Premier long-métrage en
tant que réalisatrice pour Dorota Swies et troisième pour John C.
Lyons, Unearth
est une assez bonne surprise qui peut s'envisager comme une œuvre à
double facette. Tout d'abord construit comme un drame social, les
deux réalisateurs mettent un point d'honneur à décrire les
difficultés financières que rencontrent deux familles vivant en
milieu rural. D'un côté, les Dolan, que Kathryn dirige d'une main
de fer. De l'autre, les Lomack que George tente de maintenir à flot.
Possédant des terres agricoles sur lesquelles il n'a jamais su ni
même voulu cultiver la moindre céréale, les finances de George
sont à l'agonie. C'est pourquoi il accepte la proposition qui lui
est faite de vendre une parcelle de son terrain à une société
spécialisée dans l'industrie du gaz. C'est ainsi que se termine la
première partie de Unearth.
Une approche dramatique qui aura tout de même bouffé les deux tiers
du film pour ensuite laisser la place à l'horreur la plus viscérale
qui soit. Car bien entendu, les scénaristes Kelsey Goldberg et John
C. Lyons ne vont pas seulement se contenter de pourrir la vie de
leurs protagonistes en évoquant simplement des soucis d'argent mais
ils vont également introduire un aspect horrifique à travers
l'exploitation des sols d'où va surgir un mal dont les origines
demeureront inconnues mais dont l'existence dans l'imaginaire des
scénaristes provient à l'origine des guerres commerciales et de
l'impact de la COVID-19 sur un plan économique dont les première
victimes sont bien entendu les agriculteurs...
Le
long-métrage se soustrait de son approche purement dramatique pour
plonger Kathryn Dolan, George Lomack et leurs familles respectives
dans une approche tout à fait différente. Si Unearth
ne transpirait pas la joie et la bonne humeur, la suite va nous
démontrer qu'on peut aller encore plus loin dans la noirceur, là où
on pensait avoir déjà atteint le fond. Le drame se mue alors en
film d'horreur qui atteint graphiquement son point culminant lors de
séquences dignes de la Body
Horror
du Cabin
Fever
d'Eli Roth (2002). Épuisés, les membres des deux familles accusent
de surcroît le contrecoup d'un phénomène s'échappant de
l'extraction de gaz naturel. Toux, vomissement, il va parfois avoir
le cœur bien accroché, surtout pour les non-initiés et les
hypocondriaques. Pourtant moins outrancier que certains films
d'horreur basant presque exclusivement leur contenu sur
d'innombrables saillies gore, Unearth
est assez sanglant, bien que n'abordant le genre horrifique que tard
dans le récit. Dorota Swies et John C. Lyons tentent de rattraper
le retard qu'a pris leur long-métrage dans le domaine de l'horreur
et de l'épouvante mais le mal sans doute aura déjà fait des
ravages parmi les spectateurs les moins patients qui auront quitté
l'aventure au bout de quelques dizaines de minutes seulement. Il faut
comprendre que les quelques résumés que l'on peut chiner ça et là
sur la toile sont assez peu représentatives du contenu offert par
Unearth...
Rien
ne semble en effet plus éloigné du long-métrage que l'évocation
d'un pacte passé avec le Diable ou d'un phénomène lui-même,
diabolique. Mieux vaut prendre Unearth
pour
ce qu'il est : un drame prenant au deux tiers du métrage un
virage sec vers l'horreur avec cette toute petite vision du
fantastique que peuvent revêtir certains symptômes d'une étrange
maladie dont l'un des exemples les plus frappants demeure la mort de
Kathryn Dolan qu'interprète une Adrienne Barbeau (The
Fog
et New
York 1997
de John Carpenter) que l'on prendra beaucoup de plaisir à découvrir,
accompagnée à l'image par Marc Blucas, Allison McAtee, Brooke
Sorenson ou P. J. Marshall. Sombre et désespéré,
jusqu’au-boutiste, le scénario de Unearth
n'épargne
personne, pas même les plus jeunes, laissant les spectateurs sur
leur fin lors d'une conclusion ouverte, signe, peut-être, d'une
séquelle à venir...
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