-vous en terre inconnue, il n'y a aucune raison valable de n'y voir que le côté sombre des éternels clichés dont se font les pourfendeurs les marchands de la bien-pensance. Car qui oserait critiquer la dite émission ? Certainement pas ceux qui pourraient par contre éventuellement s'acharner sur l’œuvre de James Huth...

A dire vrai, ceux que le réalisateur/scénariste moque réellement dans ce long-métrage qui confronte quatre ''célébrités'' à un peuple d'Afrique, ce ne sont pas ces malawas que l'on aurait aimé voir réellement exister mais bien ce journaliste en perte de vitesse, animateur d'un ''télé-achat'' et leader autoproclamé. Cette actrice de sitcom dont aucun film n'a vu le jour sur grand écran. Cet humoriste qui parvient péniblement à remplir les salle de spectacle. Ou bien ce footballeur professionnel pas vraiment finaud. On le comprends assez rapidement : le réalisateur n'a pas choisi de faire dans la finesse et semble n'avoir pas la moindre tendresse pour ses ''héros''. Ici, le message tiendra dans quelques toutes petites phrases laissées derrière eux par celle et ceux qui par la force des choses sont devenus les vedettes préférées des français. James Huth a beau tourner son film sur des terres africaines absolument magnifiques, il n'en exploite malheureusement le potentiel que très superficiellement. Ou comment gâcher une opportunité en ne concentrant son intrigue qu'autour de son quatuor de pantins.

Sylvie Testud, Michaël Youn, Ramzy Bédia et Christian Clavier font ce qu'on leur demande et ils le font bien. Pascal Elbé incarne quant à lui l'alter ego de Frédéric Lopez en la personne de Léo Poli tandis que François Levantal interprète le cameraman Géronimo. La plus grosse déception de Rendez-vous chez les Malawas se situe dans son manque flagrant de profondeur. Ça n'est pas parce que le réalisateur a voulu une fois encore emprunter le terrain de la comédie que cela doit forcément l'empêcher à chaque fois d'y imposer une certaine dimension. D'autant plus qu'avec la référence télévisuelle que se traîne derrière lui son dernier long-métrage, le script co-écrit par James Huth, Michaël Youn et Sonja Shillito possédait des bases solides qui ne manquaient plus qu'un tout petit effort d'imagination de la part de ses auteurs. En l'état, Rendez-vous chez les Malawas est une comédie sympathique, drôle à certaines occasions si rares soient-elles, mais manquant, je le répète d'une certaine profondeur. Si son peuple imaginaire ne laisse pas indifférent, James Huth semble très rapidement s'en désintéresser pour ne concentrer son récit que sur son carré de vedettes. Un choix malheureux pour une comédie qui une fois encore, ne parvient pas à s'extraire du lot...

lundi 27 avril 2020

Timeslip de Ken Hugues (1955) - ★★★★★★☆☆☆☆



Timeslip (connu aux États-Unis sous le titre The Atomic Man et atrocement traduit chez nous sous celui de Le Mort Frappe à la Porte) est un long-métrage réalisé par le cinéaste britannique Ken Hugues et met en scène une histoire apparemment très banale. Sorte de film policier mêlant l'enquête d'un ambitieux journaliste dont la désinvolture à tendance à agacer son entourage (à commencer par son patron et sa petite amie Jill Rabowski interprétée par l'actrice américaine Faith Domergue) à celle d'un détective, incarné par l'irlandais Joseph Tomelty. Nous sommes en 1955 et le long-métrage est en noir et blanc. Rien que de très classique donc pour l'époque, tout comme semble l'être le récit d'ailleurs. Sur fond d'expérience visant à créer du tungstène synthétique, le docteur Stephen Rayner (interprété par le malaisien Peter Arne) est un soir retrouvé sur une berge de la Tamise apparemment très gravement blessé. Selon les médecins, l'homme a peu de chance de survivre. Atteint d'une balle dans le dos, il meurt durant l'intervention chirurgicale mais recouvre la vie, sept secondes plus tard (ce qui, dans les faits, est une erreur puisque comme le constatera le spectateur, son électrocardiogramme mettra beaucoup plus de temps à réagir de nouveau... mais passons sur ce menu détail).

