Grosse comédie de
potache, la première d'une lignée dont le troisième avatar devrait
logiquement sortir cette année, Les Tuche d'Olivier
Baroux porte en elle toute la légèreté de la savoureuse bande de
guignols, Les
Robins des Bois.
Et ça n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on retrouve en tête de
gondole Jean-Paul Rouve qui malgré une carrière sur grand écran
beaucoup plus honorable que celle de la plupart de ses acolytes du
passé (excepté pour Marina Foïs qui elle aussi a su se prendre en
main avec infiniment plus de rigueur que les autres membres de la
troupe) sait parfois se relâcher, comme dans le cas présent. Car
avec le personnage de Jeff Tuche, ce patriarche aux commandes d'une
famille originaire de la ville imaginaire de Bouzolles
(Salin-de-Giraud ayant en réalité servi de décor pour les besoins
du film) ressemble à s'y méprendre à l'animateur de l'émission
Radio Bière-Foot
à laquelle était également rattaché Maurice Barthélémy. Celui
qui incarna également sur scène un certain Monsieur Orange dont la
particularité était de se fondre dans le décor interprète ici le
rôle d'un père de famille au fort accent provenant de ce qu'il est
de coutume d'appeler désormais les Hauts
de France.
Apparemment pas très finaud mais très attaché à certaines valeurs
et surtout à sa famille constituée de son épouse Cathy (attachante
et touchante Isabelle Nanty), fan absolue de Stéphanie de Monaco
(elle rêve de la rencontrer), de Donald (Théo Fernandez, le surdoué
de la famille), de Stéphanie (Sarah Stern), caricature même de la
blonde pas très maline, idolâtrant au passage une certaine Paris
Hilton, de Wilfried (Pierre Lottin), fan de rap et de voitures
customisées et de Mamie Suze (Claire Nadeau), laquelle est
particulièrement portée sur l'alcool et notamment sur la Suze, la
chose ayant de lourdes conséquences sur son parler...
Tout
ce petit monde se retrouve millionnaire et descend alors à Monaco se
frotter aux habitants de cette petite principauté indépendante avec
tout ce que cela peut sous-entendre de problèmes d'intégration. Car
si ce quatrième long-métrage d'Olivier Baroux co-scénarisé en
compagnie de Philippe Mechelen n'a l'air que de n'enclencher qu'une
succession de vannes pas toujours très subtiles, il faudra malgré
tout (et surtout au delà de l'avis pratiquement général des
critiques) penser le film comme une certaine critique sociale, si
petite soit celle-ci. Laquelle démontre fort heureusement dans le
cas présent que même les coutumes et les comportements les plus
''archaïques'' peuvent donner naissance à une véritable relation
entre individus de milieux sociaux radicalement différents. Et c'est
même cette différence qui va tout d'abord nourrir ici l'amitié
entre les Tuche et leurs voisins constitués essentiellement de Mouna
(Fadila Belkebla), Salma (Karina Testa) et Jean-Wa (Sami Outalbali),
d'abord réticents à rencontrer leurs nouveaux voisins avant de
devenir de réels amis et confidents...
Les
vannes fusent à peu près toutes les cinq ou six secondes, Jean-Paul
Rouve/Jeff Tuche détenant sans doute le record parmi tous les
interprètes. Pour ne pas trop alourdir son sujet par des blagues
déjà très nombreuses, Olivier Baroux convie Isabelle Nanty/Cathy
Tuche à apaiser le rythme telle une soupape de sécurité. Dans des
décors signés Perine Barre et des costumes conçus par Sandra
Gutierrez parfois absolument délirants, Les
Tuche
apparaît parfois comme une bande-dessinée live, joyeuse et surtout
très colorée. Surtout, le film joue sur le contraste entre les
habitudes un peu ''ringardes'' de cette famille originaire ''din
Ch'Nord''
et le comportement éminemment précieux de la bourgeoisie sise à
Monaco. Outre les interprètes déjà cités l'on retrouve également
Guy Lecluse que
l'on a l'habitude de retrouver chez cet autre acteur/humoriste qu'est
Dany Boon, Jérôme Commandeur dans le rôle savoureux de Hermann du
Country Club
ou encore la regrettée Valérie Benguigui en snob de ce même
Country Club.
Olivier Baroux qui ici offre également une toute petite apparition à
son fidèle compagnon de toujours Kad Merad (dans le rôle d'un
poissonnier) apparaît lui-même à l'écran dans la peau du voisin
irascible, Monnier. On pourrait citer encore Pierre Menès, Alain
Doutey, Pierre Bellemare, Pascal Vincent (des Robins
des Bois)
et bien d'autres. Des guest en nombre pour une comédie certes, ultra
légère mais qui rencontrera un grand succès en salle avec plus
d'un million et demi d'entrée en onze semaines d'exploitation.
Depuis, on connaît la suite : deux séquelles en 2016 et 2018
et un quatrième volet qui ne devrait logiquement pas tarder à voir
le jour...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire