Article à caractère
hautement subjectif...
Si d'emblée le synopsis
de The Hunt
évoquera aux nostalgiques de la Radio-Keith-Orpheum
Pictures
(plus connue sous le sigle RKO)
Les Chasses du Comte Zaroff
réalisé par Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel en 1932, ça
n'est pas le fruit du hasard. Car en effet, l’œuvre des deux
hommes et celle de Craig Zobel sortie en France le 3 avril dernier en
VOD
ont en commun la nouvelle The
Most Dangerous Game
écrite en 1925 par le scénariste et écrivain américain Richard
Connel. À l'écran, cependant, beaucoup d'événements décrits dans
le long-métrage sorti cette année diffèrent par rapport à l’œuvre
originale. Presque un siècle plus tard, le récit a forcément
évolué vers plus de contemporanéité. Afin d'évaluer la tournure
qu'a pris l'adaptation de Craig Zobel par rapport à la nouvelle de
Richard Connel, on la rapprochera de certaines œuvres
cinématographiques plus récentes que la première adaptation, du
genre Battle Royale
de Kinji Fukasaku, Wilderness
de Michael J. Bassett ou encore Wrong Turn 2
de Joe Lynch. Tout en étant conscient que le récit de The
Hunt
prend une direction qui leur est cependant différente... Autre
lieu, autre temps, mais désir commun d'exploiter une version sous
acide et ''aérée'' des Dix Petits Nègres
d'Agatha
Christie.
Selon une légende urbaine, des patrons d'entreprises auraient pris
pour habitude de se réunir dans un manoir pour s'adonner à la
chasse. Craig Zobel ne se contentant pas d'évoquer ce fait-divers
relégué par les réseaux sociaux, il jette en pâture à d'ignobles
individus, une dizaine de citoyens américains (onze pour être tout
précis) qui vont tous très rapidement tomber comme des mouches. À
ce moment du récit, le spectateur appréciera sans aucun doute
possible l'aisance et le cynisme avec lesquels le réalisateur
s'amuse à massacrer ses pauvres concitoyens. Et parmi eux, ceux qui
l'on n'aura pas eu le temps de supposer être les héros du
long-métrage tant Craig Zobel aura pris soin de les éradiquer un à
un sans laisser au spectateur ni le temps d'apprendre à les
connaître, ni celui de les apprécier. En l'espace d'une petite
demi-heure, voilà que tous ou presque sont tombés au champ
d'honneur sans avoir eu le temps de comprendre ce qui leur est
arrivé. FIN ? Non, car parmi eux se trouve celle qui relance
l'intrigue en donnant du fil à retordre aux bourreaux, incarnée par
l'actrice Betty Gilpin. Une dure à cuir rompue aux combats qui va
faire de The Hunt un spectacle absolument jouissif...
Une Lara Croft ''autiste'' éduquée par sa mère durant toute son
enfance à travers les fables d'un Jean de La Fontaine psychotique !
Au delà de la montagne de cadavres qui s'accumulent de part et
d'autre des camps opposant ces grands chefs d'entreprise à ces
petites gens décrits comme des parasites, l’œuvre de Craig Zobel
est un défouloir pas aussi innocent qu'il en a l'air puisqu'il se
fait le chantre d'une critique sociale acerbe sous la forme d'un jeu
de massacre d'une affolante générosité. En même temps, la
déconnade est telle que le truc en question n'est peut-être qu'un
prétexte. Mais on s'en tape. Craig Zobel nous pond une héroïne
''schizophrène'' qui d'un côté joue les justicières tout en
conservant de l'autre, tout l'apparat de l'anti-héroïne. Dingue
comme The Hunt fout la trique comme un Harry Callahan
collant une balle à ce taré de Scorpion (Dirty Harry,
1971). Ici, les testostérones ont laissé la place aux courbes
élégantes de Betty et de Hilary Swank dont la confrontation finale
est amenée à devenir légendaire. Le bébé de l'américain est né
sur les écrans américains il n'y pas encore deux mois que le film
est déjà culte ! On applaudit la mise en scène et
l'interprétation et l'on attend fiévreusement et impatiemment le
prochain film de Craig Zobel...
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