Victime d'une agression mais survivant finalement à ses blessures, le détective Cleary éprouve du mal à interroger le malade dont les propos semblent incohérents. Le héros de cette histoire, le journaliste Mike Delaney (l'acteur Gene Nelson), très intéressé par son cas décide malgré les injonctions de son supérieur d'enquêter sur cette affaire de tentative de meurtre et va mettre à jour un formidable complot visant à nuire aux travaux de Stephen Rayner. Classique, donc, ce récit policier ne paierait pas de mine si n'entrait pas en jeu le caractère fantastique de ce personnage énigmatique. Entre usurpation d'identité et machination, Timeslip plonge le spectateur dans un récit où le ''voyage dans le temps'' a son importance. Le film de Ken Hugues évoque en effet la possibilité qu'un homme puisse vivre sur un plan temporel très légèrement décalé par rapport aux autres protagonistes. Ce qui explique les curieuses réponses qu'il donne à ceux qui l'interrogent (la solution de cette énigme se révélera d'ailleurs particulièrement savoureuse).

Le cœur du récit n'empêche pas Timeslip d'être parfois amusant. Surtout dans la relation qu'entretiennent le journaliste et sa petite amie. Les quelques éléments fantastiques relevant sous certaines conditions de la science-fiction se révèlent quant à eux plutôt discrets. L'on y évoque la radioactivité dont est atteint le scientifique surnommé alors ''L'Homme Atomique'' (ou ''Isotope Man'') et qui est révélée à travers des clichés photographiques auréolés d'une luminescence dont l'interprétation peut s'avérer tout autre dans un premier temps. Une économie de moyens contrainte par un budget relativement modeste. Mais l'aspect ''surnaturel'' s'octroyant une part congrue du scénario, Timeslip revêt d'abord l'apparat d'un néo-noir, renforcé en cela par le noir et blanc et le caractère sinistre du complot mené par un certain Emmanuel Vasquo incarné par le ventripotent Vic Perry à côté duquel l'ancien médecin nazi, le docteur Bressler (interprété par l'acteur allemand Paul Hardtmuth), paraît bien fragile. On le constate, Timeslip est une œuvre britannique qui réunit cependant un casting international. Il y a peu de chance que le film de Ken Hugues ait laissé une marque indélébile dans l'esprit des amateurs de policier ou de science-fiction qui purent le découvrir l'année de sa sortie mais ce long-métrage adapté du roman de science-fiction The Isotope Man de Charles Eric Maine demeure suffisamment bien traité par le réalisateur et parfaitement interprété pour ne pas laisser le spectateur indifférent, du moins, lors de sa projection...

dimanche 26 avril 2020

Space Probe Taurus de Leonard Katzman (1965) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alors que depuis qu'il a été capable d'observer l'univers à travers d'immenses télescopes et qu'il est en mesure de s'extraire de la gravité terrestre pour voyager dans l'espace, l'homme rêve de découvrir d'autres planètes habitables que la sienne. En l'an 2000, la navette spatiale américaine Hope1 quitte la Terre de la base de Cap Kennedy avec à son bord, quatre membres d'équipage : Les docteurs John Andros, Paul Martin et Lisa Wayne ainsi que le colonel Hank Stevens. Leur destination : Taurus, une planète de classe Minshara (Classe M) à l'environnement proche de celle de la Terre. Leur mission : s'assurer qu'elle possède tous les critères permettant à l'homme de s'y replier un jour. En chemin, les quatre astronautes vont faire face à de nombreux problèmes. À commencer par un vaisseau non humain habité par une étrange créature humanoïde particulièrement agressive. Contraints de la tuer et de faire exploser le vaisseau, les membres de Hope1 reprennent ensuite leur voyage vers Taurus. Plus loin dans l'espace, la navette est confrontée à une pluie de météorites perturbant les outils de navigation obligeant le colonel Stevens a prendre une décision importante afin de réparer les dégâts causés par l'une d'entre elles. Alors que leur voyage n'est pas encore arrivé à son terme, Hope1 atterrit sur une planète inconnue en grande partie recouverte par des océans. Totalement immergée, la navette est rapidement encerclée par d'immense crustacés. Pendant que les autres membres mettent tout en œuvre pour la réparer, le docteur Andros fait le choix d'aller visiter la planète afin de vérifier si selon les calculs de Lisa Wayne, celle-ci est habitable...

