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jeudi 30 avril 2020

Corporate Animals de Patrick Brice (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Mince, la page blanche... Par où commencer ? Dire que Corporate Animals est le quatrième et actuellement dernier long-métrage du réalisateur Patrick Brice ? Qu'il hésite entre comédie, critique acerbe et horreur? Qu'il mélange Les Survivants de l'américain Frank Marshall et The Descent du britannique Neil Marshall (aucun rapport entre les deux hommes)? Que le scénario est signé de Sam Bain, que Demi Moore y interprète Lucy Vanderton, la PDG d'une entreprise fournissant des couverts comestibles, qu'elle y est égocentrique et y impose une véritable dictature ? Qu'elle a décidé d'organiser un week-end avec ses plus proches collaborateurs ? Qu'ils vont tous se retrouver piégés dans les profondeurs d'une grotte du Nouveau-Mexique ? Ouais, je pourrais commencer par là. Ou bien aller directement dans le vif du sujet et évoquer ce qu'il y a de bon à tirer de ce long-métrage relativement délirant des quelques défauts qui lui fermeront à tout jamais les portes de la gloire...

Il n'est cependant pas impossible que Corporate Animals devienne un jour l’œuvre emblématique de toute une génération d'employés contraints de réorganiser leur week-end. À cause d'un(e) patron(ne) croyant épatante l'idée de les convier tous à quelques jours de ''stage'' devant leur permettre de souder le groupe et de maintenir un certain esprit d'équipe. L'oeuvre de Patrick Brice deviendrait alors par la force des choses ce défouloir qui permettrait à ces femmes et ces hommes de soulager leur conscience d'employés modèles façonnés selon le bon vouloir de leurs supérieurs. Demi et la bande d'interprètes qui l'entourent s'abîment dans un récit famélique qui ne tient que sur des fondations déjà testées à de nombreuses occasions. Le réalisateur libère ses employés des locaux où en général ils se massacrent jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un pour les convier dans un bien curieux décor: celui d'une grotte dont la seule issue valable est encombrée par d'énormes rochers. Le guide Brandon n'ayant pas fait de vieux os puisqu'il s'est pris sur le dos plusieurs tonnes de cailloux, se pose la question de la survie dans un milieu où manquent l'eau et la nourriture...

L'occasion pour chacun de régler ses comptes avec ses collaborateurs. La politesse des débuts laisse la place à l'aigreur et le moment de vérité s'avère acide. Entre l'employé ''abusé'' sexuellement par sa supérieure et le bras droit ambitieux, la différence d'échelons n'a plus court dans cette arène où est venu le temps du jugement. De la comédie pépère abordée bien avant cela dans des dizaines, voire des centaines d'autres longs-métrages du même acabit, Corporate Animals tire l'une de ses rares forces de la folie qui peu à peu s'installe entre les différents personnages interprétés au hasard par, Jessica Williams, Karan Soni, Calum Worthy ou Dan Bakkedahl. Entre Freddie qui voue une véritable fascination pour la patronne Lucy, Aidan dont la jambe est peu à peu gagnée par la gangrène, ou le modérateur Derek, les conflits s'opposent les uns aux autres comme un château de carte branlant qui ne doit son maintien qu'au peu de cohésion que le groupe peine pourtant à conserver. Puis vient le moment crucial où manger devient une nécessité...

Corporate Animals n'est certes pas la comédie de l'année. On se demande même à certains moments ce qu'est venue faire l'actrice Demi Moore dans cette galère, elle dont la carrière a perdu de sa superbe. Et puis, peu à peu, tout s'enchaîne et sans crier gare, le long-métrage de Patrick Brice déroule son intrigue de fête foraine virant au grand-guignol sans que le spectateur n'en ait grand chose à attendre. Quelques très bonnes idées viennent gripper la routine, comme la séquence psychédélique entre prises de vue réelles et animation ou le délire du personnage interprété par Dan Bakkedahl. Pour la trouille, on repassera. Ça n'est d'ailleurs certainement pas le but recherché par le réalisateur. Quant à la critique, elle est facile et usée jusqu'à la corde. Mais finalement l'essentiel est là: on ne s'ennuie pas...

1 commentaire:

  1. Je n'allais pas le voir mais finalement tu as attisé ma curiosité. Dois je te remercier, ça on en reparle après. Hé, hé!

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