Inspiré d'une nouvelle
écrite par Stephen King en 2002 succédant à une première parution
deux ans auparavant au format audio, Chambre
1408
aborde le thème de la maison hantée, sujet peu courant chez le plus
célèbre des écrivains de romans et de nouvelles d'épouvante. Mais
plus que le banal produit des investigations d'un écrivain
(personnage cher à Stephen King qui en fait régulièrement le héros
d'un certain nombre d'ouvrages), le long-métrage est surtout
pour Mike Enslin qu'incarne à merveille l'acteur américain John
Cusack, l'occasion d'être confronté une bonne fois pour toute à
son passé, et notamment au drame le liant à son épouse Lily et
leur fille Katie. Le cadre plutôt restreint servant à l'intrigue
''condamne'' l'acteur principal et presque unique du film à déployer
tout son talent. Et dans le domaine, on ne peut pas dire que John
Cusack ait fait preuve de laxisme. En effet, l'acteur déjà entrevu
dans une lointaine adaptation de Stephen King vingt et un ans
auparavant (Stand
bye Me
de Rob Reiner dans lequel il incarnait le grand frère de l'un des
jeunes héros) s'en donne à cœur joie. Entre cabotinage, cynisme,
démence et peur réelle, son personnage passera par toutes les
étapes. Autant de paliers qui, espérons-le, lui permettront enfin de
mettre un nom définitif sur le mal qui l'étreint depuis des
années...
À
moins qu'il ne s'agisse du Mal avec une majuscule. Comme celui
qu'évoque le rôle le plus important tenu après celui de John
Cusack par le toujours excellent Samuel L. Jackson qui n'aura besoin
que de quelques minutes lors du premier acte pour nous convaincre de
l'utilité de l'affrontement entre l'écrivain/chasseur de fantômes
et le directeur de l'hôtel Dolphin, Gerald Olin. Une séquence
follement réjouissante opposant le sceptique et le convaincu lors
d'un échange d’opinions mémorable. Puis arrive le moment tant
attendu et tant redouté (comment tenir une intrigue en haleine
lorsque celle-ci se contente d'être narrée entre les quatre murs
d'une chambre d'hôtel?). Première étape : la visite des
lieux. Le héros parcourt chaque pièce, de la chambre en passant par
les commodités, certains détails participant déjà à travers leur
étrange présence aux événements qui interviendront par la suite. Un tableau, un robinet, un rouleau de papier toilette, un
réveil... Bref, rien que de très anodin, mais qui sous la direction
du réalisateur et scénariste suédois Mikael Håfström (qui confie
ici l'adaptation de la nouvelle 1408
aux scénaristes Scott Alexander, Matt Greenberg et Larry
Karaszewski) prennent une envergure inattendue.
Car
ça n'est pas tant dans les scènes impliquant les effets visuels les
plus... ''grandiloquents'' que Chambre
1408
recèle son potentiel horrifique que dans ces petits détails
apparemment insignifiants. Petits mais qui lors de leur ''éveil''
par la présente manifestation d'une entité dont le spectateur sera
tout de même en droit de rétorquer qu'elle n'est que l'expression
physique d'un mal-être chez le héros, élèvent chacun d'entre eux
au rang de monument de l'épouvante. Au delà des quelques sursauts
engendrés par de très peu convaincants Jump
Scares (au bout de deux fracas sonores, l'effet ne fonctionne plus),
le film renferme quelques situations pour le moins angoissantes dont
l'une, peut-être consciemment (ou pas) inspirée par le chef-d’œuvre
de Roman Polanski
Le Locataire (Mike
Enslin confronté à son double maléfique situé dans l'immeuble
d'en face), reste l'une des plus efficaces. Si le cadre exigu et
l'idée générale paraissent bien faibles pour pouvoir prétendre
tenir le spectateur en haleine durant plus d'une heure quarante (dans
sa version courte puisque le film existe dans une version d'une
quinzaine de minutes supplémentaires à découvrir en priorité), en
réalité, on ne s'y ennuie que très rarement. Peut-être la fin
s'avère-t-elle un peu longue et surtout répétitive dans son
procédé. Force est de reconnaître que l'on tient là une
adaptation relativement fidèle de la nouvelle de Stephen King et
surtout, une excellente interprétation de la part de John Cusack. À
voir...
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