Tourné en 1965 par le réalisateur américain Leonard Katzman, dont il s'agira de l'unique long-métrage cinéma, Space Probe Taurus tente avec plus ou moins de succès d'ancrer le récit et ses personnages dans un contexte de voyage intergalactique réaliste. Surtout connu chez nous pour avoir tourné plus de soixante épisodes de la célèbre série télévisée Dallas, c'est malheureusement avec très peu de moyens financiers que Leonard Katzman parvient cependant à réaliser une œuvre de science-fiction qui, si elle ne laissera pas de souvenirs impérissables, demeure tout à fait convenable. Bien que le passionnant sujet de cette aventure spatiale aux confins de l'univers à la recherche d'une planète habitable soit parfois traité avec un luxe de sérieux, de nombreux indices laissent entrevoir l'absence de budget de cette petite production financée par le réalisateur lui-même ainsi que par Leon Selknick et Burt Topper.

Alors que le film ouvre les hostilités en faisant passer un message qui laisse rêveur, entretenu par des images d'archives empruntées à la NASA, très rapidement, Space Probe Taurus montre ses limites. Et même si les quatre principaux interprètes que sont Francine York, James B. Brown, Bayne Barron et Russ Bender s'avèrent plutôt convaincants dans leur tenue d'astronautes, certains détails feront tiquer, voire sourire le spectateur : à commencer par la créature que les personnages croisent lors de leur voyage. Un Craignos Monster plus drôle que vraiment effrayant, incarné par Jimmy Bracon, et qui passe son temps à tirer la langue (une manière de s'exprimer?). Une grande majorité des scènes se déroulent dans le cockpit d'une navette on ne peut plus étroite. Alors que nous sommes à la toute fin du vingtième siècle, le spectateur éprouvera sans doute un irrépressible besoin de s'esclaffer devant la porte située à l'arrière de la salle et mettant une plombe pour s'ouvrir (ce qui s'avère rédhibitoire lorsque se présente un danger) et ce, dans un vacarme assourdissant. De même que l'apparition de crabes bien réels entourant une maquette de Hope1 s'avérera quant à elle des plus improbable, voire ridicule. Une visite plus approfondie de la planète inconnue aurait sans doute apporté de la matière à une œuvre de science-fiction qui attache en réalité davantage d'importance à l'étude du comportement des membres de l'expédition que de la découverte d'une vie ''ailleurs''. Il n'empêche qu'en dehors de ses défauts, Space Probe Taurus demeure un sympathique petit film de science-fiction, ironisant sur les rapports entre des membres d'équipage presque exclusivement masculins et proposant une vision archaïque de la vie extra terrestre... Kitsch mais attachant...

samedi 25 avril 2020

Invisible Invaders d'Edward L. Cahn (1959) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Quel dommage... avoir entre les mains une idée aussi riche pour n'en pas exploiter toutes les possibilités, quel manque d'opportunité de la part de son auteur. Oui, vraiment dommage. Car peut-être qu'aujourd'hui, Invisible Invaders d'Edward L. Cahn serait aussi célèbre que The Night of the Living-Dead de George Romero, The Day the Earth Stood Still de Robert Wise ou Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel. Mais à vrai dire, son film, lui, ressemble davantage à ces dizaines, ces centaines de longs-métrages de science-fiction qui ont vu le jour aux États-Unis dans les années cinquante et soixante et dont la seule qualité fut sans doute celle de divertir les adolescents d'alors dans les cinémas de plein air. Parce que pour le reste, Invisible Invaders est une foirade absolue. D'autant plus que les premières minutes pouvaient laisser présager le meilleur avant que le pire ne s'impose finalement...

