Si étymologiquement, le
chat à neuf queues est un fouet servant d'instrument de torture,
chez le réalisateur italien Dario Argento, il prend l'allure d'une
théorie selon laquelle lorsque l'on attrape l'une de ses queues (ou
l'une des lanière du dit fouet, donc), lesquelles représentent
chacune l'un des divers éléments indissociables d'une enquête, la
résolution de cette dernière s'avère alors envisageable. Inutile
d'y voir donc la représentation d'un mythe ou d'une légende visible
sous la forme d'une œuvre picturale ou de tout objet représenté à
l'écran. À dire vrai, Le Chat à neuf queues
du titre du long-métrage de Dario Argento semble surtout constituer
un prétexte à donner du sens à ce qui deviendra le second volet de
sa trilogie animalière après L'Oiseau au
plumage de cristal
et juste avant Quatre mouches de velours gris.
Après un premier jet qui relevait de l'exploit puisque le
réalisateur italien signait d'entrée de jeu une véritable pépite
en matière de giallo.
Pour cette seconde incartade dans le genre, plutôt que de mettre les
bouchées doubles en la matière, Dario Argento aborde son second
long-métrage sous l'angle du thriller mélangeant des meurtres
légèrement plus graphiques que dans son premier film (le Docteur
Calabresi passant sous un train) au thème de l'espionnage
industriel...
Un
gloubiboulga pas toujours évident à suivre, cependant. Et qui d'une
manière générale s'avère beaucoup moins passionnant que son
prédécesseur. Ce qui n'empêche pourtant pas Le
Chat à neuf queues
d'être ponctué de quelques bonnes idées comme ce parallèle entre
le personnage de Franco Arno incarné par l'acteur américain Karl
Malden, qui au sortir du film de guerre Patton
de Franklin J. Schaffner se dirige donc vers le cinéma transalpin de
Dario Argento pour y interpréter le rôle de Franco Arno, un
verbicruciste et concepteur de rébus atteint de cécité depuis un
grave accident. Il paraissait donc logique qu'au vue de ses
''pratiques'' actuelles, cet ancien journaliste enquête sur une
étrange affaire criminelle en forme de puzzle. Une série de
meurtres qui semble ne devoir jamais cesser puisque très rapidement
démarre un bodycount
qui pourtant stoppera brusquement jusqu'à ce que nous soit révélée
l'identité du tueur. Un tueur filmé comme de coutume en vue
subjective par un Dario Argento qui une fois encore, se saisit
lui-même des différentes armes à l'écran. Des meurtres plus
originaux que dans Le Chat à neuf queues
où couteaux et rasoirs servaient d'objets contondants par
excellence. Aux côtés de Karl Malden, un autre américain en la
personne de James Franciscus, notamment connu pour avoir interprété
le rôle du lieutenant John C. Brent dans Le
secret de la planète des singes de
Ted Post un an auparavant. Il incarne cette fois-ci le journaliste
italien Carlo Giordani, lequel enquête auprès de Franco Arno sur
les divers événements relatifs à l'affaire qui intéresse de très
près ce dernier. Comme pour le précédent long-métrage de Dario
Argento, ça n'est donc une fois de plus pas la police qui est mise
en avant mais dans le cas de l'aveugle, le principal témoin
auditif...
Comme
cela semble coutumier d'un certain cinéma transalpin, Dario Argento
fait parfois fi d'une quelconque crédibilité, le tueur semblant
systématiquement se téléporter sur les lieux de ses futures
victimes toujours à point nommé. C'est à dire, juste avant que nos
deux enquêteurs ne parviennent à tirer les vers du nez de ces
témoins malheureux. Si cela est entraîné par une certaine logique,
la redondance de ce type d'événements est sans doute le signe d'un
manque d'inspiration dans le renouvellement, l'originalité des
meurtres veillant à réparer cette source d'inspiration qui manque
parfois au long-métrage. De même que le dénouement de L'Oiseau
au plumage de cristal
et la découverte de l'identité du tueur revêtait une logique
indiscutable, la révélation de l'assassin de celui de Le
Chat à neuf queues
ne fait l'objet d'aucune surprise et se révèle même décevante.
Dario Argento aurait tout aussi bien pu remplacer le nom de son tueur
par un autre que l'effet escompté serait demeuré aussi plat.
Toujours aux commandes de la partition musicale, l'immense Ennio
Morricone signe un score parfois étonnant, l'ouverture étant digne
des compositions qu'il consacra au genre western-spaghetti. Malgré
la déception finale, Le Chat à neuf queues
n'en est pas pour autant un mauvais film et démontre tout le génie
d'un cinéaste capable de nous emmener vers des pistes, chacune aux
ramifications multiples. Le sadisme dont Dario Argento est capable de
faire preuve s'exprime véritablement pour la première fois à
travers ce second long-métrage. Notons que l'étonnant casting
constitué d'une part par des interprètes américains lui fut imposé
par la production...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire