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vendredi 1 mai 2020

Phénix de Nicolas Moneuse (2020) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Après avoir vécu toute son enfance à la campagne, Paul débarque à Paris. Il passe ainsi de la solitude à un univers qui lui est totalement étranger... Premier long-métrage du producteur, scénariste et réalisateur Nicolas Moneuse, Phénix est la preuve que l'on peut avoir de l'ambition sans pour autant avoir de talent. Et pourtant, on aimerait pouvoir louer le travail d'un cinéaste dont il s'agit du premier film alors même que lui dire d'abandonner le métier pour se consacrer à autre chose serait lui rendre service. Et c'est sans ironie aucune, ni cynisme que vouloir comparer son œuvre à un film de fin d'études. Déjà que Phénix n'a pas grand chose à nous raconter d'autre que les préoccupations d'un adolescent monté dans la capitale française, l'absence totale d'artifice empêche son auteur de combler l'immense vide artistique d'un long-métrage revendiquant certainement son appartenance au genre ''indépendant'' mais arborant un style visuel plus proche des productions AB.

Tout est désespérément anodin dans Phénix. À part peut-être la bande originale de Vincent Bousquet qui avant cela avait signé celle de Armor de Sacha Bodiroga et qui dans le cas présent apporte une touche de surréalisme bienvenue. Le compositeur semble souligner le décalage entre le héros incarné par Florent Hill et l'univers qui s'ouvre à lui. On s'attendrait presque à voir surgir des petits hommes verts et leur soucoupe volante si les dialogues, d'une extraordinaire platitude, ne nous rappelaient pas constamment que le long-métrage de Nicolas Moneuse n'a d'autre ambition que de suivre les péripéties sans surprises de Paul. Ce qui pèse sans doute encore davantage sur le récit demeure l'interprétation des acteurs qui, dans un seul élan, sont tous aussi mauvais les uns que les autres. Incapables de terminer une phrase sans reprendre leur souffle, à moins qu'ils aient oublié en cours de route leur texte, Florent Hill, Mélanie Peyre, Louis Sers et les autres semblent confirmer que l'on est bien devant un film tourné par des étudiants en cinéma n'ayant apparemment pas retenu grand chose de leur enseignement.

Les acteurs demeurent inexpressifs au possible sauf lorsqu'ils semblent incapables de se retenir de sourire devant la caméra. La séquence se déroulant à l’hôpital au chevet d'Alexandre, l'ami de Paul, est significative de l'embarras dans lequel Phénix plonge le spectateur. Ce dernier est en effet dans l'incapacité de s'émouvoir lorsque l’encéphalogramme du malade devient plat. Et que dire de cette vision puérile de la violence urbaine que Nicolas Moneuse filme avec une déconcertante timidité lorsque survient l'agression de son héros par des jeunes de cité ? Une séquence tout juste digne de celles auxquelles purent notamment assister à l'époque de sa diffusion, les fans de la sitcom Les Vacances de l'Amour. C'est dire si la scène paraîtra superficielle pour tout ou partie des spectateurs. Inintéressant au possible, d'un insondable ennui, mal joué, mal écrit (mon dieu ces dialogues), voir Phénix n'a aucun intérêt et démontre que si chez certains réalisateurs le métier est un don inné, il montre également chez d'autres leur incapacité à mettre en œuvre un projet d'une telle envergure les condamne à l'anonymat. Malheureusement pour lui, Nicolas Moneuse fait partie de cette seconde catégorie...

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