Imaginez : un film dans lequel des morts revenus à la vie et des extraterrestres feraient bon ménage. Où la menace d'une destruction massive de notre planète par une civilisation venue d'ailleurs pèserait sur une poignée de scientifiques ayant la charge de trouver un remède à cette invasion. De quoi permettre à Edward L. Cahn, auteur en cinquante ans de carrière de plus de cent-vingt cinq courts et longs-métrages de confortablement naviguer autour d'un scénario facile à mettre en place. Pensez-donc : George Romero et ses zombies anthropophages n'ayant pas encore envahi les écrans, Invisible Invaders aurait pu devenir ce film culte que tout réalisateur rêve d'avoir réalisé au moins une fois dans sa carrière. Mais non, le bonhomme n'ayant apparemment bénéficié que d'un budget restreint, son œuvre (l'une des neuf qu'il réalisa en cette seule année 1959 !!!) est loin d'atteindre le quota raisonnable permettant à son film de science-fiction de sortir du lot. Un genre tellement encombré à l'époque qu'il était aisé pour le spectateur de faire son marché et d'en choisir un plutôt qu'un autre...

Tout commence pourtant de manière plutôt rassurante. Alors qu'un scientifique vient de mourir lors d'une explosion dans son laboratoire, l'un de ses amis également chercheur, du nom de Adam Penner (l'acteur Philip Tonge) voit débarquer un soir chez lui, le cadavre bien vivant de son ami. Fraîchement sorti de sa tombe, celui-ci est en fait venu délivrer un message. Lui, ou plutôt l'extraterrestre qui s'est emparé de son enveloppe corporelle afin de communiquer avec les habitants de la Terre. Car oui, les extraterrestres qui bientôt vont menacer les humains de détruire leur planète s'ils ne se rendent pas, sont invisibles. Et le seul moyen pour eux de se faire entendre et voir des terriens et de ''voler'' l’enveloppe corporelle d'un cadavre récent afin de communiquer avec les vivants... Bien qu'ayant du mal à faire accepter à ses proches la réalité du phénomène auquel il vient d'être confronté, c'est avec l'aide de sa propre fille, d'un ami et d'un militaire qu'Adam Penner va tenter de combattre l'ennemi invisible...

Si les cadavres déambulent ici comme le feront neuf ans plus tard ceux du chef-d’œuvre de George Romero en 1968, on l'aura compris, nos scientifiques ne sont pas confrontés à de véritables morts-vivants mais à des extraterrestres ayant pris possession de leur corps. Une fois le concept établi, le film repose entièrement sur la recherche d'une méthode permettant d'éradiquer ce fléau venu d''ailleurs. Le principal soucis de Invisible Invaders provient du fait d'un manque de moyens évident et surtout de l'incapacité pour Edward L. Cahn, de s'y adapter en conséquence. Le résultat ne se fait pas longtemps attendre. La quasi totalité du film se déroule dans l'unique décor d'un pseudo laboratoire scientifique (ordinateurs gigantesques et ''Bip-Bip'' d'usages à l'époque) où trois hommes et une femme, le docteur Penner, donc, ainsi que sa fille Phyllis (l'actrice Jean Byron), le docteur Lamont (Robert Hutton) et le major Bruce Jay (John Agar) vont passer leur temps à évaluer différentes possibilités avant de résoudre l'équation jusqu'à trouver un remède improbable. N'excédant pas les soixante-sept minutes, Invisible Invaders se permet pourtant d'être parfois très ennuyeux à force de redondance. L'emploi d'un seul décor et de très nombreux ''Stock-Shots'' montrant des édifices s'écrouler ne suffisent pas à faire du long-métrage d'Edward L. Cahn, l’ouvre hybride tant espérée. Au final, Invisible Invaders s'avère aussi peu enthousiasmant que bon nombre de films de science-fiction sortis à l'époque...

vendredi 24 avril 2020

Dawn Of The Dead de George Romero (Japanese cut) (1978)



