Mince, la page blanche...
Par où commencer ? Dire que Corporate Animals
est le quatrième et actuellement dernier long-métrage du
réalisateur Patrick
Brice ? Qu'il hésite entre comédie, critique acerbe et horreur?
Qu'il mélange Les
Survivants
de l'américain Frank Marshall et The
Descent
du britannique Neil Marshall (aucun rapport entre les deux hommes)?
Que le scénario est signé de Sam Bain, que Demi Moore y interprète
Lucy Vanderton, la PDG d'une entreprise fournissant des couverts
comestibles, qu'elle y est égocentrique et y impose une véritable
dictature ? Qu'elle a décidé d'organiser un week-end avec ses plus
proches collaborateurs ? Qu'ils vont tous se retrouver piégés dans
les profondeurs d'une grotte du Nouveau-Mexique ? Ouais, je pourrais
commencer par là. Ou bien aller directement dans le vif du sujet et
évoquer ce qu'il y a de bon à tirer de ce long-métrage
relativement délirant des quelques défauts qui lui fermeront à
tout jamais les portes de la gloire...
Il
n'est cependant pas impossible que Corporate
Animals devienne
un jour l’œuvre emblématique de toute une génération d'employés
contraints de réorganiser leur week-end. À cause d'un(e) patron(ne)
croyant épatante l'idée de les convier tous à quelques jours de
''stage'' devant leur permettre de souder le groupe et de maintenir
un certain esprit d'équipe. L'oeuvre de Patrick Brice deviendrait
alors par la force des choses ce défouloir qui permettrait à ces
femmes et ces hommes de soulager leur conscience d'employés modèles
façonnés selon le bon vouloir de leurs supérieurs. Demi et la
bande d'interprètes qui l'entourent s'abîment dans un récit
famélique qui ne tient que sur des fondations déjà testées à de
nombreuses occasions. Le réalisateur libère ses employés des
locaux où en général ils se massacrent jusqu'à ce qu'il n'en
reste plus qu'un pour les convier dans un bien curieux décor: celui
d'une grotte dont la seule issue valable est encombrée par d'énormes
rochers. Le guide Brandon n'ayant pas fait de vieux os puisqu'il
s'est pris sur le dos plusieurs tonnes de cailloux, se pose la
question de la survie dans un milieu où manquent l'eau et la
nourriture...
L'occasion
pour chacun de régler ses comptes avec ses collaborateurs. La
politesse des débuts laisse la place à l'aigreur et le moment de
vérité s'avère acide. Entre l'employé ''abusé'' sexuellement par
sa supérieure et le bras droit ambitieux, la différence d'échelons
n'a plus court dans cette arène où est venu le temps du jugement.
De la comédie pépère abordée bien avant cela dans des dizaines,
voire des centaines d'autres longs-métrages du même acabit,
Corporate Animals tire
l'une de ses rares forces de la folie qui peu à peu s'installe entre
les différents personnages interprétés au hasard par, Jessica
Williams, Karan Soni, Calum Worthy ou Dan Bakkedahl. Entre Freddie
qui voue une véritable fascination pour la patronne Lucy, Aidan dont
la jambe est peu à peu gagnée par la gangrène, ou le modérateur
Derek, les conflits s'opposent les uns aux autres comme un château
de carte branlant qui ne doit son maintien qu'au peu de cohésion que
le groupe peine pourtant à conserver. Puis vient le moment crucial
où manger devient une nécessité...
Corporate
Animals n'est
certes pas la comédie de l'année. On se demande même à certains
moments ce qu'est venue faire l'actrice Demi Moore dans cette galère,
elle dont la carrière a perdu de sa superbe. Et puis, peu à peu,
tout s'enchaîne et sans crier gare, le long-métrage de Patrick
Brice déroule son intrigue de fête foraine virant au grand-guignol
sans que le spectateur n'en ait grand chose à attendre. Quelques
très bonnes idées viennent gripper la routine, comme la séquence
psychédélique entre prises de vue réelles et animation ou le
délire du personnage interprété par Dan Bakkedahl. Pour la
trouille, on repassera. Ça n'est d'ailleurs certainement pas le but
recherché par le réalisateur. Quant à la critique, elle est facile
et usée jusqu'à la corde. Mais finalement l'essentiel est là: on
ne s'ennuie pas...
Je n'allais pas le voir mais finalement tu as attisé ma curiosité. Dois je te remercier, ça on en reparle après. Hé, hé!
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