Tout le monde connaît l'histoire : les morts sont sortis de leur tombe et ont envahi la planète toute entière. La moindre morsure infligée à un être encore en vie, et celui-ci rejoint les rangs des zombies après avoir subit une longue agonie. Zombie (Dawn of the Dead), le quatrième volet de l'hexalogie réalisée entre 1968 et 2009 par le réalisateur américain George A. Romero fait suite à La Nuit des Morts-Vivants (The Night of the Living Dead), premier volet d'une saga des morts-vivants ayant redéfini les codes du genre en transformant les morts-vivants en être décharnés avides de chair humaine. Si la version que nous connaissons de Zombie demeure objectivement la meilleure d'entre toutes grâce aux connaissances en terme de montage du réalisateur italien Dario Argento, il faut savoir qu'il en existe plusieurs autres. La plus célèbre alternative à la version européenne qui dure cent-dix sept minutes reste la version séminale réalisée au départ par George Romero lui-même. Une version américaine plus longue d'une dizaine de minutes mais aussi nettement moins rythmée. Et surtout, bénéficiant d'un score fidèle au style vieillot du premier volet datant de 1968 mais totalement désuet et peu en accord avec ce second volet de la saga. La refonte effectuée par Dario Argento permet au long-métrage de George Romero de le débarrasser de tout superflu et lui permet de gagner en intensité ainsi qu'en modernité grâce à la formidable musique du groupe italien Goblin.

Moins connue, la version intitulée Dawn Of The Dead: The "Extended Mall Hours" Cut est l’œuvre d'un fan qui a regroupé en 2008 la version diffusée à l'époque au festival de Cannes dans le sud de la France et le montage de Dario Argento. Plus proche du montage initial de George Romero que de celui de Dario Argento, cette version étend le film sur une durée de deux heures et trente-six minutes dans lequel, beaucoup de scènes de dialogues ont été ajoutées ainsi que quelques séquences parmi lesquelles la décapitation d'un mort-vivant à l'aide d'une pale d'hélicoptère. Cette version permet surtout, tout comme celle de George Romero, de percevoir l'immense apport du travail effectué par Dario Argento sur la version européenne. Mais s'il existe sans doute encore d'autres montages en fonction des pays, le Japon s'est permis quelques modifications qui devraient faire bondir les fans de l’œuvre des réalisateurs américain et italien. En effet, outre de menus détails dont la modification n'a pas vraiment d'importance, d'autres modifient à outrance l’œuvre de George Romero...

Le fait que le film soit fort logiquement doublé en japonais, que l'intégralité des sons aient été retravaillés (les tirs d'armes sont ridicules et les coups portés sonnent comme ceux des films de karaté) ou que certains textes explicatifs aient été insérés ne sont pas les faits les plus rédhibitoires. Non, ce qui pourrait éventuellement agacer le fan de la première heure (bien que rien ne l'oblige à s'imposer cette version) demeure dans le fait que deux des principes fondamentaux faisant de Dawn of the Dead le film légendaire qu'il est aient disparu ! Déjà écourté d'une dizaine de minutes par rapport à la version originale, cette fois-ci, l’œuvre de George Romero passe de cent-dix sept minutes à seulement quatre-vingt douze. Soit, si l'on calcule bien, vingt-cinq minutes de métrage en moins. Un fait qui s'explique en raison de coupes drastiques effectuées sur les nombreuses séquences gore qui pour le coup, disparaissent toutes (les éditeurs japonais voulant ainsi éviter les foudres de la censure). Adieu donc, le formidable travail effectué par le maquilleur Tom Savini, certains trous étant comblés alors par d'inattendus arrêts sur image (la femme noire dont le compagnon dévore le bras en est un parfait exemple). Autre ignominie imposée par cette version : la disparition pure et simple du sublime score du groupe de rock progressif italien Goblin pour une musique qui ne souffre absolument pas la comparaison (on peut même y entendre Oxygène Part.3 de Jean-Michel Jarre lorsque l'hélicoptère survole le centre-commercial !!!). Cependant, cette version raccourcie, remontée et doublée en japonais se révèle une véritable curiosité. À réserver aux japonophones ou à toutes celle et ceux qui connaissent l’œuvre originale au point de n'avoir pas besoin de suivre les dialogues...

Invitation pour l'Enfer de Wes Craven (1984) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Le réalisateur américain Wes Craven aura consacré une partie de sa carrière à la famille américaine moyenne. On la retrouve dès son premier long-métrage La Dernière Maison sur la Gauche où elle fait face aux assassins de sa progéniture, dans La Colline a des Yeux où elle est confrontée à une famille d'anthropophages, ou dans L’Été de la Peur où l'union de ses membres se délite à l'arrivée d'une cousine/nièce diabolique. Le réalisateur ira même jusqu'à élargir son champ d'action aux habitants d'un quartier dont les enfants seront les victimes d'une vengeance orchestrée par un croquemitaine exécuté par leurs parents des années en arrière (Les Griffes de la Nuit). Et même à un village tout entier occupé par les membres d'une communauté Hittite. On ne s'étonnera donc pas que Wes Craven ait une fois de plus à travers le téléfilm Invitation pour l'Enfer, convié la famille au sein d'une étrange communauté installée dans une petite ville de Californie... C'est là que viennent s'installer Matt Winslow et les membres de sa famille : son épouse Patricia et leurs deux enfants Chrissy et Robbie. C'est d'abord pour eux, l'occasion de revoir leur ami Tom Peterson grâce auquel le père de famille a obtenu une place dans une agence qu'il intègre afin qu'il développe une combinaison de son invention : celle-ci doit en effet permettre à de futurs astronautes de partir dans l'espace à la découverte de la planète Vénus...

Si Invitation pour l'Enfer débute de manière relativement peu convaincante (son statut de téléfilm saute aux yeux), tout le savoir-faire de Wes Craven devrait notmalement s'exprimer ensuite dans l'évolution des personnages qui comme parfois chez lui changent de personnalité au point d'en devenir inquiétants. C'est le cas des enfants et de l'épouse du héros incarné par l'acteur Robert Urich que l'on a pu notamment découvrir dans la série Vegas en 1978 et qui débuta sa carrière au cinéma dans Magnum Force de Ted Post cinq ans auparavant. Il campe dans Invitation pour l'Enfer, ce père inquiet de la tournure que prennent les événements. Invitation pour l'Enfer, c'est un peu ''Tom Peterson contre le reste du monde''. En effet, ce qui participe de l'angoisse grandissante, c'est la solitude qui entoure le personnage lorsque les forces obscures se manifestent. Quand même au sein de sa propre famille, le héros en vient à douter de sa propre épouse, il se sait contraint de combattre seul l'ennemi invisible...

Aux côtés de Robert Urich, on retrouve dans le rôle de l'épouse de Tom l'actrice Joanna Cassidy que les amateurs de science-fiction ont pu notamment voir dans le rôle de la strip-teaseuse Zhora dans le classique de Ridley Scott, Blade Runner en 1982. Wes Craven filme une énième variation sur l'invasion de notre planète par des entités biologiques extraterrestres, mais avec infiniment moins de subtilité qu'un Philip Kaufman période L'Invasion des profanateurs, remake et classique intemporel de science-fiction paranoïaque qui ne trouve ici malheureusement pas un descendant digne de ce nom. Invitation pour l'Enfer navigue dans les eaux boueuses du téléfilm du dimanche après-midi. Production de science-fiction grandiloquente (le look de Susan Lucci/Jessica Jones est notamment typique des années quatre-vingt et donc aujourd'hui, totalement désuet) et kitsch (mon dieu, certains décors, éclairages et effets-spéciaux) étouffée par un score envahissant et parfois pesant signé par le compositeur hongrois Sylvester Levay (L'invasion vient de Mars de Tobe Hooper en 1986, Three O'Clock High de Phil Joanou en 1987, etc...), le téléfilm de Wes Craven vaut essentiellement pour l'interprétation de Robert Urich et Joanna Cassidy. Pour le reste, Invitation pour l'Enfer laissera le spectateur indifférent ou tout au plus curieux...

La Ferme de la Terreur de Wes Craven (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Après avoir débuté sa carrière et avoir fait sensation avec La Dernière Maison sur la Gauche en 1972, le réalisateur américain Wes Craven a signé cinq ans après, un autre classique de l'horreur et de l'épouvante avec La Colline a des Yeux. Après un documentaire en 1978 et un téléfilm la même année (L’Été de la Peur), il revient sur grand écran trois ans plus tard avec le méconnu La Ferme de la Terreur. Une œuvre mineure dans la carrière de Wes Craven mais néanmoins intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, le film réunit un casting relativement convenable et dont une partie est constituée d'interprètes tout droit venus du petit écran. C'est ainsi donc que l'on retrouve l'acteur Douglas Barr que l'on connaît bien chez nous pour l'avoir notamment vu interpréter le rôle régulier de Howie Munson dans la série L'Homme qui Tombe à Pic aux côtés de Lee Majors et de Heather Thomas. Lisa Hartman elle aussi est surtout issue du monde de la télévision. Si elle a joué dans de nombreuses séries, c'est surtout grâce à Côte Ouest que le public français fera sa connaissance. Parmi les autres interprètes de La Ferme de la Terreur, on retrouve dans un minuscule rôle l'acteur Michael Berryman, dont le public découvrira l'étrange visage dans le chef-d’œuvre de Milos Forman en 1975, Vol au Dessus d'un Nid de Coucou mais sera surtout l'un des membres de la famille d'anthropophages de La Colline a des Yeux et de sa suite tout deux réalisés par Wes Craven en 1977 et 1985. L'apparition de l'acteur prenant la forme d'un hommage offert par un cinéaste à celui qui participa à la naissance d'un mythe...

Autre interprète non négligeable visible à l'écran : l'acteur Ernest Borgnine qui offre là ses traits à l'inquiétant Isaiah Schmidt. Inquiétant car La Ferme de la Terreur situe son action dans une communauté de Hittites aux mœurs et coutumes très stricts justement dirigée par cet homme. Et puis, l’œuvre de Wes Craven est également l'occasion de découvrir pour l'une de ses toutes premières apparitions à l'écran, celle qui deviendra onze ans plus tard une star mondiale grâce à Paul Verhoeven et Basic Instinct, l'actrice Sharon Stone. Âgée de seulement vingt-deux ans lorsqu'elle participe au tournage de La Ferme de la Terreur, elle est encore bien loin de la femme fatale que l'on découvrira dans l'incroyable thriller du réalisateur néerlandais... Ça n'est pas parce que Wes Craven situe son intrigue dans une communauté renfermée sur elle-même que le spectateur n'aura pas le plaisir d'y voir évoluer de jolie plantes. C'est ainsi que participent également à l'aventure dans un contexte trouble et sectaire, les actrices Maren Jensen et Susan Buckner. Un long-métrage presque cent pour cent féminin finalement. Et parmi ce séduisant défilé de ''mannequins'', l'actrice Lois Nettleton qui très rapidement sème le doute de par son inquiétante attitude.

Si le sujet même de La Ferme de la Terreur convoque le fantastique à travers la pratique de la religion, de certaines coutumes et par la présence latente d'une entité maléfique, le long-métrage de Wes Craven s'avère bien moins satisfaisant que les promesses de son synopsis le laissaient espérer. D'abord, visuellement, La Ferme de la Terreur rejoint davantage son précédent téléfilm L’Été de la Peur que n'importe quel autre long-métrage dont la vocation est d'être projeté sur grand écran. Ça n'est pas foncièrement laid, mais le résultat est tout juste correct. Et puis, il y a ce rythme imposé par le réalisateur : son film est mou, mais mou... l'ennui s'y impose comme principale valeur et il faut supporter de longues plages de tranquillité lors desquelles les interventions des actrices sont rarement passionnantes. À dire vrai, malgré son potentiel, La Ferme de la Terreur n'est qu'un vulgaire petit slasher qui repose presque uniquement sur la recherche de l'identité du tueur. Il est en fait dommage que Wes Craven n'ait pas poussé plus loin l'étude de cette communauté proche des Amish. Par contre, on louera l'inquiétant score composé par James Horner et en partie constitué de chants incantatoires particulièrement angoissants. Pour le reste, La Ferme de la Terreur  demeure anecdotique...

jeudi 23 avril 2020

L'Eté de la Peur de Wes Craven (1978) - ★★★★★★★☆☆☆



Un petit cycle consacré au réalisateur américain Wes Craven disparu voici bientôt cinq ans et qui en quarante ans de carrière aura réalisé bon nombre de films cultes et de chefs-d’œuvre du fantastique, de l'horreur et de l'épouvante. À commencer par La Dernière Maison sur la Gauche en 1972 et La Colline a des Yeux en 1977. Deux grands classiques qui en ont précédé d'autres puisque Wes Craven réalisa notamment ensuite Les Griffes de la Nuit en 1984, l'excellent L'Emprise des Ténèbres en 1988, Le Sous-sol de la Peur en 1991 ou encore les quatre volets de la saga Scream entre 1996 et 2011. Le cycle que j'ai choisi de lui consacrer ne portera sur aucun de ces films mais sur trois téléfilms qu'il réalisa pour la télévision américaine entre 1978 et 1985 (L'Eté de la Peur, Invitation pour l'Enfer et Terreur Froide) et sur un long-métrage moins connu du grand public mais sans doute apprécié des amateurs du genre horrifique, La Ferme de la Terreur réalisé en 1981. Une fois n'est pas coutume, je vais respecter l'ordre chronologique et débuter ce cycle de quatre articles en commençant avec L’Été de la Peur dont le titre original est Stranger in the House (ou Summer of Fear) et dont le récit tourne autour du passionnant thème de l'étranger s'imposant dans un cercle familial où les relations entre les membres ne vont bientôt plus tourner très rond...

Échappant au personnage de Regan qui l'a rendue célèbre cinq ans auparavant dans le chef-d’œuvre de William Lustig L'Exorciste, l'actrice américaine Linda Blair incarne Rachel Bryant, jeune américaine tout à fait classique dont les rapports avec ses parents vont se dégrader à l'arrivée de sa cousine Julia Trent qui à la suite du décès de son père et de sa mère dans un accident de voiture vient s'installer chez son oncle Tom, sa tante Leslie et sa cousine Rachel. Dès son arrivée, les choses changent. Alors que sa cousine prend de plus en plus de place au sein de la famille Bryant, Rachel est témoin de faits particulièrement étranges : son cheval attaque subitement Julia, le petit ami de Rachel la quitte pour sa cousine, et ses parents prennent systématiquement fait et cause pour leur nièce. De plus, l'adolescente trouve dans les affaires de sa cousine une étrange amulette. Pire : lors d'une exhibition à cheval, celui de Rachel fait une chute et le vétérinaire présent sur place est contraint de l'euthanasier. Quant au professeur Jarvis auquel la jeune fille a confié ses doutes au sujet de Julia, il est victime d'une attaque foudroyante.

L’Été de la Peur a beau n'être qu'un téléfilm, Wes Craven réussi à mettre en scène une histoire réellement oppressante. Un ''Home Invasion'' diabolique et à l'ancienne plus cruel psychologiquement que physiquement. Le réalisateur ménage un suspens et une tension permanents d'autant plus qu'il prend à témoin le spectateur et le place en observateur d'une machination dont personne autour de l'héroïne incarnée par Linda Blair ne semble prendre conscience. Très rapidement, le récit évoque l'hypothèse d'un cas réel de sorcellerie à travers une anecdote concernant le village dont est originaire la cousine Julia, parfaitement interprétée par l'actrice Lee Purcell, et dont chaque habitant arbore une apparence bien spécifique. Impression qui croit lorsque Rachel découvre l'amulette de sa cousine. Pas d'effets gore ni d'effets-spéciaux grandiloquents. Wes Craven joue la carte de la psychologie avec suffisamment de talent pour faire de L’Été de la Peur un téléfilm d'épouvante authentiquement éprouvant. L'excellent score de John D'Andrea et de Michael Lloyd participe d'ailleurs de cette tension permanente et quasi-palpable. Un téléfilm à découvrir d'urgence pour les fans du cinéaste, tout en tenant compte du fait que du haut de son statut de téléfilm, L’Été de la Peur ne peut rivaliser avec un film tourné pour le grand écran en terme d'esthétique. Ce qui de ce point de vue ne l'empêche pas d'être tout à fait satisfaisant...
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